En complément du premier article (https://web86.info/extreme-droite-dans-la-vienne-misere-misere-1/) consacré au FN/RN de la Vienne et de ses « pérégrinations », des éléments d’information sur l’existence de cette autre extrême-droite qui pourrait (presque) faire passer les ami.es de Le Pen pour des modérés. On retrouve dans cette « famille » politico-religieuse tout ce que le pays peut compter de nostalgiques du nazisme, du fascisme, de l’ordre moral, les « catho-tradi » et autres « nationaux-conservateurs »…

Dans la Vienne, les 30 dernières années ont vu sévir toute une série de mouvements dont l’activité (on ne s’en plaint pas) a été le plus souvent éphémère…

Liste non exhaustive :

– Dans les années 80 et 90 à Poitiers, quelques skinheads (non affiliés à un mouvement national) ont tenté de créer un groupe dont l’activité principale consistait en beuveries (notamment dans un bar situé place de la liberté et bien connu des étudiants d’extrême-droite de l’époque, fermé dans les années 2000) et à la célébration (!) de Jeanne d’Arc dont la statue, située dans le jardin derrière l’ancien palais de justice servait de lieu de rassemblement, avec drapeaux et gerbes de fleurs !

Cette mouvance n’a jamais vraiment essaimée localement, bien « contrôlée » par le mouvement antiraciste et antifasciste poitevin avec notamment « Ras L’Front » ou « Le Manifeste contre le FN ».

Dans les années 90, un congrès du Front National de la Jeunesse qui se déroulait à Jaunay Clan dans un château privé du centre-bourg donna lieu à des échanges musclés entre contre-manifestant.es et militants d’extrême-droite sortis en mode « expédition punitive » dans les rues du village. La présence de la presse locale permis de montrer la violence des militants du FNJ intégrant une mouvance mélangeant royalistes, « nationalistes-révolutionnaires », qui n’hésitèrent pas à frapper à coup de poings, de barre de fer et de marteaux !

En 2012, Génération Identitaire se fait remarquer avec le déploiement d’une banderole hostile à l’islam sur la mosquée en construction à Buxerolles. Un « coup médiatique » renouvelé en 2019 contre les migrants dans les Alpes et plus récemment dans les Pyrénées. Sans qu’ils n’aient eu d’ailleurs de relais locaux puisque l’opération a été montée depuis Lyon !

L’activité de groupes locaux plus ou moins organisés sur Poitiers s’est bornée dans les dernières années à des autocollants de diverses tendances : Génération Identitaire, Mouvement d’Action Sociale, royalistes de l’Action Française, Parti de la France (Le Gallou), Troisième voie (qui a disparu), Vague Nationale et récemment une banderole « Poitiers 732 » (vite enlevée) sur le pont au dessus de la pénétrante près de la place du marché. Une activité sporadique qui n’arrive pas à se structurer dans la durée.

Pas plus à Poitiers qu’à Châtellerault où on est proche du néant…

Pas non plus de confrontation physique comme on peut en trouver un peu partout en France, par manque de forces organisées pour cela… pourvu que ça dure.

Extrême-droite ? Droite extrême ?

Autre chose avec la mouvance « catho-tradi » poitevine d’obédience « Fraternité Saint Pie X » bien implantée et de longue date, qui pouvait compter dès les années 80 sur un lieu de culte, longtemps situé rue Saint Vincent de Paul, dans un ancien garage. Fortune aidant (!), ils ont acheté l’ancien couvent au 44 rue Jean Jaurès où ils sont installés depuis une dizaine d’années. De quoi prendre ses aises. On y prie et chante en latin. Dénonçant « les principes désastreux du Concile Vatican II », « la Fraternité Saint-Pie X travaille depuis 50 ans à travers le monde au relèvement de l’Église » (dixit leur site internet). Tout un programme…

Ils ont des liens directs avec l’école privée « hors contrat » Saint Thomas d’Acquin dans la commune de Romagne au sud de Poitiers.

Les « Lefebvristes » comme on les appelle souvent sont l’exemple parfait de la construction d’une « contre-société », catholique conservatrice, avec ses prêtres, ses religieuses, ses écoles, son mode de pensée totalement tournée vers un seul but « la restauration de la Tradition » . Pour cela, il faut (bien) former des esprits « sains », dans les écoles, dans des communautés qui fonctionnent « en circuit fermé ». Qui a parlé de secte ?

Pourquoi les ranger dans la catégorie « Droite extrême » ou « extrême-droite » ? Les références idéologiques de cette nébuleuse les y orientent complètement : trouver par exemple, une citation de Pierre Gaxotte sur leur site (https://laportelatine.org/) est tout sauf anodine : royaliste, secrétaire de Maurras, il fut directeur du journal antisémite « Je suis partout » , mais s’opposa à la Collaboration sur des positions nationalistes et germanophobes. Elu à l’Académie Française en 1953 et contre l’entrée des femmes dans l’institution, ne déclara-t-il pas : « Si on élisait une femme, on finirait par élire un nègre… » .

« Marchons enfants » et la « Manif pour tous » sont d’autres déclinaisons des courants opposés tant au mariage pour tous, à la PMA/GPA,… sous des prétextes de respect de la « vraie » famille qui ne peut être qu’un homme + une femme… La « com. » en plus ! Il faut aussi noter la proximité, voire la complicité entre ces mouvements conservateurs et des groupes d’extrême-droite qui participent régulièrement aux services d’ordre de leurs manifestations.

Lors de leur dernière initiative nationale des 30 et 31 janvier 2021, des autocollants et tracts ont fleuri dans le centre-ville de Poitiers, particulièrement autour de l’établissement secondaire « L’Union chrétienne » situé derrière la cathédrale. Réservé aux jeunes filles, c’est un autre lieu qui fleure bon la « tradition » : chacun à sa place. Rien n’était organisé à Poitiers : pour manifester, il fallait se déplacer à Tours ou à Cognac.

Autre trace d’activité locale, pendant l’été 2018, avec le mouvement Civitas (Pour une cité catholique : https://www.civitas-institut.com/) qui organisait son « Université d’été » à Bonneuil Matours dans les locaux de la « Maison Familiale » locale, louée pour l’occasion. Sur leur site, il est indiqué une section dans la Vienne mais on doit leur écrire pour prendre contact. On n’est jamais trop prudent. S’ils existent dans la Vienne, ils sont clandestins ! Plus sectaire, on ne trouvera pas : ce sont les ultras parmi les ultras. Ça fait même froid dans le dos.

Un mot enfin sur les « Editions de Chiré » (Diffusion de la Pensée Française) dont le siège est situé à Chiré en Montreuil, à l’ouest de Poitiers : leur catalogue suffit à les situer sur l’échiquier politique : bien calés à la droite extrême ! Une de leur meilleure vente, à commander en ligne ? « La farce du réchauffement climatique : une imposture au service du mondialisme » . Entre dénonciation du mondialisme, effondrement des valeurs traditionnelles et des repères moraux, on est servi ! (http://www.chire.fr/)

Cet article a vocation à évoluer, à être complété, la connaissance de ces mouvements, de leurs activités et évolution au niveau local étant importante pour l’ensemble des forces démocratiques et progressistes. Alors, avis aux lectrices et lecteurs de Web86…

Prochain article à venir : Et la Droite dans tout ça ?

Georges Rellow

Dom

5 réactions sur “Misère, misère,… l’extrême-droite dans la Vienne (2)

  1. Bonjour,
    Merci pour cette information qui nous permettra de donner des précisions dans le prochain article sur « l’état de la Droite » avec vos références à « La Nouvelle République » de décembre 2019. Nous sollicitons par ailleurs nos lectrices et lecteurs pour des informations complémentaires sur la situation actuelle. En dehors des locaux universitaires, la « Cocarde » ne s’est manifestée, en centre-ville, fin 2019 que par des autocollants, notamment autour du restaurant universitaire « Roche d’argent »…

  2. Bonjour et merci pour cet article,
    petit complément au sujet de l’abbé Laguérie, cofondateur de l’institut Bon-Pasteur, et dont les faits d’armes sont repris sur sa page Wikipédia (en vrac messe pour les obsèques de Paul Touvier, baptême d’un enfant de Dieudonné et tout récemment le mariage de Le Pen).
    Il me revient en mémoire qu’en 2011, celui-ci s’était installé à Migné-Auxances pour y célébrer des messes en latin et réunir ses « fidèles ».
    https://france3-regions.francetvinfo.fr/nouvelle-aquitaine/info/premiere-messe-en-latin-des-traditionalistes-91903.html
    https://www.lanouvellerepublique.fr/vienne/la-lutte-des-croix

  3. Merci pour votre complément d’information qui s’ajoutera à celles déjà données dans l’article ! Il est toujours intéressant de les partager et de rester vigilant. Concernant le mouvement « Civitas » par exemple, des élu.es et habitant.es de la ville d’Hennebont se sont mobilisé.es contre leur présence sur la commune, il y a quelques semaines…

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