Ci joint une vidéo de récolte de 300 hectares de seigle a Migné Auxances pour alimenter un méthaniseur.

Il y a du beau matos !

La FNSEA parle de « souveraineté alimentaire ». Cette vidéo de promotion de la méthanisation, cette énergie supposée renouvelable, nous montre toute l’absurdité du système agricole.

Ici on ensile ce que certains appelleraient des cultures intermédiaires sans doute semées en octobre 2019. La vidéo indique 300 hectares. Derrière seront semés pour tout ou partie, des hectares de maïs qui aura bien sûr besoin d’irrigation pour en garantir la levée.

La culture intermédiaire pousse en 7 mois et la culture principale en 5. La culture principale pousse en été donc avec irrigation puisque la Vienne n’est pas sous climat tropical

Rappelons que dans cette commune (Migné-Auxances indiqué) il y a un fort déficit hydrique estival au point qu’un projet de bassines est en cours.

Dans la Vienne 41 bassines en projets, contestées par Vienne-Nature, UFC Que Choisir 86 et la Confédération paysanne 86 (décisions au Tribunal administratif de Bordeaux pour un appel et Poitiers les 29 et 30 mai.

Rappelons également que l’usage de l’eau, d’après la loi, devrait privilégier l’eau potable. Il faudra s’en souvenir à la prochaine canicule et aux prochaines restrictions d’eau. Ou quand l’eau sera tellement polluée par l’agriculture intensive (nitrate, pesticides) qu’elle en devient quasi impropre à la consommation humaine.

L’ensileuse consomme environ 80 litres de GNR (Gazole Non Routier) à l’heure. Les tracteurs fument bien aussi.

Tout ça pour quoi ?

Des habitant.es de Migné Auxances se sont plaints du bruit et du passage des engins ou se sont scandalisées par l’accaparement des terres agricoles à des fins énergétiques. La mairie et la presse locale se sont fait l’écho d’un message de la société qui est porteuse du projet de l’unité de méthanisation, message qui s’excusait des désagréments ponctuels de l’intense activité. Fermer le ban !

Le jour d’après est mal barré

On nous a « vendu » la méthanisation comme un recyclage vertueux des déchets agricoles à des fins de production de méthane. Or il apparaît, comme c’était prévisible, qu’une partie de la production agricole est détournée d’une nécessaire vocation alimentaire vers une production énergétique. Voyez la logique : toujours plus d’utilisation de terres, d’énergie (gazole) et d’eau pour « fabriquer » des produits agricoles (ici du seigle) à destination de production d’énergie (méthane) afin de servir à la fabrication de produits divers pour pouvoir consommer plus de… (la question n’est pas posée). La boucle est bouclée. La terre est destinée d’abord et avant tout à produire… plus de « blé », d’argent sonnant et trébuchant

Au passage il serait intéressant de savoir le montant des aides publiques (européennes et régionales) reçues par ce type de culture à destination énergétique et non alimentaire.

PC

Rédaction

3 réactions sur “Vidéo édifiante de que ce la méthanisation veut dire à Migné Auxances

  1. C’est clair que c’est pas tout rose, mais c’est un début. Avec le temps et de l’intelligence collective, on devrait pouvoir améliorer tous ces défauts. Par exemple, pourquoi demain ces tracteurs ne pourraient-ils pas rouler avec leur propre GNV ? Est-ce un problème si on utilise des terres agricoles pour faire du biocarburant si dans le même temps on parvient à nourrir tout le monde ET préserver la biodiversité ? A mon avis, continuer de puiser du pétrole dans les sous-sols et l’injecter dans l’atmosphère reste un scénario nettement moins enviable. Ou alors, que ceux qui sont contre les biocarburants ne montent plus jamais dans une voiture ni dans un bus ! Les gens sont incohérents, ils veulent bien utiliser l’énergie, mais ne veulent pas de la génération ! Vive l’électricité, mais les éoliennes c’est moche et c’est bruyant. Les panneaux solaires ça utilise du silicium qui demande de retourner des tonnes de terre et d’exploiter des quantités phénoménales d’eau potable. Le nucléaire c’est hyper puissant et sans CO2, on n’en veut pas non plus, avec quelques bonnes raisons on est d’accord. Bon, mais on fait quoi alors ? On retourne à l’age de pierre ? Moi ça ne me dit rien de vivre éclairé à la bougie avec une peau de mouton sur le dos. Essayons d’être un peu constructifs, laissons un espoir et essayons d’améliorer l’existant jusqu’à ce qu’il soit vertueux plutôt que de s’opposer à tout et de tirer sur ceux qui essayent, surtout quand c’est nouveau. Et réduisons nos usages, la sobriété avant tout, sinon c’est mission impossible.

  2. Une fois de plus on oppose le progrès à l’âge de pierre (pourtant période de grand progrès).
    Le classique retour à la bougie contre quel projet ? Une vie toujours plus rapide, connectée, soi-disant confortable ? Le pourquoi d’une telle débauche à l’énergie est-il justifié ? Quel réel bien être cela nous apporte t-il ? Le logiciel reste le même et nous enfonce toujours plus dans l’effondrement écologique.
    Ne soyons pas naîf et soyons honnête, la méthanisation industrielle n’est qu’une affaire de gros sous !
    Faire passer les écolos pour des réactionnaires au progrès, c’est de la vulgarisation malhonnête et un bandeau qu’on se met pour ne pas voir ses propres incohérences.
    L’essor des low-tech ou la recherche sur les rétro-tech (et non pas des technologies « vertes ») n’est pas un retour à l’âge de pierre, mais un regard respectueux vers les progrès de l’humanité qui ont traversée les siècle sans dégrader la planète où le tissu social.
    Quand à l’utilisation des terres agricoles, la méthanisation tend à envahir encore plus cette ressource déjà accaparée par l’agriculture intensive qui tue en rendant stérile nos sols.
    Demain, quand l’exode rural sera (très) intense car les grandes villes seront devenues invivables, il faudra de la place pour accueillir ces gens qui en quête de retour à la terre voudront assuré leur souveraineté alimentaire…
    Et puis pourquoi de la méthanisation industrielle ? Pour faire rouler toujours plus de tracteurs, de voiture, produire et consommer toujours plus de smartphone ? Ou pour nous faire croire qu’ils veulent vraiment fermer des centrales nucléaires ?
    La sobriété, l’humilité, la conscience, toutes ces belles valeurs bafouées par le capitalisme et ses tentacule sont les solutions les + intelligentes et écologiques, ça coûte pas cher, ça dégage pas de CO2 et c’est accessible à tous (enfin en théorie).

  3. Bonjour.

    Regardons ensemble ce que vous attendez de l’agriculture et réfléchissons à ce en quoi ce projet y répond ou pas.
    Les cultures alimentaires actuellement produites dans le Poitou nécessitent de l’irrigation. L’eau est prélevée par pompage dans des forages, pas encore par des retenues collinaires. Le seigle implanté pour la méthanisation s’intercale entre 2 cultures et utilise l’eau des précipitations hivernales. Il offre un couvert au sol et fixe les éléments nutritifs. Où est le détournement ? Parce que 300 hectares n’ont pas pleinement contribué à la recharge des nappes… car sur le plan du Carbone et de l’Azote je pense que le seigle a fait le job, souhaité d’ailleurs par de nombreux acteurs de la protection de l’eau.
    Les surfaces cultivées dans le secteur contribuent largement à l’incorporation de biodiesel et de bioéthanol dans votre gazole B7 et Super95 E10 (les chiffres 7 et 10 sont les proportions des agrocarburants). Si demain, vous utilisez du biomethane pour rouler, il y aura à peu près cette même proportion du méthane issue des cultures énergétiques. Il n’y a donc aucune déviation du trajet annoncé. Et si vous roulez au BioGNC, la très grande majorité du biomethane sera bien issu de la valorisation de cultures intercalaires qui auront eu un effet favorable environnementalement et de déchets organiques.
    Dernier point: oui, il faut mettre des tracteurs et ensileuses en action. Oui, ces moteurs sont au GNR. Malgré tout, le bilan est favorable en methanisant ces ensilages. Cet usage des solutions existantes (en attendant la commercialisation des traceurs GNV) explique principalement le contenu CO2 de la méthanisation, 23 à 44 gCO2/kWh selon les méthodes, soit beaucoup moins que le gaz naturel fossile (234).
    Je ne sais quelles sont vos propositions pour le Jour d’après mais sachez que la France exporte autant qu’elle consomme (de blé par exemple) et donc supprimer les moyens de production agricole (alors qu’une gestion raisonnée du cycle de l’eau est possible) ruinera des exploitations familiales, creusera le déficit national, affamera nos clients (qui se tourneront vers d’autres producteurs moins raisonnés).
    Intéressé de poursuivre le débat mais en commençant par un consensus sur l’objectif avant de décrier ceux qui agissent.

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