Deux communiqués de presse de syndicats de l’Éducation et un article du site de l’École Émancipée 86 :

Celui de la FSU86 :

« Alors que le soignant-es rendent leurs médailles et que le prof bashing n’en finit pas de s’éterniser, l’académie de Poitiers – décidément très startup nation et indéniablement coupée du terrain – a décidé de valoriser le travail des professeur-es par des médailles virtuelles ! (https://www.youtube.com/watch?v=7oWVIovLoE4)

Nous pourrions légitimement en rire en imaginant les professeur-es collectionner les badges comme leurs élèves sur leurs applis mobiles. Mais ce serait faire affront à l’investissement massif des collègues avant, pendant et après le confinement, et ne pas entendre leur légitime colère qui gronde.

Ce serait oublier les autres personnels de l’éducation nationale (administratif, CPE, AED, AESH..) qui ont aussi investi leur temps et énergie pendant cette crise sanitaire.

Mais à l’éducation nationale il y a toujours deux poids deux mesures : en témoignent les chefs d’établissement qui ont vu leurs indemnités et leur prime augmenter (de 2000 € tous les 3 ans à 4000/6000 € tous les ans !). Pas de « badges virtuels » pour eux ?

Un point d’indice toujours gelé, un niveau de rémunération qui les classe dans le fond du tableau européen, une rentrée de septembre dans des classes surchargées faute de moyens : ce ne sont pas des médailles virtuelles, que veulent les personnels de l’éducation nationale, mais de la monnaie bien réelle. »

Celui de Sud Éducation et Recherche 86 :

« Médailles pour les soignant-es, badges pour les enseignant-es. On continue le mépris !

La rectrice de l’académie de Poitiers a annoncé ce 25 juin le déploiement surprise du dispositif “open badges” : en reconnaissance de l’investissement et du développement des compétences, eux réels, des enseignants durant la période de confinement, dans un contexte d’impréparation ministérielle, d’injonctions contradictoires, inapplicables et changeantes tous les 15 jours, de dysfonctionnements majeurs des outils numériques académiques obsolètes, les enseignants auront donc l’immense honneur et bonheur de se voir délivrer des badges virtuels dans leur espace numérique professionnel !

Quel mépris !! Ce nouveau gadget pourrait prêter à rire, vu le décalage avec nos besoins et notre vécu, mais il suscite surtout notre colère face à cette nouvelle marque de mépris et de diversion.

Au delà du caractère infantilisant de ce dispositif (bientôt le retour des bons points et des images ?!), la reconnaissance de la rectrice ne se traduit aucunement dans nos rémunérations, congelées ad vitam æternam, ou vis-à-vis des frais que les personnels ont engagé durant le confinement. Rappelons que les enseignants ont assuré la “continuité pédagogique” avec leur propre matériel (ordinateur, téléphone, outils numériques divers…) personnel.

A travers ces badges à décrocher, il s’agit surtout d’individualiser les parcours des enseignants, de continuer la politique du « chacun-e pour soi et tou-te-s contre tou-te-s », d’insuffler des logiques managériales manipulatrices au sein de l’éducation, de favoriser des conceptions éducatives et pédagogiques uniformisées et rétrogrades. Bref, accélérer la destruction du service public d’éducation au profit d’une école réactionnaire, loin de tout projet d’émancipation collective des générations de futurs citoyens.

Et, pendant ce temps-là, la rentrée 2020 se prépare, comme en 2019, par une nouvelle valse de réduction des moyens humains dans les établissements scolaires (diminution massive des dotations horaires, qui était notamment l’un des premiers objectifs réels de la réforme du baccalauréat) pendant que le nombre d’élèves continue de s’accroître….

Sud éducation et recherche 86 appelle à boycotter ces badges, dénonce la logique qui les sous-tend et revendique de vrais moyens humains, matériels, en terme de rémunérations, avec une formation continue digne de ce nom. »

L’artilce d’École Émancipée 86

« Ainsi, seraient-ce son cursus universitaire [de la Rectrice] , ses travaux de recherche sur la question : Le politique peut-il changer l’enseignement dans des systèmes éducatifs aussi institutionnalisés ?, sa carrière fulgurante jamais loin de Jean-Michel Blanquer, qui l’ont poussée à choisir de proposer aux personnels s’estimant méritants, une récompense digne de celle des Castors Juniors : un badge ?
Idée partagée par les rectorats de Montpellier et de Nice qui proposent aussi ces badges aux enseignant-es de leurs académies. » (lire la suite ici)

Rédaction

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