Un livre écrit par deux universitaires de Poitiers.
Que dit-on exactement au nom du réalisme ? De quoi réalisme est-il le nom ? À qui et à quoi sert-il ? Si le réalisme implique un ça va de soi, les auteurs de ce livre démontrent en revanche que le mot, tel qu’il est employé, ne va jamais de soi.
Autrefois élément de distinction entre pensée de droite et pensée de gauche, le réalisme apparaît aujourd’hui comme un mot-repère traduisant la dilution, recherchée par certains, des clivages traditionnels. Omniprésent depuis quelques décennies, y compris dans les discours dits de gauche, il est devenu une injonction qui témoigne notamment de la dérive du parti socialiste.
Car le Réalisme est d’abord un mot de pouvoir, au sens où il est une arme de déconsidération massive : le brandir, c’est abolir et anéantir aussitôt toute alternative, tout discours d’opposition ; l’invoquer, c’est renvoyer immédiatement l’autre à ses idéaux, à son utopisme. Le réalisme n’admet pas la réplique. Il est donc aussi une injonction à ne pas concevoir ni à revendiquer la possibilité d’autres mondes, d’autres voies. C’est une assignation à se soumettre, à dire oui au monde tel qu’il est. Ou, désormais, au monde tel qu’il va, dissimulant, sous l’invocation du changement et de l’adaptation nécessaire, la perpétuelle reproduction du statu quo.
Des années 1930-1940 à Manuel Valls, de Michel Rocard à Emmanuel Macron, cet ou-vrage se propose de mieux comprendre les usages qui fondent le pouvoir d’un mot d’ordre, un mot de et du pouvoir.
Au prix imbattable de 6 euros
Parution le 25 janvier 2018
Auteurs
Stéphane Bikialo, Professeur de linguistique et de stylistique contemporaines à l’Université de Poitiers. Auteur de Le Réel en vitrine. Les mots et les choses à l’ère du conditionnement (à paraître).
Julien Rault, Maître de conférences en linguistique et stylistique à l’Université de Poitiers.
Auteur de Poétique du point de suspension. Essai sur le signe du latent, Cécile Defaut, 2015.