Les communes touristiques sont confrontées depuis des années au développement du « meublé touristique » : on connait ces situations dans les grandes villes, Paris, Lyon, Strasbourg et plus près de nous La Rochelle, 6 000 logements sur un total de 52 000 soit 12 % du parc immobilier de la ville, (voir Libération du 4/12/2024). On en connait moins la réalité dans une ville comme Poitiers où année après année, les « boitiers à clé » se sont multipliés et pas seulement dans le centre-ville. La photo qui illustre cet article a été prise fin novembre 2021 à proximité de la gare. Depuis cette date, de nombreux autres boitiers sont apparus de plus en plus loin du centre historique pour gagner les faubourgs où des « touristes occasionnels » remplacent des « habitants permanents » .
En 2019, l’ancien adjoint au maire de Poitiers de l’époque, Bernard Cornu en charge de l’urbanisme parlait déjà de plusieurs centaines de logements transformés en r’bnb (ou équivalent) sur la ville. Combien y en a t-il aujourd’hui ? Est-on capable de quantifier l’évolution du phénomène ? On peut penser qu’il s’est amplifié mais beaucoup de municipalités sont bien en peine de pister les propriétaires qui ont transformé des logements « permanents » en logements « provisoires » .
D’après les données de l’INSEE, (https://www.insee.fr/fr/statistiques/7632072?geo=COM-86194) le parc total de logements pour la commune de Poitiers était en 2020 de 56 063 dont 1 675 occasionnels ou résidences secondaires, sans qu’une distinction ne soit établie entre les uns et les autres. On peut néanmoins noter qu’entre 2009 et 2020, cette catégorie est passée de 735 à 1675 : cela correspondrait-il à une « explosion » du nombre de résidences « secondaires » ? Autre constat intéressant : entre 2009 et 2014, le nombre de résidences principales a baissé (passant de 48 244 à 47 974) alors que le nombre de résidences occasionnelles ou secondaires passait de 735 à 1 680…
Sur les meublés touristiques, des règles existent mais les contournements sont fréquents et sans personnel assermenté et présent sur le terrain, il est difficile d’enrayer le phénomène. A Paris, sur 65 000 logements dédiés à la location temporaire, 25 000 seraient illégaux… (Libération du 4/12/2024) Répertorier les logements transformés en location saisonnière représente un travail de fourmi, de longue haleine.
Alors, quelle(s) mesure(s) prendre pour encadrer sévèrement ce type de location ? La seule mesure réellement efficace semble être celle décidée par la ville de New York : interdire les locations inférieures à 30 jours minimum et parallèlement contrôler sérieusement le changement de destination d’un logement.
Les mesures comme l’obligation d’avoir un numéro d’enregistrement délivré par la commune avant de pouvoir faire basculer un logement vers la location temporaire ne suffit pas. Ou la limitation à 120 jours de location par an quand il s’agit du logement principal du loueur.
Doit être aussi sérieusement révisée à la baisse la ristourne d’impôt consentie aux propriétaires de logements touristiques : cela est maintenant entrée dans la loi depuis le 7 novembre dernier qui autorise maintenant les maires à réduire voire à interdire le changement de statut des logements.
A Poitiers, nous ne sommes pas (encore ?) dans la situation de La Rochelle mais un contrôle renforcé du développement du « logement occasionnel » permettra de limiter les abus constatés dans beaucoup de ville « à attrait touristique » . La raréfaction du logement permanent conduit à l’augmentation des loyers et à l’éloignement vers la périphérie de celles et ceux qui cherchent à se loger dans la durée…
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D. Leblanc