Du quartier du Pont-Neuf à celui de Poitiers-Sud en passant par Poitiers-Ouest ou La Gibauderie, la ville ne cesse d’être « secouée » par les mobilisations locales de riverains sur des enjeux d’urbanisme. Un sujet crispant car depuis plusieurs années, la ville de Poitiers est une cible privilégiée pour les promoteurs qui se rabattent sur cette ville moyenne après avoir écumé Bordeaux, Toulouse, Nantes ou La Rochelle,… Des affaires à faire à coup de « Pinel » , de maisons achetées au prix fort (pour les raser trop souvent et les jardins avec) et au final pour construire des immeubles, encore des immeubles, toujours des immeubles.

Le Plan Local d’Urbanisme (PLU) de Poitiers réputé « permissif » permet par exemple de construire en limite de parcelle des immeubles de 3 ou 4 étages mettant en difficulté et en colère les riverains immédiat, sans information, mis devant le fait accompli. Un héritage direct des municipalités précédents l’actuelle équipe municipale.

Comment faire évoluer le futur PLUi (intercommunal) et le Plan d’Aménagement et de Développement Durable (PADD) dans le sens d’une implication véritable des habitant.e.s à ce qui se passe tout à côté de chez eux, la pratique par excellence d’une démocratie véritable ?

Cela ne peut passer que par l’information de la population, en l’intéressant réellement à des questions qui pour sembler difficile à saisir n’en demeurent pas moins essentielle dans la vie quotidienne : vivre en milieu urbain, dans des conditions d’habitation et de voisinage satisfaisantes. On peut « tenir tous les bouts » pour peu qu’on s’en donne les moyens. A question essentielle, moyens adaptés. Et là, il y a « du pain sur la planche » , tellement cette information est lacunaire, largement insuffisante. On ne peut se contenter du constat de « les gens ne sont pas intéressés, ils ne se déplacent pas » , la phrase-type que l’on entend le plus souvent…

Dernier exemple en date, le quartier de Poitiers-Ouest (voir le tract du Collectif d’habitants ci-dessous) assaillit par les annonces de constructions avec des riverains qui se mobilisent depuis plusieurs mois. 400 logements et plus dans un secteur d’un km2 : disparition de centaines de m2 de surface de jardins, d’arbres, de zones non-artificialisés mais qui le deviendraient par la volonté de promoteurs pour lesquels toute « surface libre » (traduire constructible) est bonne à construire.

Samedi 9 décembre, de 9 h à 12 h la plantation de 1 000 arbres est prévue rue Dieudonné Costes à Poitiers à proximité de l’avenue de Nantes : les fameuses forêts urbaines. Oui, bien sûr plantons des arbres mais protégeons aussi ceux qui existent déjà, qui ont bien poussés et qui ne demandent qu’à grandir encore.

Ironie de l’histoire, juste en face, entre la nouvelle caserne des pompiers du SDIS et la résidence Tournesol, est projetée la construction de 4 immeubles (110 logements) sur un ancien terrain de la Direction Départementale de l’Equipement (DDE86) que le département a vendu à un… promoteur. (un promotueur ?) Il y a là des arbres, de la végétation qui a poussé après le départ de la DDE : des arbres qui disparaitront pour la plus grande partie. Mais un projet qui est contesté par les riverains immédiat qui ont porté le dossier devant la justice administrative. L’information aux riverains a été dérisoire, ces derniers ayant découvert qu’un mur de 18 m (niveaux R3-R4) viendrait obstruer la vue des habitants de la résidence Tournesol située à côté. Et tant pis pour la lumière naturelle sans parler du panorama offert aux logements du rez-de-chaussée !

Et l’on apprend qu’à quelques centaines de mètres, rue Ric Avoine, un autre projet se profile sur un terrain largement arboré mais qui ne le restera pas longtemps au regard des constructions prévues. Ou encore, derrière l’Intermarché de la Demi-Lune, d’autres bâtiments encore (une bonne centaine d’appartements) qui pourraient sortir de terre…

Et le PLU, toujours le PLU qui bordé par une « Charte de bonne conduite » proposée aux promoteurs par la ville, mais non-contraignante quant à son contenu, reste le document de référence pour le développement urbain.

Bien des questions sont sur la table :

  • On construit pourquoi ? Pour qui ?
  • Avec quelle cohérence architecturale dans les quartiers concernés ?
  • Quel est le besoin réel de logements à Poitiers et son agglomération ?
  • Quid de la vacance de logement ? (Données INSEE 2020, rubrique Logement = 4 384 soit 7,8 % : https://www.insee.fr/fr/statistiques/2011101?geo=COM-86194#chiffre-cle-3 )
  • Quid de l’insalubrité ? Les logements insalubres sont-ils comptés comme vacants ? Combien y en a t-il à Poitiers ? Un travail est d’ailleurs mené depuis peu par la ville pour cerner l’ampleur du phénomène.
  • Densifier la ville : quel sens donne t-on à ce mot ?
  • Comment réellement protéger les zones non-construites pour ne pas amplifier les augmentations de températures déjà sensibles en milieu urbain ?
  • Comment bloquer l’artificialisation totale de surfaces non-construites et ainsi favoriser l’infiltration dans le sol ? Ça ne mériterait pas une règlementation spécifique dans l’écriture du futur PLUi ?

Toutes ces questions (et il en manque !) méritent d’être débattues, argumentées, proposées à la réflexion collective : la matière ? il y en a ! C’est la volonté de la travailler en profondeur, de la communiquer efficacement qui est absente.

Une association récente l’ADEPAH86 (adepah86@laposte.net) née en 2022 de la demande, du manque d’information et des questions récurrentes d’habitants de Poitiers (et même au delà) a commencé ce travail et entend bien le poursuivre et l’amplifier en 2024… Avec d’autres bien sûr, les compétences ne manquent pas : des urbanistes aux architectes, des associations de défense de l’environnement à celles de consommateurs, un travail collaboratif en lien avec les élu.e.s, le service d’urbanisme de Grand Poitiers et d’autres communautés de communes serait nécessaire.

Y’a plus qu’à…

D. L

Dom

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