« Chers amis de la Palestine,
Nous voilà de nouveau réunis, en ce 316ème jour du conflit, pour le soutien à la lutte du peuple palestinien, qui se voit vivre au jour le jour, une série d’épreuves épouvantables. Il y a la mort rapide et il y a la mort lente ; la colonisation de la Cisjordanie est souvent illustrée dans les médias par l’édification rapide de cités présentées comme radieuses, l’autre face de la colonisation, et le même mépris du colonisé, c’est l’implantation d’industries polluantes que nous rapporte Philippe Pernot du site Reporterre, extrait : « La ville palestinienne de Tulkarem est connue pour ses agrumes, pour son université et pour les affrontements qui ont lieu régulièrement entre de jeunes combattants palestiniens et l’armée israélienne. Pourtant, une autre guerre s’y déroule en silence : les habitants de Tulkarem meurent cinq fois plus du cancer que les autres Palestiniens. La faute à la zone industrielle israélienne nommée ironiquement Nitzanei Shalom (« germes de la paix »), installée sur des terres confisquées à la ville depuis les années 1980 — et connue des Palestiniens comme « Geshuri », du nom de l’entreprise d’herbicides qui s’est installée la première dans le parc industriel. Onze usines chimiques l’ont rejoint au fil des années. Elles se dressent, grises, entre des murs ceints de barbelés et des tours de surveillance. Une présence oppressante pour les 90 000 habitants de Tulkarem. » Le reste du reportage est glaçant, la visite du site Reporterre est édifiante.
Chaque semaine qui passe, Israël se plaît à reculer les limites de l’horreur et de l’abjection. C’est bien sûr le massacre du bombardement de la mosquée Et Tabi’in, le 10 août, pendant la prière du Fajr, la prière du petit matin, laissant les rescapés, des femmes et des enfants surtout, découvrir l’effroyable mélange des corps déchiquetés de 93 personnes dont seulement 73 ont pu être identifiées. Les forces sionistes, elles, se félicitant d’avoir éliminés 19 membres du Hamas.
Mardi 13 août ce sont au moins 18 Palestiniens qui ont été tués depuis les premières heures du matin, dans les attaques israéliennes qui se poursuivent dans la bande de Gaza… Que dire de l’assassinat ciblé des jumeaux nouveaux nés, Icle et Aser, et de leur mère Jumana Abu Al-Qumsan, tués ce même jour, dans un appartement résidentiel dans les tours Al-Qastal à Deir Al-Balah dans le centre de la bande de Gaza, alors que leur père, Mohammad Abu al-Qumsan, dramatiquement rescapé, était parti le matin faire établir des certificats de naissance pour ses enfants nés depuis 5 jours !
C’est sûrement cette obstination dans la tuerie de masse d’Israël qui fait osciller, bien tardivement, l’opinion mondiale, en particulier l’opinion américaine, parlons d’oscillation pas de renversement ! Une étude du groupe Chicago Council on Global Affairs, fondée sur un sondage du 6 août 2024, a établi que « la volonté américaine de défendre Israël, en particulier parmi les démocrates avait faibli. En outre, la faible majorité qui soutenait auparavant l’utilisation de troupes américaines pour défendre Israël en cas d’attaque par un pays voisin s’est maintenant dissipée à 41 % (55 % s’y opposent).(…)Le seul cas présenté aux Américains où une majorité (54 %) serait toujours favorable à l’utilisation de troupes américaines est celui d’une opération de maintien de la paix si Israël et les Palestiniens parvenaient à un accord de paix. » Fin de citation.
Cette liberté sans limite dans le massacre de masse et particulièrement dans l’organisation du génocide puise sa force dans le soutien jamais démenti des puissances occidentales qui cachent leur complicité dans des déclarations jamais suivies d’action. Il serait assez facile que le carnage s’arrête si elles cessaient d’alimenter la machine de guerre israélienne, si elles cessaient tout commerce avec Israël, toute coopération culturelle ou sportive avec Israël. En un mot si elles appliquaient à Israël les règles de droit inscrites dans le Droit international humanitaire et la Charte des Nations Unies.
Créé dans la violence, Israël ne renonce pas à son objectif de s’accaparer toute la terre de Palestine et d’en chasser ses habitants conformément au projet sioniste qui est sa raison d’être.
Il faut prendre le temps d’écouter Ilan Pappe, historien israélien hors classe, sur Youtube ou lire ses publications, ou ceux qu’on appelle les « nouveaux historiens » pour saisir la gravité et l’étendue d’une idéologie sioniste qui n’admet aucune critique, ou bien encore lire ou écouter nos amis de l’Union des Juifs de France pour la Paix, eux aussi accusés d’antisémitisme.
Dans les initiatives de lutte et de soutien du peuple palestinien signalons la pétition relayée par l’Association France Palestine Solidarité, lancée à l’initiative de Voices Against War, un projet établi par le Refuser Solidarity Network pour soutenir les résistants israéliens à la guerre de Gaza, déserteurs et objecteurs de conscience.
Pour finir je veux laisser la parole à un américain, Chris Hedges, ancien correspondant de guerre, journaliste et écrivain américain dont le message que l’on trouve sans peine sur Youtube est transcrit ici par Roland Richa, journaliste.
« Son message est clair. Il est direct, sans ambiguïté. Il est cru. Il est cruel, nous dit Roland Richa.
« Fuyez…
Fuyez pour sauver vos vies
Fuyez de Rafah comme vous avez fui de Gaza, de Jabaliya, de Deïr el-Balah, de Hanoun et de Khan Younès.
Fuyez ou nous vous tuerons avec nos GBU-39. Nous vous bombarderons avec notre artillerie. Nos tireurs d’élite vous abattront.
Fuyez, nous détruirons vos tentes. Nous démolirons vos maisons, vos villes et vos villages, vos écoles, vos hôpitaux, vos puits d’eau.
Fuyez, nous ferons pleuvoir la mort sur vos têtes.
Fuyez toujours pour sauver vos vies.
Fuyez encore et encore.
Fuyez et emportez toutes vos affaires, vos matelas, vos vêtements, vos couvertures, vos draps, votre vaisselle.
Fuyez quelque soit votre âge.
Fuyez, fuyez, fuyez.
Nous vous ferons tourner en rond poursuivis par la mort qui vous rattrapera où que vous alliez.
Fuyez individuellement ou collectivement, isolément ou ensemble.
Fuyez une fois, trois fois, sept fois… Nous nous amuserons de vous comme avec des rats pris au piège et nous vous traquerons jusqu’à ce que vous ne puissiez plus revenir et nous vous tuerons.
Que le monde s’indigne du génocide commis contre vous, en quoi cela nous importe-t-il?
Des milliards d’aide militaire nous parviennent en continu de nos alliés Américains. Des bombardiers, des missiles, des obus, des munitions.
Nous tuons des enfants par milliers.
Nous tuons des femmes par milliers.
Nous tuons des vieillards par milliers.
Tous meurent sans soins ni hôpitaux.
Nous empoisonnons vos eaux. Nous vous privons de nourriture. Nous vous affamons. Nous vous ferons connaître l’enfer.
Nous sommes vos maîtres absolus, nous avons tous les droits sur vous. Rien ni personne ne nous arrêtera.
Nous jouons de vos vies, nous vous terrorisons et jouissons de vos peurs.
Nous nous distrayons de vos tentatives à rester en vie.
Vous n’êtes pas des humains. Vous êtes des êtres inférieurs. Nous le proclamons sur tous les réseaux sociaux. Nous l’exhibons sur des vidéos reprises en boucle sur tous les écrans.
Admirez nos valeureux soldats qui s’amusent à vous humilier.
Nous sommes fiers de notre religion, de notre identité, de notre nation et de notre supériorité à vous éliminer.
Vous êtes des sauvages et le génocide est votre salut. »
(Chris Hedges, août 2024)
L’ulcération de Chris Hedges est la nôtre, pour la combattre et pouvoir se regarder sans faillir, nous nous battons, et essayons de faire passer ce message très simple, à notre échelle : il n’y aura pas de paix sans la reconnaissance du droit imprescriptible à l’autodétermination du peuple palestinien. La Palestine existe parce qu’elle résiste !
Palestine vivra, Palestine vaincra ! »