CLI (Comité Local d’Information) à Savigny l’Evescault, le 08/11/22
Au cours de cette réunion d’information publique, EDF a fourni quelques informations sur les événements d’actualité.
Les fissures par « Corrosion Sous Contrainte«
- Elles apparaissent à des endroits inattendus = en fait c’est la CSC qui est inattendue, les fissures étaient suspectée, mais d’origine fatigue thermique. (1)
- Elles apparaissent également sur les derniers réacteurs construits (1 300 et 1 450 MW) parce qu’ils présentent une « géométrie » différente des réacteurs de 900 MW. Cette différence consiste en des longueurs de tuyaux plus grandes, ce qui augmenterait les gradients thermiques à l’intérieur, et donc les contraintes.
- Quelqu’un a demandé pourquoi les tuyaux étaient réparés sans modification de la géométrie, ce qui risque de reproduire le phénomène prochainement. EDF a répondu que la modification aurait été trop compliquée et trop longue à mettre en œuvre.(2)
La fuite du 2 novembre 22 sur le réacteur 1 de Civaux
La visite décennale (qui avait été entreprise en juillet 2021) prévoit un test de pression, sans combustible dans le cœur du réacteur. Cette épreuve hydraulique consiste à pressuriser le circuit primaire à 206 Bars (alors que sa pression de fonctionnement est 155 Bars). Alors que la pression atteignait 190 Bars, un élément de tuyauterie s’est rompu provoquant une brèche avec un débit de 1,7 m³/h. Cette fuite ne peut pas être arrêtée car la vanne d’arrêt se trouve en zone radioactive inaccessible, Il faudra un robot pour faire le travail. En attendant, le circuit primaire se vidange depuis une semaine de son eau « légèrement » radioactive ; cela fait déjà 285 m³. Cet écoulement est pompé et le fluide du primaire est récupéré. (3)
Commentaires
(1) Connaître l’origine des fissures est certainement important pour tenter de corriger le défaut, mais pour le public, ce qui compte c’est la sûreté des installations qui se trouve diminuée avec ce risque de brèche dans le circuit primaire, situation très « préoccupante ». L’origine des fissures nous importent peu, on aimerait que les aciers des centrales nucléaires vieillissent mieux sans se dégrader, mais hélas la nature en dispose autrement. EDF l’a bien compris, raison pour laquelle elle a entrepris cette campagne de vérifications et de réparations sans précédent qui provoque actuellement 15 arrêts prolongés de réacteurs. Le coût de l’opération est actuellement évalué au coût de 2 EPR comme celui de Flamanville.
(2) Pour disposer d’une plus grande puissance les derniers réacteurs ont été agrandis et leur « géométrie » (il faut comprendre leur forme et dimensions) a été modifiée par rapport aux réacteurs de 900 MW. A l’expérience, ceci s’avère comme un défaut de conception. Il n’est donc plus possible de le corriger facilement maintenant.
Il est plus que probable que les EPR, encore plus puissants que les réacteurs de Civaux, présentent le même défaut. Or, ils ont été conçus sur le principe d’exclusion de rupture. Ce principe semble battu « en brèche » avec cette affaire de CSC : cela pourrait compromettre leur certification et leur mise en service. A l’ASN de juger. Aux Français d’en prendre le risque.
(3) Un incident de ce type (rupture d’un élément de tuyauterie) aurait pu se produire au cours du fonctionnement normal du réacteur. Mais en fonctionnement normal, avec une pression de 155 Bars l’eau est portée à 300°C. La dépressurisation brutale provoquerait donc instantanément l’évaporation de l’eau avec de furieux coups de béliers dans l’installation accompagnés probablement de graves dommages pouvant aboutir à un accident majeur.
Que de soucis, que de soucis,… simplement pour fabriquer de l’eau chaude !
Jacques Terracher, le 09/11/22