Communiqué de presse de Vienne Nature.
« 41 bassines : le mirage se dissipe
C’est un fait nouveau encourageant : l’État, en la personne de Madame la Préfète, a pris acte du blocage de la situation : 41 projets de réserves de substitution pour l’irrigation non financés, un lot des 6 réserves (La Pallu) perdu en route, l’arrêté préfectoral d’autorisation pour les 8 réserves de La Clouère annulé par le Tribunal administratif, et les trois autres arrêtés pour les 27 réserves restantes menacées du même sort…
Des années de fuite en avant pour en arriver là !
Des années à nier l’évidence : assecs répétés, zones humides exangues, eau potable menacée…
Le déséquilibre n’est plus tenable entre des prélèvements excessifs et une ressource qui sera de plus en plus difficile à mobiliser.
Des années à arroser en juillet-août le maïs grain pour l’exportation et les céréales dont on veut forcer les rendements.
Et pendant ce temps, les jeunes qui s’installent en maraîchage n’ont pas droit à une goutte d’eau et les 150 irrigants engagés dans des projets de stockage bénéficient de 10,6 millions de m 3 de volumes d’eau dérogatoires.
L’État invite les acteurs autour de la table
Pour sortir de l’impasse, l’État a pris l’initiative d’une concertation en invitant ce jour, le 17 septembre 2019, plus de 40 représentants de diverses structures, avec en prime députés et sénateurs.
Pour la première fois, les opposants ont été écoutés. Le vieux projet des 41 réserves est apparu à la plupart comme dépassé par le changement climatique et les 200 kms d’assecs actuels ont imposé la nécessité de sortir du statu quo.
Toutefois aucun projet alternatif n’a été proposé par les irrigants ou l’État. Les associations, elles, préconisent un changement du modèle d’irrigation, une restauration des zones humides (stockage naturel), des réseaux des haies et toute mesure favorisant l’infiltration et donc la recharge des nappes.
L’État invitera les protagonistes à d’autres rencontres.
La position de Vienne Nature
*Vienne Nature s’est dite prête à toute concertation qui replace les questions de l’irrigation et d’un éventuel stockage dans un projet territorial de gestion de l’eau pour tous les usages et avec tous les irrigants. Cela exclut un marchandage au cas par cas à partir de projets de stockage anciens ou nouveaux.
* Il n’y aura pas de concertation possible sans un socle commun de connaissances : il manque à l’heure actuelle des données décisives sur le volume d’eau indispensable à la survie des milieux aquatiques (Débit Minimum Biologique des cours d’eau, interactions entre nappes et eaux superficielles, besoins des zones humides, capacités des nappes à se recharger). Une convergence nette est apparue entre plusieurs des principaux acteurs sur ces passages incontournables.
* Une autre condition est nécessaire avant toute concertation : une étude économique sur l’avenir d’une agriculture irriguée économe en eau et sans pesticide, recentrée sur l’essentiel, à savoir les cultures répondant aux besoins de la population (maraîchage, légumes de plein champ, arbres fruitiers, melons…) et aux besoins de l’élevage (fourrage, soja, maïs ensilage).
Il faudra bien s’accorder enfin sur les chiffres : sans aspersion du maïs-grain et des céréales, il y aura assez d’eau pour sécuriser les productions d’intérêt public. Et s’il fallait une part de stockage, ce serait pour des cultures prioritaires et un usage de l’eau soumis à conditions.
L’eau sera-t-elle un jour gérée comme un bien commun ?
Une avancée en ce sens serait la garantie d’un volume minimum pour tous ceux qui ont besoin d’irriguer et une gestion publique des équipements financés par l’argent public. »
Fontaine-le-Comte, 17 septembre 2019
Vienne Nature – Association de protection de la nature et de l’environnement de la Vienne
E-Mail. contact@vienne-nature.fr