L’article ci-dessous a été initialement publié en août 2022 : il s’agit donc d’une actualisation avec des données complémentaires à la suite de remarques sur le niveau d’évaporation subit par des piscines/étendues d’eau de surface.
[Voir en fin d’article l’actualisation avec l’exemple de la bassine de Sainte-Soline dont la surface de 10,2 ha (en eau) représente 102 000 m2]
Sur les problématiques posées par le développement des « bassines », un sujet qui pose une vraie question à l’heure de la canicule et des températures élevées est bien celui de l’évaporation. Eh oui, l’eau s’évapore et plus il fait chaud, plus ça s’évapore… même si l’hygrométrie ambiante peut atténuer ce phénomène. Actuellement donc, ça s’évapore dans une atmosphère très sèche avec un taux d’humidité dans l’air plus faible que jamais. Y compris la nuit.
Les « piscinistes » connaissent bien cette question, puisqu’ils ne sont pas les derniers à calculer le nombre de litres d’eau qui s’évaporent quotidiennement dans des conditions « normales » de saisonnalité. L’été, ça s’évapore plus que l’hiver, ça semble aller de soi…
Pour entrer dans le détail, on estime (on peut vérifier sur le web, les références ne manquent pas) l’évaporation moyenne d’une piscine (bassin de 100 m2) à 0,28 litre/h par m2, soit environ 6,7 l/j par m2, ce qui représente plus de 670 l d’eau par jour. Mais attention, ce calcul est à vitesse du vent nulle avec une température journalière moyenne de 24°. Des données à moduler quand on parle d’une « bassine » qui couvre 7 hectares, soit 70 000 m2… Cette taille de « bassines », c’est celle de la SEV5, 220 000 m3 (La Rochénard dans les Deux-Sèvres), un projet qui n’est pas le plus gros par ailleurs. (on en trouve à plus de 700 000 m3, voire même au delà)
Avec un nouveau calcul à l’échelle d’une bassine comme celle présentée ci-dessus, une estimation (basse ?) de l’évaporation quotidienne, ce sont 470 m3 qui partent quotidiennement dans l’atmosphère !!! (6,7 x 70 000 ÷ 1 000) Calcul à refaire, à repréciser, si vous l’estimez nécessaire et utile. On peut estimer que la pluviométrie (!) moyenne va compenser une partie de cette évaporation mais étant donné l’évolution du climat, (sans parler de la situation, catastrophique, actuelle) ça s’engage mal…
Une référence concernant la question de l’évaporation d’un plan d’eau avec cet article documenté sur le site de Rémy Fruchard : https://www.fruchard.fr/meteorologie/climatologie/etudes-sur-lvaporation-dun-plan-deau/. Son auteur, Rémy FRUCHARD, Ingénieur Divisionnaire des Travaux de la Météorologie, aujourd’hui retraité, ancien chef du Centre Météo-France de Poitiers, centre départemental qui a disparu en 2021 et les prévisionnistes avec… Aujourd’hui, c’est le centre interrégional de… Bordeaux qui gère la Nouvelle-Aquitaine et l’Occitanie ! A Poitiers ne reste plus que des techniciens de maintenance et une station automatique. Pas facile d’être très précis quant des évènements exceptionnels se produisent.
ACTUALISATION AU 1er août 2024
Certaines estimations d’évaporation sont nettement plus élevées que celle figurant ci-dessus : plus la température moyenne augmente, plus l’évaporation suit la même courbe. Pour la bassine de Sainte-Soline par exemple, (102 000 m2 pour 628 000 m3) l’évaporation en période de forte chaleur avec une température moyenne bien supérieure à 24° et ce pendant plusieurs jours consécutifs pourrait aller jusqu’au quasi doublement !
Cela amène à des chiffres « surréalistes » de m3 quotidiens partant dans l’atmosphère : dans des conditions de très forte chaleur, plus de 1 000 m3 par jour. (10 litres/jour x 102 000 ÷ 1 000) Si, si, vous avez bien lu : plus d’1 million de litres d’eau par jour. Et cette évaporation pourrait encore s’accroître avec une faible hygrométrie et le facteur vitesse de l’air s’ajoutant. Sans parler de la surface au contact de l’air, plus de 10 ha.
Dans une période où le réchauffement climatique s’accentue, faciliter ainsi l’évaporation est une véritable aberration !
On pourra toujours imaginer des dispositifs de couverture des bassines mais avec une surface de 100 000 m2, ça promet d’être compliqué.
D. Leblanc