Falscisme
Capital – Le capitalisme marchandise la société, nous impose d’être utile, productif, d’user la nature de la manière la plus efficace possible. Cette artificialisation mondialisée nous fait miroiter un monde solide, lise et effaçable. Sans vie, notre société s’effondre, les crises deviennent organiques, à la fois politique, sociale, ontologique et philosophique. Sans bruit, il en résulte une perte de sens généralisée, la destruction du vivant et du lien social et un effondrement de nos institutions.
Doit sa survie – Aujourd’hui, la transformation du libéralisme managérial en autoritarisme illibéral est actée. La cacocratie est devenu la norme. Les pleins pouvoirs sont donnés aux plus incompétents. La rigueur de pensée cède donc la place aux fantasmes et au bavardage halluciné des talk-shows. Il s’instaure in fine la société du média et le règne du faux. Les anglais par la généralisation de leur mécanisation et urbanisation de la vie auront vraiment tout « false ».
A sa transformation – Cette société libérale souffle sur ses propres braises. En crise, elle est l’essence même du fascisme et l’arrose copieusement. Sa transformation en des formes illibérales n’est que le produit de son propre échec. En nous demandant de choisir entre fascisme ou falscisme, notre système capitaliste se montre à l’état de zombie sans esprit ni lumière. De sa non-vie il fait surgir les monstres, la bêtise systémique se chargeant de les nourrir.
En Fascisme – Historiquement, le fascisme dénonçait pareillement le socialisme et le capitalisme comme la descendance commune de l’individualisme. Aujourd’hui le capitalisme détourne ce ressentiment populaire contre le socialisme. Il ne permet plus aucune solidarité et détruit tout reste d’humanité. Le capitalisme, dans sa propre chute opère donc sa grande mue. En se proclamant comme seul rempart à l’extrême droite, il barricade la démocratie et banalise le fascisme.
Il est fascisme
La normalité – L’incompatibilité entre démocratie et capitalisme nous fait sentir les relents d’un monde artificiel, mécanisé et marchandisé. Sa normalité industrielle nous atrophie dans la médiocrité, son confinement totalitaire nous dessèche à l’état d’animaux asphyxiés. Nous sommant à des existences fantomatiques, ce féodalisme barbare met en place le fascisme et par l’agitation du vicieux privilège de la démocratie parlementaire, illusionne notre révolte.
Du nihilisme – En poussant notre nihilisme à l’extrême le capitalisme produit des déserts, la dévastation érigée en valeur de modernité arrive donc aux termes de notre évolution. Notre existence de zombie ne se résume qu’à la simple jouissance matérielle décorrélée de toute beauté. Notre vie est donc constamment perfusée d’images en couleurs qui bougent et qui parlent afin qu’on ne s’aperçoive pas que nous ne vivons plus ; que nous sommes devenus qu’un simple tube digestif en quelque sorte.
Génère – Notre cerveau est remplacé par les intelligences artificielles génératives et guident nos actions. La consommation accélère la marchandisation de l’esprit humain en mécanisant notre imagination. L’âme du monde et l’esprit humanité s’érodent, nous agissons et votons avec l’aide de TikTok. Nos désirs deviennent des besoins, nos comportements simplement marchands et nous perdons notre temps à le gagner sous le regard des caméras.
Notre disparition – Le système dans lequel nous évoluons s’apparente donc à une aristocratie élective financiarisée. Il n’y a plus de conflit, seulement deux camps polarisés qui ne se parlent plus. Cette guerre de sécession en cours nous entraîne vers un monde où les objets ont plus de valeur que les humains. Les politiques célèbrent les peoples et nous tressons des couronnes à ces champions devenus pareils aux choses. Ces nouvelles divinités s’intègrent au monde des produits et l’argent devenant dieu nous détruit.
Mais le falscisme n’est pas une fatalité
L’humain – La falsification de la société tend donc à devenir le mode d’être universel que chacun doit produire et entretenir envers les autres comme envers soi. Le mythe du progrès nous amène à un monde en crise, un monde qui est absurde à l’humain qui n’a pas su le comprendre. Un monde où nous sommes impuissants parce que nous nous sommes perdus dans des rêves gigantesques ; où l’or s’entasse dans des caves blindées et le blé pourrit dans des silos à coté de misérables morts de faim.
Humblement – L’impérialisme des États nous façonne donc un capitalisme totalitaire en symbiose parfaite avec le politique, la technique et la monétarisation de la nature. Tant que nous continuerons à parler des guerres, des politiques, de nos industries comme si nous en étions absolument les maîtres, la technicisation et marchandisation du monde nous seront fatales. Tant que nous n’aurons pas l’humilité de reconnaître que notre civilisation s’effondre le fascisme prospérera.
Solidaire – Mais il est difficile de faire comprendre quelque chose à un humain lorsque son salaire dépend précisément du fait qu’il ne la comprenne pas. C’est l’essence même du pouvoir du capitalisme pour nous diviser. Tant que les divisions rampantes entre oppresseurs et opprimés existent et tant que tout le monde n’aura pas compris qu’il faut en finir avec les vieilles méthodes, alors il sera difficile d’accepter que nous sommes toutes et tous une seule et même chair.
Rayonne – Face au fascisme qui advient et contre l’éclat aveugle et destructeur du dieu argent, il n’y a d’autre issue et combat que le rayonnement du meilleur de l’humain. Contre l’immobilisme et la division, le vrai courage c’est, au-dedans de soi, de ne pas céder, ne pas plier, ne pas renoncer.
Solidaire humanité
« Gardez-nous la révolte, l’éclair, l’accord illusoire, un rire pour le trophée glissé des mains, même l’entier et long fardeau qui succède, dont la difficulté nous mène à une révolte nouvelle. Gardez-nous la primevère et le destin. »
René Char, Recherche de la base et du sommet, 1948