Que dire à la lecture des résultats du premier tour des élections de ce dimanche 20 juin ? Sans prendre de risque, que la démocratie (encore faut-il s’entendre sur le sens que l’on donne à ce mot) est bien malade. Avec moins d’un tiers d’électeurs.trices, ces scrutins portent un puissant désaveux à l’encontre des formations politiques qui appelaient aux votes. Et ne parlons même pas des sondages qui ont le nez dedans… De quoi pas mal « rebrasser » la perspective des futures échéances.
Alors ? Effectivement, ne pas voter a un sens politique : il est en effet toujours facile de faire passer l’abstention pour un désintérêt ou une défiance MAIS à près de 70 %, il faut arrêter de prétendre que « les gens » se foutent de la politique ! De la défiance sans doute mais au moins autant vis à vis de la « classe politique » (comme on dit) que de la politique… C’est d’abord sur cela qu’il faudrait s’interroger avant de dénoncer les-vilain.es-citoyen.nes-qui-s’en-foutent…
De la « crise sanitaire » dans toutes ses dimensions (humaines, psychologiques, sociales, culturelles, économiques,…) à la crise politique, il n’y a qu’un pas et les politiques menées par le macronisme depuis 4 ans (et d’autres avant lui) sont une part essentielle de cette défiance qui s’est installée et approfondie. A quoi ça sert de voter puisqu’on ne nous écoute pas et quand on parle et qu’on se manifeste, on nous tape dessus ! Ça finit quand même par se voir que la duplicité est une marque de fabrique du macronisme.
Pour revenir à la situation locale, quelques observations, en particulier pour la ville de Poitiers qui était sous les projecteurs depuis l’élection d’une maire écologiste en 2020… Avec la présence de candidat.es partant sous la bannière de la « Vienne en transition » aux départementales et l’opposition dans plusieurs cantons poitevins entre ces derniers et des candidat.es du Parti socialiste (ou assimilé.es), il était intéressant de voir l’évolution des rapports de force locaux depuis les municipales. Aussi bien aux départementales qu’aux régionales.
Quand on connait un peu la sociologie des quartiers de Poitiers, on discerne assez bien, qui vote quoi. On assiste en effet à plusieurs phénomènes convergents :
Sur les régionales :
– Notons tout d’abord que la participation est toujours plus importante dans les quartiers « classes moyennes » (pour faire rapide) et le centre-ville que dans les « quartiers populaires ». Histoire de « capital culturel » et capital tout court…
– Cela va parfois du simple au double, entre par exemple la ZUP (les bureaux d’A. Daudet de 19 à 21 %) ou Bel Air (bureaux de Mermoz à 25 %) et Dolmen 7, Condorcet 42 ou le bureau de P. Blet 24, à 40 %. Voire 43 % à Salons de Blossac 34 (centre-ville). Une situation que l’on retrouve presque systématiquement à travers la ville avec une moyenne de participation de 31,5 %…
– le score confirmé depuis les municipales des écologistes avec la liste Thierry qui sur la ville (25,2 %) domine le paysage et s’affirme face à Rousset et au Parti Socialiste (23,5 %), devenu une force secondaire.
– une expression politique installée à gauche des verts avec la liste Guetté « On est là ! » qui réalise 11 % sur la ville, soit le score d’Osons 2020 aux dernières municipales : on ne peut pas durablement faire comme si ça n’existait pas…
– certains bureaux offrent des scores importants aux écologistes : 36 % à Montmidi 37 ou à P. Blet 23, près de 35 % à Paganel 9 et 10 (ex bureaux Jardin des Plantes) ou encore 35 % sur Condorcet 41 et 42 et en centre-ville, près de 31 % à Hôtel de ville 4. Mais également des scores bien plus faibles : de 17 à 23 % à Beaulieu, de 14 à 21 % à C. Perrault (ZUP) ou encore à J. Brel 29 (18 %)
– on pourra aussi noter les votes réalisés par C. Guetté en parallèle de ceux de N. Thierry : près de 17 % à Micromégas 51, 18,5 % à Beaulieu 21, 16 % à Dolmen 8 ou Paganel 9… D’importantes faiblesses aussi dans les quartiers populaires ou associées à une participation exsangue, la liste plafonne à 8-9 % (J. Brel, T. Lainé, E. Pérochon ou A. Daudet).
Fréquemment, les bureaux qui votent le plus le font pour… N. Thierry, nettement moins pour A. Rousset et nettement plus que la moyenne de la région pour C. Guetté.
Scores comparés entre Thierry, Guetté et Rousset sur la région, la Vienne et la ville de Poitiers : quand deux listes doublent leur score, la 3ème y laisse des plumes…
– A. Rousset est à 28,8 % en NA, 24,5 % en Vienne et 23,5 % à Poitiers
– N. Thierry à 12,2 % en NA, 16,2 % en Vienne et 25,2 % à Poitiers
– C. Guetté à 5,7 % en NA, 7,2 % en Vienne et 11 % à Poitiers
Et l’extrême-droite dans tout ça ? Diaz à 11 % sur Poitiers (avec 7 voix de plus que C. Guetté) contre 18,5 % sur la Vienne et 18,2 en NA…
Il restera à regarder de plus près le vote aux départementales qui offrait sur les cantons poitevins, une configuration bien particulière…
D. Leblanc
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