La communauté musulmane de Poitiers est profondément choquée d’apprendre que l’ancienne mosquée de la rue Guillaume du Troubadour, lieu hautement symbolique de son histoire locale, sera vendue aux enchères début novembre.
Ce bâtiment a abrité, pendant près de six décennies, les prières, les rencontres, les joies et les peines de générations entières de femmes et d’hommes. Beaucoup d’entre eux ont consacré leur vie et leur santé au service de notre agglomération. Ce lieu est une part vivante de leur mémoire collective.
Ce sont eux, avec détermination et dignité, qui avaient obtenu à l’époque, auprès du maire Jacques Santrot, la mise à disposition de cette maison pour en faire un espace de prière et de recueillement, dans la sérénité et la discrétion.
Voir aujourd’hui ce lieu disparaître dans le silence et l’indifférence est incompréhensible, et même irrespectueux.
La municipalité aurait pu — et dû — protéger ce symbole en le transformant, par exemple, en Centre de la mémoire et des cultures de l’islam, un lieu ouvert à tous, dédié à la transmission du vrai visage de paix, de culture et de tolérance de la religion musulmane.
De tels centres existent déjà dans plusieurs villes de France, notamment à Paris, où ils participent au dialogue, à la connaissance mutuelle et à la cohésion sociale.
Un tel geste aurait été un signe fort de respect, d’intégration et de reconnaissance envers les plus de dix mille musulmans que compte notre agglomération.
Il est encore temps de se ressaisir.
Les citoyens de confession musulmane ont, eux aussi, droit de cité, au même titre que tous les autres habitants.
La relégation a ses limites — et elles ont depuis longtemps été atteintes.
Khemissi Djataou, Coordinateur régionale de l’Assemblée des Quartiers
Idriss Laadnani, Président du Collectif Citoyen de la Vienne


