Les mots ont une mémoire. Et parfois, ils reviennent de loin, porteurs de leurs poisons anciens. Ce que certains appellent aujourd’hui « éléments de langage » ressemble étrangement à ce que d’autres, dans les années 30, appelaient « rhétorique d’ordre » ou « discours de vérité ».

Sous prétexte de nommer les choses, on désigne, on isole, on accuse.

Quand le langage devient arme.

Les laboratoires d’idées, les officines de communication, les cercles d’influence fabriquent des mots comme on forge des armes : froidement, méthodiquement. Ces expressions, ces formules, répétées en boucle, finissent par façonner le réel.

Elles infiltrent le débat, colonisent l’opinion et s’imposent comme un sens commun.

Mais derrière cette mécanique, on retrouve toujours la même logique : désigner un ennemi intérieur.

Le miroir des années 30

Nous savons où mènent ces procédés. L’histoire du XXᵉ siècle nous l’a appris au prix du sang et du silence. Les campagnes de dénigrement, les mots qui blessent avant les actes, ont toujours précédé les tragédies humaines.

Hier, c’était au nom de la nation, de la pureté, de l’ordre.

Aujourd’hui, c’est au nom de l’identité, du grand remplacement, de la sécurité, de la peur.

Le vocabulaire change, mais le mécanisme demeure : le langage prépare le terrain de la haine.

Résister à la contagion

Penser, c’est refuser la facilité du mot prêt-à-penser.

Résister, c’est refuser d’appeler « bon sens » ce qui n’est qu’un écho du passé.

Nommer autrement, c’est briser la chaîne virale de la stigmatisation et de déshumanisation.

Chaque mot est un choix moral. Les années 30 nous ont montré ce que deviennent les sociétés quand elles laissent le langage glisser vers la haine.

Ne pas voir la répétition, c’est accepter la rechute.


Khemissi Djataou

Khemissi Djataou

Next Post

Menace de mort contre BNM

ven Oct 31 , 2025
À l’entrée sud de Poitiers, au premier rond point de la RN10 au niveau d’Auchan, nous avons vu ce panneau bien en évidence ce 31 octobre : voir la photo ci-dessus. Le mot « viseur » associé à une cible dessinée ne laisse que peu de doute : c’est bien une menace […]
//