(Par Incidents en fin de journée)
Dans son édition du 13 juin 2020 La Nouvelle République – Centre Presse publie l’interview des deux principaux responsables des syndicats de police de la Vienne.
L’auteur de cette interview croisée a choisi de s’interroger sur ce qu’il croit être un revirement de l’opinion publique vis à vis de la police : adulée durant le confinement, désormais haïe depuis le meurtre de Georges Floyd?
Quatre questions ouvertes permettent aux interviewés de répondre aux « accusations actuelles ».
Mais de quelles accusations parle t-on? Nous ne le saurons pas. Y aurait-il des faits ou des statistiques étayant ces accusations? Ils ne seront pas évoqués.
Les réponses policières ont ceci d’intéressant qu’on y retrouve plusieurs extraits du story telling habituel : déni du racisme et des meurtres, victimisation, refus de la recherche de la vérité (dont la crainte d’être filmés), apologie de la force et de la violence, et statistiques douteuses. L’argument massue étant que la police française n’aurait rien à voir avec celle des Etats-Unis, en effet elle n’a pas l’autorisation de mettre son genoux sur le cou de l’interpellé-e.
Du côté journalistique, on ne peut que constater l’absence l’éléments de contextualisation, de vérifications ou (soyons fous) de contradiction. Quant-à faire émerger la parole des victimes on repassera.
Sans doute pense t-on, à la rédaction, qu’un article sur la manif du 13 à Poitiers suffira pour équilibrer l’affaire : surtout restons neutres!
Et pourtant les faits sont là, et on ne peut plus dire qu’ils sont confidentiels, synthétisés notamment par un journalisme indépendant. Voir le travail de David Dufresne publié par Mediapart : https://www.mediapart.fr/studio/panoramique/allo-place-beauvau-cest-pour-un-bilan
Pour ce qui est du fond du problème les données et analyses ne manquent pas non plus. Cet article du magazine Frustration en est un exemple : https://www.frustrationmagazine.fr/la-police-est-elle-structurellement-raciste/
Reste à comprendre pourquoi ces faits ne sont pas relayés par la presse locale. Il y a plusieurs façon d’informer, c’est évident, il y a surtout des intentions éditoriales et ces intentions sont toujours politiques. Laisser la police parler et se taire en dit long.
illustration : Mediapart