Les mouvements sociaux sont importants mais pour l’instant nous ne cessons de reculer. Et même ce sont les idées d’extrême-droite et ses avatars qui ont le vent en poupe. Que faire ?

Comme souvent les mouvements sociaux sont déconnectés entre eux. Ils ne font en général pas le lien entre leurs revendications différentes : agriculture, retraites, salaires, fonction publique, santé, emploi, conditions de travail etc. La tant désirée « convergence des luttes » est rare malgré les efforts des équipes militantes de gauche. En effet, le lien entre les mobilisations est politique au sens large (pas seulement au sens partidaire) : elle nécessite un degré élevé de politisation et de mobilisation de la population contre ses élites actuelles.

Une coterie

Ces élites – nos ennemis – sont puissantes. C’est une coterie politico-économico-médiatique unie par des liens personnels et économiques. Les médias mainstream, qu’elles contrôlent entièrement, traduisent la pensée de ces gens-là : une mobilisation est un « risque » ; faire les poches de la population c’est faire preuve de « courage » ;  la résignation (« il n’y a pas d’alternative ») est systématiquement prêchée pour les gens d’en bas, l’islam est le prétexte de tous les écrans de fumée etc.

Crise après crise, ces élites radicalisent toujours plus un néolibéralisme qu’on subit depuis des décennies mais elles le font maintenant sans fard et sans aucun compromis.

La fameuse et éphémère ministre de l’Éducation nationale précédente (Ouda Castéra) n’était qu’une face trop visible de ce séparatisme de classe.

Les macronistes choisissent leur opposition

Mais les coups de boutoir de la mobilisation et du mécontentement populaire affaiblissent quand même la légitimité des gouvernant-es et de leur politique. C’est pourquoi nos élites ont choisi leur opposition politique : ce sera l’extrême droite, une extrême droite présentable, qui n’a voté au parlement ni les augmentations de salaires ni la taxation et limitations des super-profits, ni la dernière motion de censure… C’est un Rassemblement National qui a donné des gages : il n’entravera pas le fonctionnement économique actuel, le « ruissellement » des richesses… vers le haut. Mais ce n’est pas seulement par opportunisme politique que les macronistes choisissent le RN comme opposant préféré. Cela renvoie à une vieille tradition de la grande bourgeoisie (« plutôt Hitler que le Front Populaire !») et d’une certaine gôche représentée par le « Hollandisme » et actuellement Place Publique (« plutôt mort que rouge !»).

Pourtant nous savons d’expérience, parfois cuisante, que les luttes sociales nécessitent une alternative politique, un parti, un regroupement de partis, qui s’engage une fois élue à défendre un programme, un projet, en lien avec les revendications du mouvement social et le bien commun.

La NUPES

La NUPES a représenté un vrai espoir aux législatives, par son unité mais aussi par son programme de rupture. Enfin, on nous offrait une unité de la gauche pour réellement, concrètement, de façon cohérente et réaliste, s’attaquer aux urgences sociales et écologiques ! Un programme populaire, qui défendait vraiment les gens d’en bas et pas seulement une classe moyenne qui oscillerait entre centre droit et centre gauche ! Il était donc possible de gagner !

Certes cette unité sur ce programme de rupture a été imposée par le parti qui avait gagné haut la main (La France Insoumise) à des partis défaits : EELV rêvait (et rêve toujours) de se couler dans les chaussons de feu le Parti Socialiste ; le PCF ne pouvait plus partir seul aux législatives puisque le PS puis EELV avaient déjà rejoint la NUPES ; le PS est toujours au milieu du gué entre une tendance favorable aux changements et une tendance ayant pour ennemi principal les « partageux » de LFI.

Ces mêmes tendances centrifuges sont encore à l’œuvre

Le PCF s’est déclarée contre la NUPES lors de son dernier congrès ; EELV, peu de temps après les législatives, avait pris l’engagement d’aller seule aux élections européennes de l’année suivante, quelque soit la situation politique du moment ; le PS continue son numéro d’équilibriste dans un rapport de force interne pas bien lisible depuis l’extérieur.

Lors des élections sénatoriales PS, PCF et EELV ont refusé de laisser à LFI (peu présente dans les institutions) ne serait-ce qu’un poste éligible. EELV a refusé la tête de liste aux Européennes que lui proposait LFI sur le programme de la NUPES.

Au-delà des vicissitudes des égos et des méthodes, c’est bien le programme de la NUPES qui coince pour les partis ci-dessus. La gauche part divisée aux élections européennes de juin de cette année : mauvais message pour les prochaines Présidentielles, sans parler des Municipales.

Aujourd’hui, le RN

On ne voit pas actuellement ce qui empêcherait le RN d’arriver au pouvoir aux Présidentielles de 2027… et en n’ayant plus rien à faire puisque les macronistes auront déjà fait tout le sale boulot avant : privatisations des Services publics, chasse aux immigré-es, casse des statuts et des conventions collectives, le privé à la place de la Sécu, mainmise des milliardaires sur l’ensemble de la presse, etc.

Que faire de suite ?

La première solution consisterait à se lamenter sur notre triste sort et se bercer de l’illusion qu’après la pluie (le RN vainqueur aux Européennes et ensuite en 2027) viendra le beau temps (tu parles!). Ou, pire, penser que la chasse aux immigré-es ne s’accompagnera pas de la mise au pas des revendications féministes, écologistes, syndicalistes et un grand nombre d’etc. On peut aussi pleurer sur son sort, sur la division de la gauche, sur les nuages qui s’amoncellent, ce qui soulage un peu mais ne résout rien.

Ou alors on peut prendre le taureau par les cornes et regarder le problème en face. Faisons une liste. Je commence par ce que, moi, je ne veux pas.

  • Je ne veux plus de cette gôche néo-libérale qui a engendré le macronisme et discrédité le mot « gauche ».
  • Je ne veux pas que l’urgence écologique soit considérée comme plus urgente que l’urgence sociale.
  • Je ne veux pas de sectarisme identitaire.
  • Je ne veux pas rejouer des élections européennes où seules les CSP+ vont voter (certaines le feront à gauche) sur leurs seules problématiques, le RN apparaissant comme le seul parti du peuple, des gens d’en bas.
  • Ce que je désire, d’autre part, c’est que les prochaines Présidentielles se jouent, tournent autour du programme de la NUPES, de rupture sur des propositions qui répondent à l’urgence sociale et écologique, l’une ET l’autre.

Bref, en tant que militant non encarté, pour les prochaines élections européennes de juin 2024, je pense qu’on n’a pas d’autre choix que d’accepter ce qu’on voulu imposer de façon irresponsable les autres partis de la NUPES et Place Publique : ces partis veulent changer le rapport de force au sein de la gauche pour ainsi changer, édulcorer  le projet de société qui sera défendu lors des élections présidentielles (et municipales avant). Pour ma part, je veux conserver le programme de rupture de la NUPES, je l’ai déjà dit.

Sauter le pas

En clair je décide personnellement non seulement de voter et faire voter LFI aux prochaines Européennes mais je décide aussi de m’engager dans ses Groupes d’Actions (GA) qui sont des structures larges et pas mal autonomes. Elles permettent de militer sans chefaillon. Les GA permettent aussi d’avoir son mot à dire sur Mélenchon ou pas, sur le regroupement de la gauche, sur la nuisance de certains militants du POI, sur comment faire pour arriver dans les deux premiers au premier tour des Présidentielles et gagner au second, etc.

Le Tiers-État dont je fais partie doit se structurer, se battre, se tromper, recommencer et tenir bon contre la Noblesse d’argent et le Clergé médiatique (de droite et d’extrême droite), contre la solution fascisante qui gangrène pratiquement tous les pays du monde.

LFI a de très nombreux défaut (faisons une liste !) mais au moins je sais qu’elle ne flanchera pas devant les puissances politico-économico-médiatiques qui, à n’en pas douter, s’opposent déjà et s’opposeront par tous les moyens aux changements.

Participer au mouvement social ne me suffit pas. Je veux engranger des victoires et cela passe par l’action partidaire.

J’en suis.

Qu’en dis-tu ?

Pascal C.

Pascal C

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