« Une vidéo-témoignage de militant·es engag·ées sur le Village de l’Eau
Depuis mardi 16 juillet, le Village de l’eau accueille des milliers de personnes. 7000 défenseurs.euses de l’eau sont déjà sur place ce jeudi et vont continuer à arriver pour les deux jours de mobilisation à St Sauvant et La Rochelle ! Certain·es ont parcouru des milliers de km dans l’objectif de stopper l’accaparement de l’eau.
La lutte contre les méga-bassines est une course de fond, qui n’a fait que s’amplifier depuis 2017. Elle demande de l’énergie, de la détermination, de la persévérance, du souffle, et de consolider nos liens.
Alors sur plus de 80 temps différents pendant 3 jours, nous nous sommes retrouvé-e-s depuis le monde entier.
Du Brésil au Maroc, de l’Espagne au Mexique, de l’Inde à la Palestine : des dizaines d’intervenant-e-s sont venu-e-s témoigner d’autres batailles paysannes et pour l’eau à travers le monde, démontrant une fois encore que partout nous affrontons les mêmes logiques autoritaires, de marchandisation et d’accaparement de ce qui devrait être à tout le monde.
Nous avons bien sur d’abord parlé de l’eau, de comment la préserver et la partager. La préserver déjà face à l’agro-industrie et ses pollutions dont nous avons tiré le triste état des lieux en France mais aussi sur le bassin méditerranéen et en Amérique latine.
Ce n’est pas pour rien si nous avons décidé d’installer ce Village à Melle, dans une zone humide accueillant une biodiversité foisonnante, 18 espèces de chauve-souris, 12 de libellules, et même des loutres.Cet espace nous permet de proposer des balades et discussions naturalistes pour mieux comprendre la richesse des autres êtres vivants à préserver face à l’assèchement et l’accaparement. C’est aussi un lieu de paysannerie, avec la ferme de la Gennellerie qui fait partie la stratégie foncière exemplaire de la municipalité, qui vise à préserver le captage d’eau potable et à installer des paysan·es. Nous sommes fièr·es de donner à voir qu’il est désirable et possible de mettre en place des pratiques compatibles avec l’enjeu vital et prioritaire de la préservation de l’eau.
Le Village est aussi un espace grouillant de créativité : dans la méga-radio animée en permanence, les concerts et les contes ; dans la Gazouille, la gazette quotidienne produite et criée sur place ; dans la Bambinerie qui a accueilli les enfants ; et globalement dans les multiples jeux, décorations et activités partout sur le camp.
Les assemblées pour lutter ensemble se sont, elles aussi, multipliées. Nous avons notamment échangé pour s’organiser en tant que féministes et queers dans nos mouvements. Nous avons aussi débattu des manières d’affronter l’hydre logistique et le déploiement de centaines de projets routiers et d’infrastructures de transports – ou encore des prochaines campagnes d’action contre la relance du nucléaire ou le béton.
Nous sommes évidemment revenu-e-s ensemble sur l’intense actualité politique de ce début d’année, à commencer par la montée des idées et partis d’extrême droite. Nous avons échangé sur nos pratiques pour convaincre et démontrer le danger de l’extrême droite, pour que nos voisin·es s’en détournent, particulièrement dans les territoires ruraux où leurs idées progressent de manière inquiétante. Nous avons dessiné les contours de ce qui constituera une campagne d’actions contre le groupe Bolloré, dont l’empire médiatique est une des armes principales de la massification des idées d’extrême droite en France.
Avec les diverses organisations paysannes présente au Village de l’Eau, nous sommes revenu·es sur les révoltes agricoles qui ont éclaté en Europe de l’Ouest cet hiver. Sur leurs raisons, mais aussi sur la façon dont le gouvernement et la FNSEA en France ont instrumentalisé et détourné le mouvement, et sur comment réagir à ce braquage organisé de la légitime colère des paysan·es. Nous insistons sur l’importance de permettre la souveraineté alimentaire en France et dans le monde, et de celle de faciliter l’implantation de milliers de nouvelles personnes car en un mot : nous avons besoin de plus de paysannes et de paysans.
Ce programme pléthorique et l’accueil de ces 7 000 militant·es aura aussi été une réussite grâce à des prouesses d’organisation et de solidarité, la mise en place d’une des centaines de bénévoles, et le soutien de plus de 120 collectifs de France et de l’international. Contrairement aux caricatures souvent faites, notre mouvement est massivement soutenu, par des mairies, des agriculteurs·rices, des habitant·es qui toutes et tous ont rendu cela possible. Avant même que les actions commencent, c’est déjà pour le mouvement une nouvelle démonstration de force, une nouvelle victoire d’étape.
No bassaran ! »