Mamadi est arrivé en novembre 2017 à Poitiers. Il venait de Guinée.
Sa famille, extrêmement pauvre, vivant en pleine campagne, ne pouvait pas le mettre à l’école et l’a donné alors qu’il avait 8 ans à un oncle, qui avait un petit local de réparation de voitures à Conakry.
L’enfant travailla à son service plusieurs années mais s’enfuit un jour, car il était maltraité par sa tante. Il vécut alors dans la rue et un jour rencontra des jeunes qui lui proposèrent de partir avec eux vers une vie meilleure en Algérie.
Là, il travailla dans la maçonnerie puis à la fabrication de gâteaux, pendant 8 mois environ. Alors il avait 15/16 ans.
D’Alger, il put prendre le bus grâce à l’argent gagné pour aller au Maroc. Pour passer la frontière entre l’Algérie et le Maroc, il fallait descendre du bus puis marcher et tenter de passer la frontière en ne se faisant pas prendre par les militaires marocains. Il arriva à Ouzda dans le centre d’accueil et là, travailla pour payer son séjour. Des passeurs vinrent chercher les jeunes et Mamadi arriva dans la forêt près de Nadore, à 200 km de la mer. Là, il dut attendre et travailler environ 7 mois pour payer sa traversée. Il allait à pied dans les villes autour ramener les provisions (eau – nourriture) et rencontrait des délinquants munis de couteaux qui l’attaquaient.
Il eut enfin la possibilité de traverser la mer depuis Alcema pour l’Espagne. Il ne savait pas nager mais comme, tant d’autres, il était prêt à tout pour quitter les enfers qu’il avait déjà traversés. Il fallut la nuit et la journée pour arriver en Espagne sur un zodiac (54 personnes, femmes et enfants inclus).
Après les 2 mois d’autorisation à rester sur place, il dut monter avec d’autres dans un train pour aller à Paris mais n’ayant pas son billet, le contrôleur le fit descendre à Poitiers.
Enregistré au commissariat, il fut envoyé à l’A.S.E et pris en charge environ 4 mois et mis en relation avec la Société Saint Vincent de Paul où je l’ai connu. Là, nous lui avons donné des cours de français, de lecture, d’écriture, de calcul et nous l’avons mis aussi en lien avec l’épicerie solidaire de l’Eveil à Buxerolles où il s’est vite rendu utile. Il a pu suivre des cours dans une maison familiale rurale et rencontrer un artisan couvreur qui suite à un stage souhaite l’embaucher.
Il a créé des liens avec beaucoup de personnes, dont ma propre famille, mes enfants. Il est presque devenu un fils adoptif pour nous. Aussi, quand il a été rejeté par l’A.S.E. car on ne le reconnaissait finalement pas comme mineur, nous avons cherché des solutions désespérément, en lien avec d’autres associations.
La Maison des 3 quartiers, Min de Rien, sont très actives pour l’aider, comme elles le font avec plein de jeunes.
Tous nous sommes témoins de Mamadi, si gentil, si travailleur, si volontaire, si désireux de s’intégrer (ce qu’il fait très bien), si poli et respectueux. Comment notre pays, soit disant pays de l’accueil, peut il laisser mariner des jeunes bien et les inquiéter pendant des années et surtout en ce moment sans leur donner leur chance (je témoigne que Mamadi la mérite) dans la société française ?
B.
Pétition pour les jeunes majeurs étrangers
Soutenez ce jeune avec l’association Min’de Rien