Complétons l’épisode 1 par une tentative d’analyse.

  • La Russie n’a pas le monopole des oligarques.
  • une organisation exemplaire
  • un commentaire à la fin

La mobilisation du Printemps maraîchin préparait un avenir sans bassine puisqu’étaient débattus sur 3 jours une coordination nationale des luttes mais aussi des objectifs « habiter et cultiver les bassins versants ».

(Si vous avez des questions sur ce qu’est une « bassine », ce système de captation de l’eau des nappes phréatiques au profit de l’agro-bussiness, cliquez ici)

Images : Dom et PC

La Russie n’a pas le monopole des oligarques

Les méga-bassines sont gigantesques. La manifestation en a entouré une : les manifestant-es qui se trouvaient de l’autre côté de là où on était, n’étaient que des petits points.

Celle que nous avons entourée appartient à l’oligarque de l’agro-business dont l’usine (en vert) se trouve juste en contrebas :

et était protégée par plusieurs cars de forces de l’ordre (« de l’ordre », de l’ordre en place, cela va sans dire).

Le jour même de la manifestation le journal local de Poitiers, la NR/Centre Presse titrait à la fois Déficit de pluies dans la Vienne : faut-il s’attendre à une sécheresse historique ? mais aussi informait de la venue du ministre de l’agriculture dans la Vienne. Celui-ci a rassuré les gros irrigants de l’agro-bussiness : ils pourront faire ce qu’ils veulent avec l’eau, les interdictions préfectorales pour l’eau ne les toucheront pas.

Il y a bien collusion entre le gouvernement à la tête de l’État et les oligarques agricoles qui sont prêts à priver d’eau la population, les paysan-nes et les rivières pour pouvoir continuer à se remplir les poches.

L’État néo-libéral assume qu’il n’est pas là pour être garant un tant soit peu du bien commun mais pour servir les oligarques.

D’autres éléments sur l’État qui est au service de l’oligarchie ?

La semaine précédant la manifestation, « Bassines Non Merci 79 » a découvert un système de vidéo-surveillance sophistiqué de la police caché près de leur lieu de réunion :

Le jour J, la Préfecture du 79 a déployé un dispositif policier énorme pour empêcher ou dissuader de venir manifester : prise de toutes les identités lors des contrôles routiers systématiques, une gare de Mauzé-le-Mignon cernée avec contrôles, fouilles et interdiction de traverser la ville (!?), les bus venant de Paris empêchés de rejoindre la manifestation, un véhicule blindé lanceur d’eau et deux hélicoptères qui ont vibrionner en permanence.

Lors des prises de paroles avant la manifestation, un des hélicoptère est resté à tourner autour de nous pendant vingt bonnes minutes, si près qu’on pouvait penser qu’il allait atterrir. La Préfecture voulait signifier ainsi sa provocation « vous êtes tou-tes filmé-es, fiché-es, passible de répression et, si on veut, on peut faire du bruit pour couvrir de notre bruit vos discours et vous n’y pouvez rien » .

Ce qui n’a pas empêché la Préfecture et son dispositif de répression d’être ridiculisée par quatre fois par la suite.

Mais qui sont donc ces oligarques et leur personnel politique.

Facile !

Le chamboule-tout les listait :

Les banderoles en nommaient :

Politiquement, la banderole d’ATTAC le disait :

Et plus généralement :

.

Une organisation exemplaire

Il y a eu de nombreuses mobilisations contre les bassines, notamment dans la Vienne.

Des recours juridiques innombrables pour retarder la machine agro-alimentaire.

Mais l’État socialiste, Républicain puis Macroniste a toujours privilégié sa conception politique d’un État au service de la captation de la plus-value par quelques uns, quel qu’en soit le prix (sanitaire par exemple).

Mais de dialogue social, il n’y en a plus aucun. Seulement du mépris et de la répression.

Donc les défenseuses et défenseurs du bien commun qu’est l’eau ont dû changer de tactique.

Il fallait que la mobilisation passe à la vitesse supérieure.

C’est ce qu’on a constaté lors de cette manifestation.

La mobilisation était nationale

Ce 26 mars la mobilisation était nationale au niveau des participant-es et pas seulement par la présence de têtes d’affiches connues nationalement ou de sa préparation.

Ensuite une partie agissante de la population ne se berce pas d’illusion sur le régime oligarchique. Merci Hollande-Macron !

Les provocations des contrôles policiers incessants, les hélicos, etc. n’ont pas empêché que cette manifestation soit la plus grosse jamais vue contre les bassines. Jugez par vous même :

Impressionnant, non ?

Un village et des valeurs non marchandes, maintenant

Il y avait à La Rochénard un véritable village temporaire où on pouvait pendant trois jours, dormir, manger, boire, faire ses besoins, débattre, s’exprimer.

.

Le festif et le spectaculaire ne sont pas accessoires

Nous ne sommes ni des machines ni des petits soldats. La fête fait sens.

Même les tortues ninja étaient avec nous :

Les drapeaux fleurissaient la manifestation. Normal : c’est le printemps :

.

Ne pas opposer les types d’action

Il y a celles et ceux qui préfèrent la manifestation traditionnelle. Celle-ci était belle, ensoleillée et festive.

Il y a celles et ceux, plus jeunes en général, qui préfèrent l’action plus directe.

Et les deux combinées permettent de taquiner les forces de l’ordre en plein champ (qui a eu l’idée d’amener un camion blindé avec un canon à eau, qui est resté sur la route ?), les maintenir en place, tandis qu’à quelques mètres de là le tuyau qui pompe la nappe phréatique pour remplir la méga-bassine a été en toute tranquillité déterré et mis hors d’état : l’eau est repartie vers sa nappe phréatique.

Même s’il est vrai que le vent fripon fait parfois tourner les gaz lacrymaux dans le mauvais sens :

La manifestation a poursuivi sa route vers la commune où se trouvaient confinés les tracteurs de la Confédération Paysanne et un bus venant de Paris. Mais là, la route était coupée.

Négociation. Martialité. C’est non.

Dans un petit chemin alentours, 4 motos attendaient (la mort de Malik Oussékine est-elle oubliée chez nos décideurs politiques ?)

La manifestation a alors brusquement bifurqué sur un tout petit chemin proche et a ainsi rejoint en un tour de main les tracteurs de la « Conf' » pour la plus grande joie de tou-tes !

Certes, ce fut symbolique mais on se bat aussi avec des symboles.

La mobilisation a ainsi gagné par quatre fois contre l’État oligarchique malgré l’énormité des moyens répressifs :

  • manifestation très massive
  • le pompage arrêté, même si c’est provisoirement. Mais qui sait …
  • la jonction réalisée avec les manifestant-es empêché-es

Et la quatrième ?

Ce fut une bien belle journée, ma foi.

Un petit commentaire

Il est de tradition que fleurissent les drapeaux d’organisations dans les manifestations. On y remarquait bien sûr ceux du « Collectif Bassines non merci ! 79« , de la la Confédération paysanne et les déguisements des « Soulèvements de la Terre » qui étaient les organisations en pointe de cette mobilisation.

Mais nous avons remarqué avec surprise qu’il y avait peu de drapeaux EELV alors qu’on y a salué nombre de camarades de ce parti. Déception d’une campagne Jadot qui cherche à concurrencer Macron pour attirer l’électorat socialiste ?

Dans tous les cas, on pouvait voir qu’il y avait plus de drapeaux du NPA que d’EELV !

Et encore plus de la France Insoumise.

La campagne pour les Présidentielles n’était pas loin.

PC

Pascal Canaud

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