Poitiers – Limoges : pour une 2 fois 2 voies gratuite sur l’ensemble du tronçon.
Position développée lors de la réunion de concertation à Montmorillon le 11 janvier 2022.
A la demande en juin 2021 du ministre délégué aux transports, J.B Djebbari, député LREM de Limoges, les services de l’État ont présenté ce 11 janvier le projet d’autoroute Poitiers-Limoges et de manière mineure, un projet alternatif.
Sans évoquer nombre de surprises lors de ce débat – une table ronde avec trois intervenants sur quatre favorables à l’autoroute -un chef d’entreprise de transports, un économiste de l’État et le président de la Chambre d’agriculture de la Haute-Vienne – et heureusement, le maire de Moulismes qui a expliqué les aspects positifs et négatifs de la RN 147, qui a également interpellé l’État en s’étonnant de ne pas avoir l’autorisation d’accorder deux permis de construire à deux agriculteurs sur leurs terrain alors que 800ha de terres seront artificialisées avec l’autoroute !
Je suis intervenu en rappelant ce que montrent les cartes de l’INSEE concernant les déplacements.
L’aire d’attraction de Poitiers vient jusqu’à Lussac-Montmorillon et celle de Limoges va jusqu’à Bellac. Pour le dire autrement, Lussac va vers Poitiers et quasiment pas vers Limoges et Bellac va vers Limoges et quasiment pas vers Poitiers. Quotidiennement, ce sont seulement 100 personnes qui vont d’un site à l’autre ! Pour confirmer ce phénomène, 6 500 véhicules passent chaque jour à Moulismes et 19 000 arrivent à Mignaloux-Beauvoir, soit les 2/3 des véhicules partent des communes du Lussacois.
Par ailleurs, la périurbanisation est très sélective sur le plan social : de manière schématique, les chirurgiens du CHU habitent à St Benoît…et les infirmières habitent à Verrières ou Quéaux, là où le foncier est moins cher. Ainsi, les salariés qui travaillent au CHU, à l’université ou dans les entreprise de Poitiers-Chasseneuil…disposent pour la plupart de faibles revenus, qu’ils ont des coûts de transport élevés auxquels s’ajouterait le coût de l’autoroute. Ce dernier, serait de l’ordre de 5,2 euros de Lussac-les-Châteaux à Poitiers soit 10,4 euros par jour, soit de 150 à 200 euros par mois! Incontestablement, le choix de l’autoroute serait un facteur d’aggravation des inégalités sociales et territoriales !
Le coût de l’autoroute étant de 1, 014 milliard d’euros avec un financement public – État et collectivités – de 450 millions d’euros à 771 millions (le 71 étant sans doute pour faire sérieux !); Face à ce choix, la solution « alternative » présentée consisterait à développer une deux fois deux voies gratuite de Lussac à Poitiers et une deux fois deux voies de Bellac à Limoges pour un montant de 450 millions d’euros, ce qui correspond aux flux du quotidien pour les habitants de nos territoires.
Je rejoins la position de Philippe Charpentier maire honoraire de Montmorillon et de Bernard Blanchet, actuel maire de Montmorillon, ce dernier a souligné que si l’État et les collectivités consacraient 770 millions d’euros, hypothèse haute dans le cadre du projet d’autoroute, il était possible d’avoir une deux fois deux voies gratuite sur l’ensemble du trajet Poitiers-Limoges ce qui assurerait une plus grande sécurité comme l’autoroute mais avec la gratuité pour les usagers.
Par ailleurs, il a été étonnant de voir comment les questions environnementales et celles liées à l’artificialisation de 800ha ont été, soit passées sous silence, soit traitées comme marginales !
La phase de concertation va se dérouler jusqu’au 20 mars, je ne peux qu’inviter le plus grand nombre à participer aux réunions qui vont avoir lieu afin de faire entendre la voix du plus grand nombre d’entre nous.
Yves Jean