
« Bassines » : une concertation entre complices garantie par l’État
Sur la concertation dans la cadre des réserves de substitution du Clain. Pourquoi nous refusons de participer.
Communiqué de presse inter-associatif de la Confédération paysanne, la LPO Poitou-Charentes, UFC- Que Choisir, Vienne nature et Bassines Non Merci86 (BNM86) du 17/05/21
Le 11 mai dernier, Madame la Préfète rassemblait une commission locale de l’eau (CLE) élargie afin de présenter un projet concocté entre les demandeurs de bassines et les services de l’État.
Déjà, en février 2020, une première tentative s’était soldée par un échec constaté par le médiateur : manque d’informations sur la ressource et les besoins réels, non prise en compte du changement climatique et de la demande sociale…
Ce 11 mai, l’État rend publique sa solution : un PTAI, Projet de Territoire Agricole Irrigants, une invention locale de circonstance élaborée entre complices sur des bases décidées par les irrigants. Le « consensus final » est défini dès l’introduction par Madame la Préfète : début des travaux en 2022 pour assurer l’arrosage en été comme il y a 20 ans, avant les sécheresses à répétition et les obligations de sobriété.
Pour la représentante de l’État, il n’y a pas d’alternative.
La méthode ? Devant 70 participants, cette réunion donne le ton : trois heures de descriptions et d’autosatisfaction sur le sujet et quelques minutes accordées hors délais aux associations… associations qui pourtant sont accusées de bloquer le processus. Est-ce une façon de tendre la main ?
Nous, collectif inter-associatif représentant la société civile et l’intérêt général, dénonçons le parti pris de l’État dans le programme qu’il a lancé le 11 mai sous la forme d’un véritable ultimatum ; tout est déjà bouclé, pour un débouché en octobre 2021 sur la signature d’un protocole d’accord.
Ce PTAI est limité aux seules réserves de substitution alors que nous demandons depuis 2015 la réalisation d’un véritable Projet de Territoire pour la Gestion de l’Eau (PTGE) avant toute décision sur les volumes d’irrigation et sur la construction éventuelle de réserves. Celles-ci dépendront des besoins de cultures d’intérêt public qui exigeront une irrigation de sécurité bien moins consommatrice que l’actuelle aspersion de rendement sur les grandes cultures. Et le PTGE mettra en œuvre une pluralité de techniques de stockage bien loin du dogme des « bassines ».
Nous ne participerons pas à ce simulacre de concertation : le coup « il n’y a pas d’alternative » ne marche plus. Le refus systématique d’écouter nos propositions n’a que trop duré. Et nous demandons que soit mise en route immédiatement l’élaboration du PTGE sur la stricte base de l’Instruction Gouvernementale.
Tous les agriculteurs souffrent et ont besoin d’un droit égal d’accès à l’eau ; les milieux souffrent ; l’eau potable est en danger. L’État et ses protégés porteraient une lourde responsabilité si leur manœuvre de diversion réussissait et retardait encore les solutions équitables et durables.
Pour aller plus loin, rappel du contexte
UNE VIEILLE HABITUDE, RENVOYER À PLUS TARD L’État et les 151 sociétaires porteurs des projets de « bassines » sont soudain très pressés d’en finir. Leur chantage à l’urgence n’est pas recevable ;- Durant des années, ils ont contourné les deux instructions gouvernementales de 2015 et de 2019 sur la nécessité d’inscrire l’irrigation agricole et tout projet de stockage dans un Projet de Territoire pour la Gestion de l’Eau. Avant de décider du stockage, un projet de territoire préfigure l’évolution des besoins pour tous les usages et replace l’irrigation dans un projet socio-économique à l’échelle du bassin. Deux projets bâclés de Projets de Territoire, vite abandonnés, ont permis d’éviter d’en élaborer un digne de ce nom.
- Il a fallu 11 années d’atermoiements pour élaborer un Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SAGE) du Clain soumis aux exigences d’irrigants refusant de respecter les volumes prélevables et les économies d’eau favorables aux milieux et à l’eau potable. Aujourd’hui les mêmes se précipitent pour imposer une « concertation » marathon en quatre mois.
