Samedi 11 mars les Amis de la Terre-Poitou ont déposé un bouquet dans la main tendue du Soldat du square Magenta, image de tous les sacrifiés à la folie des va-t-en guerre.
Ce geste veut rappeler les conséquences de la catastrophe de Fukushima en 2011 : au moment où le Japon prépare sa population à un autre accident possible, E. Macron, s’inspirant du même cynisme et de la même inconséquence, lance un nouveau programme !
Dans cette brulante actualité, la filière nucléaire fait croire à sa parfaite infaillibilité – « Quand on écoute les dirigeants d’EDF, de Framatome, d’Orano, ou les représentants de l’Etat, et parfois ceux de l’ASN et de l’IRSN, tout va toujours bien » cf note 1. C’est donc avec une impudence historique qu’E Macron relance la filière au moment même où elle se heurte brutalement aux limites humaines et environnementales. Voici 8 limites outragées :
1- Les fissures dues à la « corrosion sous contrainte » ( chaleur, radioactivité, malformations…) sont impossibles à réparer correctement.
2- Le réchauffement climatique rend encore plus inacceptables le refroidissement des réacteurs… et l’intense réchauffement direct qui en résulte. L’eau réchauffée part dans la Vienne avec des conséquences pour la santé de tous- humains et non humains : les « civelles »(= les anguilles) disparaissent tandis que les amibes responsables d’infections graves voire mortelles prolifèrent…
3 -Le Tritium passe au travers des filtres et se retrouve aux robinets de Châtellerault.
4- En cas de baisse du débit de la rivière, on parle de puiser dans la nappe, ce qui menace la qualité et la quantité de l’alimentation en eau au même titre que les méga-bassines.
5- Il n’y a pas de solution pour les déchets… refusés PARTOUT et en particulier à Bure.( manifestation nationale le 3 juin à Bure)
6- Le recours à la sous-traitance précarise les travailleurs et travailleuses : 9 dames de ménage de la Centrale de Civaux, font grève depuis le 10 janvier pour obtenir de meilleures conditions de travail.
7- Les instances de contrôles – l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) et l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) ne disposent que des données fournies par l’exploitant – EDF. Mais en plus, E.Macron vient de décider – après réunion de son « Conseil de politique nucléaire » – de les fusionner et de les placer sous l’autorité – militaire – du Délégué à la sûreté nucléaire, et, conjointement sous la dépendance du Commissariat à l’Énergie Nucléaire (CEA).
8- La guerre en Ukraine rappelle que la redoutable filière nucléaire devient en temps de conflit une cause de vulnérabilité …
Mais J-Marc Jancovici, avec sa BD record des ventes, rassure tout le monde: Pour lui, le nucléaire reste une énergie « propre » puisque « DÉ-CAR-BO-NÉE ! »
En mentant au sujet de ce seul critère, il oublie le poids social, écologique et économique de cette industrie. Son discours simpliste fait des adeptes, prêts comme lui à regarder les antinucléaires comme des réactionnaires passéistes. Ce jugement absurde se propage en rampant : il devient de plus en plus difficile de faire entendre un avis lucide.
Pour remettre les pieds sur terre, rappelons que depuis l’accident dévastateur de Fukushima le 11 mars, il y a 12 ans, l’Italie et l’Allemagne ont cessé par référendum de recourir au nucléaire mais Macron poursuit la traditionnelle politique française en la matière, militariste et antidémocratique.
Dans ce domaine comme dans tous les autres, il est urgent de changer le processus de décision en donnant plus de place au point de vue enraciné dans le vécu des personnes concernées.
Concernés par le nucléaire, nous le sommes tous et toutes, que nous l’acceptions ou pas : il est temps d’ouvrir les yeux et d’organiser le nécessaire et urgent front du refus !
note importante :
« Que nous apprend en effet cette nouvelle fissure ? Erreur de conception de cette tuyauterie (son design), une des causes de la corrosion sous contrainte, et erreur d’exécution et de fabrication, ce qui a obligé à forcer sur une soudure pour que les deux parties de la tuyauterie puissent être alignées. De plus, cette soudure a dû être refaite, entrainant ainsi des contraintes supplémentaires sur l’acier de la tuyauterie, ce qui est à l’origine de la nouvelle fissure découverte Penly.
Et ce cas n’est pas unique. Selon l’ASN, quelques 320 soudures, réparties dans d’autres réacteurs, seraient concernées par le même problème »