Les Amis de la Terre-Poitou et le collectif Sanit-86 :
26 avril : 34e anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl.
Une amie du collectif Sanit 86, anti nucléaire de longue date, nous dit : « Chaque année j’allais porter un bouquet dans la main tendue du soldat du square Carnot en qui je voyais la préfiguration des liquidateurs qui se sont sacrifiés pour limiter les dégâts. Cette année, à cause du confinement… je n’irai pas et pourtant, je suis plus que jamais inquiète ! »
Qui étaient les liquidateurs ?
Au total ce sont entre 700 000 et 1 000 000 de personnes, civils et militaires, issues des différentes républiques soviétiques, qui ont été mobilisées pour « liquider », c’est-à-dire rendre invisibles les conséquences de la catastrophe.
Les liquidateurs n’étaient pas informés des risques qu’ils couraient pour leur santé et pour leur descendance. Ils étaient très mal équipés. Le travail se faisait la plupart du temps à la main car les équipements électriques/électroniques se déréglaient ou tombaient en panne sous l’effet de la radioactivité. La nourriture était contaminée. Une circulaire du pouvoir soviétique a même interdit aux médecins d’associer, à la radioactivité et au travail des liquidateurs, les pathologies constatées (à l’exception du mal aigu des rayons)…
Et maintenant ?
La catastrophe est toujours en cours, les incendies sont là pour le rappeler. Mais les nucléocrates français soutiennent un programme qu’ils osent appeler « ETHOS » qui « responsabilise » les habitants dotés d’un compteur Geiger: s’ils chopent un cancer c’est qu’ils n’ont pas su l’éviter…
Et l’ASN, autorité de sûreté nucléaire, choisit ce moment- là pour nous proposer un site post accident nucléaire. Désormais totalement décomplexée, l’industrie nucléaire « favorise les initiatives locales pour permettre d’intégrer la gestion post-accidentelle dans un projet de territoire. »… « Ce site de sensibilisation a ainsi pour objectif de partager des expériences et leurs enseignements afin de susciter la réflexion, de faciliter l’engagement des acteurs locaux et d’accompagner les acteurs des territoires dans leur démarche de préparation. »
https://post-accident-nucleaire.fr/
Le confinement parait être le bon moment pour nous expliquer qu’avec certains gestes on va pouvoir « tous ensemble » réussir une gestion post-accident du nucléaire… Banalisons, c’est pour votre bien, braves gens, que voulez-vous faire d’autre contre l’inéluctable ?
Un médecin, lui aussi actif dans le collectif enchaîne : « Cette histoire de gestion post accidentelle fait penser à la crise actuelle. « Il y a une situation critique : le Covid 19? On va donc vous expliquer les mesures barrières… »
« Vous avez mal à la tête ? On va donc vous expliquer comment prendre du paracétamol ( mais surtout, on ne cherche pas la cause de ce mal de tête! ) » En médecine ça s’appelle le traitement symptomatique et non étiologique (de la cause).
Et si demain on essayait de s’attaquer aux causes de dysfonctionnements en tous genres plutôt que ces fausses bonnes idées de « post accident » ?
Pour le Covid, on ne savait pas. Donc la logique était de s’inspirer des crises précédentes qui nous avaient enseigné ce dont nous avons besoin ( ça s’appelle anticiper ) Ça n’a pas été fait, ça s’appelle de l’impéritie puisque les conséquences sont dramatiques notamment dans les EHPAD
Pour le nucléaire c’est pire, c’est criminel avec préméditation car personne ne peut dire qu’on ne sait pas ! On a Maïak (URSS) en 57, Santa Susanna (USA) en 59, Three Miles Island (USA) en 79 , Tchernobyl (URSS) en 86 , Fukushima (Japon) en 2011 pour ne citer que les plus graves, et de nombreux incidents ou « accidents à effet limité » en France- notamment Blayais en 1999 lors de la tempête -et en Espagne. Il ne s’agit donc pas de distribuer de l’Iode aux populations mais de réfléchir au plus vite comment se passer de cette source d’énergie. Et ceci est d’autant plus urgent que le pouvoir délègue la gestion de fonctionnement et d’entretien au privé dont on sait le peu de cas qu’il fait en général de la sécurité pour privilégier le profit ! »
L’actualité fait encore monter d’un cran notre inquiétude. Une association, Next up, soucieuse de la santé de nos co-citoyens dans des domaines assez mal pris en charge : la radioactivité, les ondes électromagnétiques, et maintenant le Covid 19, distribuait des masques et du gel. Elle vient de subir une perquisition injustifiée et brutale. Ça se passe dans la Drôme mais c’est partout en France que les « autorités » se préparent à réprimer : pourquoi sont commandés ces flash-balls, ces drones, pourquoi ces installations de 5G qui ne servent qu’à télécommander… des drones ? La répression n’attend même pas l’ombre d’un prétexte.
Les citoyens engagés dans le collectif Sanit 86 – dont les Amis de la Terre-Poitou – refusent de cautionner de tels abus de pouvoir. Nous sommes ensemble pour mettre en place un autre cadre où nous pourrons réellement, prendre nos responsabilités.
Pierre Fieuzal et Françoise Chanial