Ce mercredi, le mouvement des Soulèvements de la terre a été dissous en Conseil des ministres, sur proposition du Ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin. Alors que la société est traversée par l’impérieuse nécessité de l’action pour la protection des équilibres écologiques, le gouvernement décide de condamner celles et ceux qui luttent pour la défense du vivant. Les motifs de dissolution des Soulèvements de la Terre sont une défaite collective et un terrible aveu de faiblesse de la part de l’État, sur la forme comme sur le fond.
Tout d’abord, d’un point de vue juridique, la dissolution des Soulèvements de la terre interroge en effet. Viscéralement attaché.es au droit, nous rappelons que libertés de manifestation et d’expression, à travers des marches festives et des lieux de débat notamment sont protégées par la Constitution. Les multiples arrestations de ces derniers jours de militants écologistes par la sous-direction anti-terroriste confirme une volonté de la part du gouvernement de criminaliser toute forme d’opposition. Ce déploiement de force relève d’effets d’annonce qui seront questionnés devant la justice quant à leur légalité.
France Nature Environnement et les Soulèvements de la terre ne travaillent pas de la même façon. Les associations du mouvement France Nature Environnement luttent contre des décisions publiques illégales et contre les dégradations environnementales. Elles sont parfois rejointes par les Soulèvements de la terre. Empêcher ces actions en les résumant à des actions violentes de destruction et en les réprimant avec des moyens de lutte anti-terroristes constitue une caricature inadmissible de nos actions et ne règle en rien les questions de fond posées.
France Nature Environnement dénonce aussi le “deux poids deux mesures” en matière d’environnement. Qu’en est-il des agressions que subissent nos bénévoles et nos organisations, qui revendiquent des actions non-violentes ? Pourquoi leurs agresseurs ne sont pas arrêtés et condamnés ? Pourquoi laisse-t-on par exemple des dizaines de représentants de l’agriculture productiviste proférer des menaces de mort, dégrader nos maisons de la nature, user de la violence au quotidien sans jamais être inquiétés ? Pourquoi les forces de l’ordre n’interviennent pas quand on leur demande de protéger nos équipes ?
L’Etat, au lieu de s’acharner sur les militantes et militants écologistes, devrait plutôt entendre et comprendre les manifestations qui se multiplient, et qui sont autant d’appels à renouer avec la responsabilité publique de proposer les solutions collectives et sociales face à la destruction de nos écosystèmes et se diriger enfin vers un modèle de sobriété.
Pour Antoine Gatet, président de France Nature Environnement, « Face à cette multiplication des obstacles à l’engagement écologique, nous continuerons à mener le vrai combat : celui de la protection de l’environnement, via notre travail de terrain mais aussi nos procédures contentieuses contre celles et ceux qui portent véritablement la responsabilité des violations du droit de l’environnement. »