section PCF Châtellerault Loudun :
Le rapport rendu en Juillet 2023 par la Chambre Régionale des Comptes ( CRC) sur la gestion du CHU de Poitiers pour la période 2018-2022 ; peut laisser paraître une bonne santé financière de l’établissement ; donc , en apparence une bonne santé tout court !
Mais , derrière les chiffres, la CRC pointe dans ce même rapport, un programme d’investissements sous réalisé (39M€ SUR 70M€ prévus en moyenne annuelle) et « une activité médicale en baisse continue singulièrement en période estivale et en fin d’année » ;
Il précise : « le CHU n’a pas ,en 2022 retrouvé le niveau d’activité de 2019 » et ce , malgré « l’apport d’activité dû à la fusion avec le GHNV ( Châtellerault soit + 15 % d’activité) ».
Tous les secteurs étudiés sont dans ce cas , entre 2019 et 2022 :
– 12 % en chirurgie
– 26 % en Soins de Suite Réadaptation
– 11,3 % en Unité de Soins Longue Durée…
Cette diminution d’activité est « plus forte sur les sites concernés par les fusions que sur le site historique ( La Miletterie) du CHU ».
Ce qui bat en brèche l’argumentation développée tant par l’Agence Régionale de Santé (ARS) que les directions des établissements et nombre de Maires ou élus locaux quant aux bienfaits de la fusion pour l’accès aux soins sur le territoire.
En clair , « l’offre de soins » a globalement diminué entraînant de facto une moindre prise en charge des patients .
Ceux ci le savent bien qui doivent subir :
– les déprogrammations d’interventions en raison soit de l’absence d’anesthésiste soit du départ des praticiens vers le privé,
– la fermeture « temporaire « du service de cardio à Châtellerault , jamais ré ouvert,
– l’impossibilité à répétition,sur Châtellerault, d’accoucher ou d’une prise en charge en soins intensifs faute, là encore d’anesthésiste ,
– sur Loudun et Montmorillon un désert médical grandissant et dangereux.
Ce qui est en cause est donc bien la politique dégradée menée, depuis de longues années, dans le domaine de la santé au nom d’une sacro-sainte rentabilité financière ; politique menée avec zèle sous la houlette des Agences Régionales de Santé par certains directeurs d’établissements dont celui de Poitiers.
Politique reconduite par l’actuel gouvernement qui vient encore d’imposer à coup de 49-3 le Projet de Loi de Finance de la Sécurité Sociale( PLFSS) pour 2024 ,lequel ne répond en rien aux besoins existants en la matière.
En réduisant de façon drastique l’accès aux formations de médecins, d’infirmier-es , d’aide- soignants durant des décennies alors que les départs en retraite sont prévisibles à long terme ; en créant des conditions de travail insoutenables pour les personnels, en n’entendant pas l’urgence de revaloriser ces professions, en fermant sous des prétextes variés les lieux de soins publics ,en financiarisant le soin dans toutes ses composantes, les gouvernements se sont acharnés à démolir de façon réfléchie et organisée notre système public de santé .
Mus par leur obsession de réduire les « dépenses remboursées de santé » ils ont, dans le même temps, détruit le réseau d’accès aux soins y compris libéral qui maillait le territoire national créant des « déserts médicaux » dont les populations subissent les réalités quotidiennes parfois dramatiques.
Ainsi, pour prendre ce seul exemple, depuis 2015, le taux de mortalité infantile augmente en France et est aujourd’hui supérieur à la moyenne Européenne !
Ce bulletin de santé financière apparemment positif du CHU, loin de nous rassurer, doit , au contraire, nous conduire à nous rassembler pour exiger, dans le domaine de la santé comme tant d’autres, une politique nationale ambitieuse , dotée de moyens financiers sans précédents pour tenter de remettre sur pied un réseau national de soins à la hauteur des besoins et des possibilités médicales les plus innovantes.
EN CE DOMAINE, IL Y A URGENCE !