Communiqué du PCF86
19.11.24
Depuis un an rien n’a changé, la colère des agriculteurs n’est pas retombée et refait surface après une année particulièrement difficile pour la plupart des productions avec notamment des conditions climatiques défavorables et plusieurs épizooties.
Rien n’a changé et pour cause… Les dirigeants des “syndicats” libéraux et productivistes (FNSEA et JA notamment) qui avaient repris à leur compte le dernier mouvement agricole s’étaient réjouis d’avoir obtenu ce qu’ils voulaient en dictant au dernier gouvernement sa loi d’orientation agricole autant que les derniers compléments annoncés par Annie Gennevard. Des mesures vers toujours plus de libéralisation et d’intégration au marché international, toujours plus au service des profits de l’agro-industrie contre le travail et les revenus des paysans, qui continueront donc à disparaître.
Avec les politiciens de droite et d’extrême-droite qui dirigent le pays depuis la majorité ou en opposition de façade, ils n’ont pas assez de mots pour soutenir les agriculteurs. Mais ce sont bien leurs politiques qui mettent les paysans à genoux devant les profits du capitalisme agro-industriel.
Où est passée l’exigence de revenus dignes pourtant à la base de la colère ? Lorsqu’Emmanuel Macron avait fini par évoquer la mise en place de prix minimums garantis, historiquement revendiquée par la gauche et les syndicats agricoles progressistes, la FNSEA s’est tue et a demandé aux agriculteurs de rentrer dans les fermes !
C’est aussi maintenant la signature annoncée du traité de libre-échange avec le Mercorsur qui cristallise la contestation. L’importation massive et la mise en concurrence des éleveurs de part et d’autre de l’Atlantique continuerait à tirer les prix vers le bas et avec eux les conditions de travail et sanitaires pour ces filières d’élevage. La France et l’Europe doivent le refuser, comme l’exige la tribune transpartisane à l’initiative du communiste André Chassaigne et signée par 209 parlementaires.
Sans changement de cap franc, la crise et le conflits ne peuvent que s’approfondir. D’autant qu’à l’autre bout de la chaîne, les méfaits du système se font de plus en plus visibles et intolérables : eau empoisonnée, nourriture de piètre qualité lorsqu’elle n’est pas à un coût prohibitif, paysages sans vie et incapables d’absorber les excès climatiques croissants…
L’adversaire de l’agriculteur.ice, n’est ni l’administration, ni l’immigré, ni l’écologiste, mais bien le libéralisme. Ainsi, le parti communiste de la Vienne invite les agriculteur.ices manifestant.es à entrer en dialogue avec les autres travailleurs.ses en lutte pour leurs emplois, leurs conditions de travail. Elles.eux aussi sont livré.es aux ravages du capitalisme, faisons converger les luttes.
Le PCF formule des propositions pour avancer vers un modèle agricole vertueux, rémunérateur pour les paysan.nes, sain et bon pour la population et l’environnement. La transformation agroécologique de notre agriculture ne peut plus attendre, elle demande des filets de sécurité publics, une formation exigeante et un accompagnement des producteurs :
-Etablir démocratiquement des prix planchers qui couvriront les coûts de production des producteur.ices. Encadrer les marges des intermédiaires et de la grande distribution.
-Réformer la Politique Agricole Commune (PAC) avec notamment des aides à l’actif et non à la surface.
-Annuler les accords de libre-échange (notamment le CETA et l’accord avec le Mercosur) et porter de nouveaux accords de coopération qui interdisent l’importation des productions ne respectant pas nos normes sociales et environnementales.
-Créer un régime public d’assurance et de gestion des risques climatiques, sanitaires et environnementaux, géré par les agriculteurs et l’Etat et non des assureurs privés.
-Porter toutes les retraites agricoles au niveau du SMIC
-Prélever les profits de l’agro-industrie et de la grande distribution pour développer une restauration scolaire et collective accessible à tou.tes et avec des produits locaux et de qualité.
-Installer des centaines de milliers de jeunes agriculteur.ices en investissant dans l’enseignement public agricole et en leur permettant l’accès au crédit à taux négatif sur critères sociaux et écologiques.
-Soutenir l’agroécologie, encourager la conversion en bio des exploitations en reprenant leur dette dans une caisse nationale et garantir un débouché aux produits bio dans la restauration collective.
-Construire un plan efficace de sortie des pesticides avec accompagnement technique et financier des paysans concernés.
-Soutenir l’élevage herbager et sortir du modèle des fermes-usines comme à Coussay-les-Bois.
-Annuler les projets de méga-bassines et gérer l’eau démocratiquement.