Confédération Paysanne 86
« Les derniers bulletins de situation hydrologiques diffusés par Météo France le 1er mars et par le Bureau de recherches géologiques et minières le 11 mars sont inquiétants. La sécheresse hivernale, caractérisée par un déficit de précipitations efficaces en janvier et février 2022 se traduit sur une grande partie du pays par un assèchement des sols et une baisse des niveaux des nappes phréatiques. La tendance ne devrait pas s’améliorer à court terme (Météo France prévoit un printemps plus chaud et sec que la moyenne), laissant craindre une sécheresse estivale similaire à 2019.
La situation est particulièrement préoccupante dans beaucoup de départements et particulièrement dans la Vienne. Un arrêté de la préfecture de l’été 2021 interdisant le remplissage des plans d’eau par des eaux de surface ou par pompage dans les nappes n’a pas été levé de l’hiver faute de précipitations suffisantes,
Une situation de plus en plus courante qui inquiète le monde agricole puisque dans ce contexte, le rechargement en eau dans les sols, les zones humides, et les nappes phréatiques risque d’être insuffisant pour assurer les besoins en prélèvement d’eau dont les cultures auront besoin cet été. Ces constats confirment une nouvelle fois la réalité du changement climatique et la nécessité d’une répartition équitable de l’eau ainsi que d’une irrigation compatible avec les écosystèmes.
A rebours de cette évidence, une partie de la profession préconise le développement de mégabassines censées se remplir avec l’eau abondante des nappes phréatiques de l’hiver et permettre de continuer à irriguer massivement en été malgré le changement climatique. De son côté, le gouvernement s’entête à promouvoir des mesures visant principalement à accélérer le stockage de l’eau : constructions de méga-bassines, recensement et remise en service de retenues existantes, renforcement du rôle des préfets pour reprendre la main et accélérer les procédures de concertation, etc.
Cet hiver 2022 nous montre que ce système porté par le gouvernement et certains syndicats agricoles est un mirage qui risque de nous mener droit au mur. De surcroît, remplir et vider des bassines nécessite beaucoup de consommation d’énergie en cette période de réflexion sur nos ressources. S’adapter au changement climatique ne peut se traduire par le développement du système actuel.
La Confédération paysanne est plus que jamais déterminée à lutter pour une répartition équitable de l’eau au service d’un autre projet agricole et alimentaire. Nous défendons une agriculture qui préserve la ressource en eau pour s’adapter à la réalité du changement climatique. Nous défendons une agriculture qui partage la ressource en eau pour installer plus de paysannes et de paysans. Nous donnons ainsi rendez-vous pour une nouvelle mobilisation, encore plus massive, à l’occasion du week-end maraîchin du 25 au 27 mars dans les Deux-Sèvres. »