Homo – Tel des sapiens sous cellophane nous habitons un monde qui s’emballe. La grande transformation est atteinte, notre domestication est totale. L’amélioration encensée par les experts nous a conduit à plastifier l’environnement. A l’origine récolteurs nous sommes devenus extracteurs.

Faber – L’oisiveté des anciens a laissé place à la comptabilité des modernes. Avec les horloges, l’abstraction marchande nous a fait passer de la subsistance au profit. Avec les machines, les désirs des bourgeois sont devenus ceux des firmes. Colonisez, triez, nous sommes aujourd’hui désencastrés.

Brule – Nous pistons donc, au milieu d’un champ de cendres, les dernières carcasses putrifiées à la recherche d’un shot de dopamine. Tel des chasseurs-cueilleurs jouant avec la flamme de leurs briquets, nous exploitons une planète en feu. Atomisez, carbonisez, nous sommes désormais affamés.

Son monde – Notre existence n’est que le rouage d’une méga-machine mondialisée. La répétition routinière de nos désirs individuels nous force à n’être que des rats satellisés. La société du spectacle nous divertit à la cadence des rires des bouffons. Remplacez, formatez, nous sommes internetisés.

Dans quel état errons-nous ?

Pulvériser – La civilisation mécanique vient donc de parvenir à son dernier degré de sauvagerie. Sa puissance est incommensurable et son impact est géologique. L’empreinte des ombres projetées par la luminosité de la bombe en est la marque atomique. Nous sommes devenus des exterminateurs.

Les Champs – Le capital est devenu capitale et la monnaie virtuelle. Le chant des oiseaux et des paysans, le partage des savoirs communs entre habitants sont aujourd’hui révolus. La contrainte n’étant plus physique difficile de se limiter. Acculturez, uniformisez, nous sommes aujourd’hui monétisés.

Limite – La verticalité du temps devient notre convention, la mort oppresse notre perception. Contre cet état de fait, notre solidarité biologique fait germer un refus de domination. A cœur battant, nous passons du rationnel au raisonnable. Nous désarmons la machine et agissons pour se lier et se relier.

Les mauvaises herbes – A la hiérarchie, la répression et l’aliénation, nous opposons l’humanité, le soulèvement et l’autogestion. Nous basculons du tourisme de l’information au voyage de l’être. Tel un rhizome inaliénable, nous affirmons le goût d’inventer et d’expérimenter de nouvelle façon d’habiter.

Aux archipels.

Abel Tocallu

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« Quand d’un magma informe soudain naît un ordre, quand une obscurité soudain s’éclaire ou s’illumine…» Alexander Grothendieck, La Clef des songes, 1987.

Rédaction

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