« Les élèves, les parents d’élèves et l’ensemble de l’équipe pédagogique et éducative du collège Jean Moulin de Poitiers s’alarment du sort réservé à 4 élèves étrangers scolarisés dans cet établissement.
Au début du mois de mars, l’équipe pédagogique a appris la mise à la rue de 2 élèves, mineurs isolés, jusqu’ici pris en charge par l’Aide Sociale à l’Enfance de la Vienne. Remettant en cause leur statut de mineurs, l’ASE les a congédiés du jour au lendemain sans aucune solution de relogement. Sans la solidarité du réseau enseignant, ces deux jeunes auraient dû dormir à la rue. Au même moment, un élève de 4ème et l’ensemble de sa famille se sont vu signifier une Obligation à Quitter le Territoire Français (OQTF). Cette procédure annonce une arrestation imminente et une expulsion du territoire. Enfin, un élève roumain scolarisé en classe de 5ème, risque également de se retrouver sans domicile : sa famille est sur le point d’être expulsée de leur lieu de résidence sans aucune solution de relogement. Comment un enfant ou un adolescent peut-il poursuivre sereinement ses études dans de telles conditions ? L’ensemble de l’équipe éducative et les parents d’élèves veulent affirmer leur solidarité envers les élèves menacés et leur indignation que de telles situations continuent d’exister aujourd’hui en France.
Par ailleurs, elle tient à souligner l’assiduité de ces 4 élèves ainsi que leur bonne intégration au sein de leur classe. Leurs situations sont certes, toutes très différentes mais se rejoignent par le sentiment d’injustice et de révolte qu’elles provoquent auprès des autres élèves, des parents d’élèves et de l’équipe pédagogique. Cette décision leur paraît en totale contradiction avec les valeurs de justice, d’égalité, des droits des enfants auxquelles ils sont fortement attachés. L’article 3.1 de la Convention Internationale relative aux droits de l’Enfant, ratifiée par la France, précise en effet que ”dans toutes les décisions qui concernent les enfants, qu’elles soient le fait des institutions publiques ou privées de protection sociale, des tribunaux, des autorités administratives ou des organes législatifs, l’intérêt supérieur de l’enfant doit être une considération primordiale.”
Les élèves, les parents d’élèves et l’ensemble de l’équipe pédagogique et éducative du collège souhaitent que le droit s’applique à tous, que ces élèves cessent d’être menacés, puissent être logés dans des conditions dignes et vivre normalement. »
Poitiers, 26 mars 2018
Photos du rassemblement à l’appel de DNSI du 04/04/2018