« Qu’allons nous faire samedi à La Rochelle ? 

Les manifestations anti-bassines ont eu lieu jusqu’alors dans les champs. Celle du samedi 20 juillet sera en ville et en bord de mer. En marchant sur le Port et en bloquant ses flux, en pointant du doigt ses multinationales et ses méga-coopératives, elle se donne pour ambition de remonter à la source des dynamiques d’accaparement. 

Rendez-vous à 10h dans une ambiance de fête et de carnaval. Ramenez vos enceintes et instruments de musique pour faire danser les cortèges. Venez costumés, déguisés, en bleus de travail. Ensemble nous nous étalerons en plusieurs cortèges dans des ambiances musicales diverses (classique, rap, pop et techno) et sur des thèmes politiques variés (écologie, luttes décoloniales, etc.). Nous déambulerons joyeusement pour encercler le port et bloquer ces flux. La simple annonce de notre présence présage déjà un ralentissement de ses activités et un impact économique significatif. 

Notre but n’est nullement de rentrer coûte que coûte dans l’enceinte du port. Nous ne projetons pas de nous introduire sur des sites SEVESO et la base militaire. Nous voulons simplement établir différents points de blocages festifs aux alentours et tenter une approche par la mer pour visibiliser le site. A toutes celles et ceux qui aiment naviguer, nous vous invitons à prendre vos gilets de sauvetage et à ramener vos kayaks, paddle, et autres engins de plage pour constituer un cortège marin ! 

B – Pourquoi confluer massivement vers le Port ? 

1 – Le port, ses profits et son agrandissement sont à la source de la construction des méga-bassines : Le port est le dernier maillon de la chaîne irriguée par les méga-bassines. Dans le Poitou, l’eau utilisée pour l’irrigation agricole est principalement destinée aux cultures de céréales intensives comme le blé et le maïs. Celles-ci sont massivement exportées. Le Port de La Pallice est le deuxième port exportateur de céréales du pays. La prolifération des projets de méga-bassines en amont (Deux-Sèvres, Vienne, Charentes-Maritime) et l’agrandissement du port en aval (prévu pour 2025) sont les deux faces d’une même pièce. En amont, l’agro-industrie assèche les nappes, les cours d’eau et les rivières. En aval, elle racle les fonds marins d’une zone Natura 2000. En amont comme en aval, elle le fait au mépris des avis du Conseil National pour la Protection de la Nature et des réglementations environnementales en vigueur. L’agro-industrie accapare et privatise l’eau,  marchandise l’alimentation. Comme le dit lui-meme le directeur de l’entreprise Soufflet, les négociants en céréales qui investissent dans l’aggrandissement du port comptent sur les méga-bassines pour des cultures toujours plus intensives à même de rentabiliser leurs nouveaux silos. Pour stopper les méga-bassines, nous devons cibler ses multinationales et méga-coopératives, véritables responsables et bénéficiaires de ce système. 

2 -Le port et ses flux alimentent une agro-industrie qui ravage le territoire et fait disparaître les paysans : Au croisement des importations croissantes de soja et des exportations massives de céréales, des flux de pesticides et d’engrais chimiques, le port est un rouage stratégique de l’accaparement des terres, de l’eau, et de la valeur du travail agricole. Dans le système bassines, les irrigant-e-s sont bien peu de choses à côté des grosses sociétés qui les exploitent et les enserrent dans une dépendance économique et technique. Jadis aux mains des producteurs, les méga-coopératives sont elles aussi passées sous le contrôle de la finance. Ensemble, elles dépossèdent les agriculteurs de leur revenu et de leur autonomie. Elles soumettent leur travail au libre échange et aux intérêts privés des fonds spéculatifs. Elles plongent les paysanneries du monde dans une concurrence impitoyable. Elles poussent à une course folle au rendement et à l’agrandissement qui sur-spécialise nos territoires agricoles, détruit la polyculture élevage et ravage la diversité des terroirs et des paysages. Elles empoisonnent la terre et l’eau. Elles font disparaître le métier de paysan et la biodiversité. 

3 – Le port et ses silos géants sont un instrument de la spéculation financière sur les produits de première nécessité : Les silos géants sur le port sont de gigantesques stocks spéculatifs. Derrière l’opacité de ces cathédrales de béton se dissimulent des mécanismes de spéculation mortifère sur notre alimentation de base. Le blé, notamment, devient un vulgaire titre en bourse. Il appartient aux coopératives dès sa sortie de la ferme. Il est vendu et revendu à de multiples reprises sans même avoir à bouger des silos. Il est soumis aux fluctuations boursières de Chicago et de Paris. Tandis que les revenus des agriculteurs se réduisent à peau de chagrin, les profits de la spéculation explosent. En France, il existe trop peu de régulation des prix pour contre-carrer ces logiques spéculatives, de dispositifs publics pour stopper l’inflation galopante du prix du pain et des pâtes. Depuis le COVID 19, la hausse fulgurante du prix des aliments de base enfonce de nombreux foyers dans l’insécurité alimentaire. Que la FNSEA et l’agro-industrie cessent de nous faire croire qu’ils nourrissent le monde quand ils gavent les actionnaires ! Dans un système de surproduction alimentaire et de gaspillage organisé, la faim et les famines ne résultent pas d’une trop faible production agricole. Elles sont le produit des guerres et des inégalités sociales. 

4 – Le port est un outil majeur de l’extractivisme néocolonial : La moitié des flux du port alimentent le complexe agro-industriel, l’autre moitié est due à l’industrie du pétrole. Le port est le cataylseur d’un capitalisme fossile qui nous fait foncer tout droit dans le mur du bouleversement climatique. On y retrouve pêle-mêle : Total, la CMA-CGM, Lafarge, et bien sûr Bolloré. Celui-ci ne se contente pas d’intoxiquer nos esprits avec sa propagande néo-fasciste, il intoxique le monde avec ses industries ! Bien qu’il ait récemment cédé ses parts ainsi que sa branche logistique pour renforcer le pôle média de son groupe ; il a été l’un des principaux investisseurs de l’agrandissement du Port de La Rochelle où il est toujours bien présent via son pôle énergie. Jadis, c’est le port négrier qui a fait la fortune des négociants rochelais. Aujourd’hui, la fortune de Bolloré est directement issue du pillage de l’Afrique, de la deforestation et de l’huile de palme, tandis que Total exproprie massivement pour construire un pipeline en Ouganda. Le pillage néo-colonial se poursuit.

Que voulons nous ?

Nous voulons un moratoire sur les méga-bassines et l’arrêt immédiat des chantiers. Nous voulons remettre nos communs que sont l’eau et la terre entre les mains des paysan-nes et des habitant-e-s, seul-e-s à mêmes de décider comment les préserver et les partager. Nous voulons constituer des stocks populaires de céréales aux mains des paysan-nes et des ouvriers, des producteurs et des consommateurs. Nous voulons mettre fin à la spéculation et à l’accaparement.  Nous voulons sortir nos fermes du surendettement et de la dépendance aux intrants qui nous détériorent psychiquement et physiquement. Nous voulons l’accès à l’alimentation, à l’eau et à la terre pour tous-tes, quelle que soit leur condition sociale, leur pays d’habitation et  leur origine.  Nous voulons un internationalisme paysan et des échanges solidaires entre nord et sud pour enclencher une bascule agro-écologique sur les deux rives de la Méditerranée. Cette bascule n’aura pas lieu sans mettre au pas les accapareurs capitalistes ! 

Enfin – dans un contexte de confiscation démocratique du pouvoir par un macronisme forcené – nous voulons que cette manifestation réunisse celles et ceux qui s’opposent au régime. Dans la lignée des rassemblements politiques et syndicaux du 14 et du 18 juillet, nous vous appelons à confluer de toute la France pour une manif fleuve afin de bloquer un site économique stratégique. Nous espérons ainsi donner à cette manifestation des airs de répétition générale pour le mouvement social, écologiste et anti-raciste que nous devrons construire ensemble à la rentrée face à Macron. 

La coordination de la mobilisation « stop méga-bassines »« 

Rédaction

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