Iñigo Errejón a conquis son public mercredi 07 mars 2018 aux salons de Blossac à Poitiers. Devant une assemblée essentiellement composée de jeunes étudiant-es du campus euro-latino-américain de Science Po, le jeune député de Podemos (État espagnol) a capté son auditoire grâce à ses talents d’orateur.

Qui est-il ?

A la fois homme politique (député et secrétaire au parti espagnol Podemos) et chercheur (il a notamment fait sa thèse sur la naissance du parti bolivien « Movimineto al socialismo », le parti d’Evo Morales), Errejón est donc d’un genre hybride et navigue entre les travaux académiques théoriques et son activité d’homme politique actif, membre fondateur d’un « nouveau parti » issu du mouvement social et populaire des indigné-es.

Dans quel cadre est-il venu ?

Kevin Parthenay, le directeur des études du campus Science Po de Poitiers, a présenté la conférence

qui était à l’initiative de deux étudiants : ils avaient invité I. Errejón et avaient choisi le thème de la conférence : « Crisis de hegemonía y situación populista en el sur de Europa. El caso de España »

Qu’a t-il dit ?

La conférence a tourné autour du concept d’hégémonie ou plutôt de la crise de l’hégémonie politique au sud de l’Europe. Les grands partis politiques traditionnels ne semblent plus légitimes. Ils ne remportent plus l’adhésion puisqu’ils se montrent incapables de satisfaire l’intérêt général, de construire un horizon d’attente commun, de proposer une utopie politique à laquelle les citoyen-nes auraient envie de croire. A cette crise de la légitimité des grands partis s’ajoute la crise de prestige de l’homme politique : ce dernier ne serait plus un modèle à suivre, un homme que l’on admire pour ses principes mais plutôt un « technicien » qui applique sans cesse les mêmes projets, les mêmes recettes. Face à l’impossibilité pour une grande majorité des citoyen-nes de s’élever dans l’ascenseur social, face à la crise du travail qui ne permet plus à l’individu de se définir par son identité professionnelle, Errejón fait le constat d’une rupture du contrat social. Les élites politiques ne garantissent plus les droits des citoyen-nes, ne les protègent plus voire même font passer leurs intérêts particuliers devant l’intérêt général. On comprend dès lors la défiance qui règne de nos jours vis à vis des institutions politiques….

L’enjeu, selon Errejón, est donc de restaurer le lien de confiance entre les citoyen-nes et la sphère politique. Comment ? En renforçant la séparation des pouvoirs, en encourageant le pluralisme, signe de bonne santé politique, et en développant les institutions qui garantissent le respect de l’intérêt de la majorité. En trouvant une voie intermédiaire entre la dérégulation économique et l’autoritarisme…

Le discours a donc été très théorique tenant plutôt de l’exercice philosophique (quel type d’Etat voulons-nous ? Sur quels principes fonder la communauté nationale?) que de la ‘ »real politik ».

Les questions posées par la salle à l’issue de la conférence se sont révélées à l’inverse très concrètes et pragmatiques : la contestation du pouvoir de Maduro au Vénézuela, l’occultation des problématiques sociales en Espagne en raison de la prépondérance des questions liées à la crise catalane et enfin, la question des droits des travailleurs et travailleuses sexuelles….Il aurait fallu une autre soirée pour aborder dans le détail tous ces questionnements…mais une chose est sûre, si les citoyen-nes n’ont plus confiance dans les politiciens, cela ne les empêche pas de continuer à s’intéresser au débat politique, de se l’approprier et ça, c’est plutôt rassurant !

Marie Quesney

(photos : Emmanuel Garnier)

Rédaction

2 thoughts on “Iñigo Errejón, leader de Podemos, à Poitiers : la politique, entre discours théorique et réalités sociales…

  1. Err. dénonce « l’impossibilité pour une grande majorité de s’élever dans l’ascenseur social »… et si c’était l’ascenseur le problème ? ne vaut-il pas mieux dissocier « identité » et « profession »? La profession n’est qu’un MOYEN de s’insérer mais le BUT c’est de donner à tous une égale considération. Chacun définit ses BESOINS, à satisfaire sobrement et équitablement. Les moyens doivent être seconds, soumis aux besoins. Actuellement c’est l’offre de moyens super puissants qui permet de concentrer le pouvoir dans les mains des géants de la décision et de la distribution.
    1ère étape révolutionnaire : se réapproprier nos besoins localement… en oubliant pas que les besoins et les désirs immatériels se partagent, eux, sans limites !
    Fr/argile

  2. en n’oubliant pas ( avec n’) : ma « profession », consiste à respecter, autant que possible,les règles de grammaire encore en vigueur ! 😉

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