Inutile de se cacher les yeux, les prochaines échéances électorales et les élections municipales à Poitiers en particulier se préparent aujourd’hui. Ou pour le moins, nous en sommes au prélude…
Un tour d’horizon s’impose
La situation issue de la dernière période électorale, des présidentielles aux législatives, marquent aussi le terrain des rapports de force locaux. L’actuelle majorité municipale constituée autour de « Poitiers Collectif » et des écologistes qui en forment le cœur (avec le PCF local en appoint) n’échappera pas à l’existence de la NUPES. Ce cadre électoral a permis l’élection de 150 député.es, uni.es autour d’un programme partagé, (même avec ses limites) mais la campagne municipale de 2020 a marqué les esprits avec un résultat qui a mis en lumière les divergences pour ne pas dire les oppositions au sein de la gauche, écartelée entre « Poitiers Collectif » et « Osons 2020 » . Avec la victoire finale et inattendue des premiers, (Claeys a plus perdu que « Poitiers Collectif » a gagné…) sans que cela ait « soldé » les déchirements et l’amertume issus du refus d’un accord politique pour fusionner les deux listes. Accord écarté par l’actuelle majorité (par « sectarisme » ?) et dont les traces, sensibles, sont toujours bien présentes.
Les présidentielles sont passées par là
Avril 2022 : échec cuisant de Yannick Jadot (7 % à Poitiers), de Fabien Roussel (2,6 %), et « triomphe » de Jean-Luc Mélenchon (34,4 % avec des pointes à plus de 40 %). Ne parlons pas d’Anne Hidalgo à 2,4 % dans une ville dirigée depuis des décennies par deux maires socialistes…
Entre municipale 2020 et présidentielle 2022, la question des prochaines élections va se poser avec de plus en plus d’acuité au fur et à mesure que nous approcherons de l’échéance. Le récent congrès d’Europe Ecologie Les Verts donne quelques signaux révélateurs : affirmation « identitaire » de la motion de Marine Tondelier (signée par L. Moncond’huy) où en vue des Européennes, il est affirmé avec force qu’EELV sera bien présente. Pas d’évocation de la NUPES sauf dans la motion finale de synthèse. Du côté des oppositions municipales qui se résument aux (faux ?) « frères ennemis » Claeys/Brottier, on tente de se préparer à l’échéance à venir… avec Sacha Houlié en embuscade qui aurait des ambitions municipales (son entretien à la Nouvelle République du 16 décembre n’est pas anodin). S’agit-il d’ailleurs d’ambitions locales quand on se voit déjà un destin national ? Il a cependant un avantage : avoir un pied dans la porte de la mairie grâce à son collègue macroniste Anthony Brottier qui tente consciencieusement d’exister. Grâce surtout au soutien récent de… l’ancien maire de Poitiers, Alain Claeys qui ne se remet toujours pas de sa défaite de 2020. Car les soutiens appuyés de l’ancien maire socialiste, de Jacques Santrot (maire socialiste pendant 31 ans !) et de Catherine Coutelle, ancienne députée socialiste de la circonscription de Poitiers 2 ont été décisifs pour la victoire de S. Houlié aux législatives de juin 2022. Les réseaux, même affaiblis ont du bon, surtout quand on a été aux manettes pendant des décennies : un brevet « de respectabilité » qui a permis d’assurer le petit matelas de voix suffisant pour conserver la circonscription au macronisme. Mais il s’en est fallu de peu que le duo Valérie Soumaille/Aladin Levêque ne permette à la NUPES de prendre la circonscription ! Comme quoi, il y avait bien le feu !
Houlié : combien de divisions ?
Un bémol néanmoins aux ambitions supposées de l’ancien étudiant « strauss-kahnien » : sur les bureaux poitevins de la circo 2, le député Houlié est nettement minoritaire au 2ème tour avec 1 300 voix de moins que Valérie Soumaille. Sur les bureaux poitevins de la circo 1, c’est 1 600 voix de plus pour Lisa Belluco. Ce sont les communes périphériques, Mignaloux-Beauvoir, Ligugé, Saint Benoit et surtout Fontaine le Comte (« fief » de Brottier) qui ont permis au macroniste de creuser l’écart avec moins de 1 000 voix au final. Parlons aussi de l’échec du même Houlié aux départementales de 2021, déjà minoritaire sur les bureaux poitevins… ça commence à faire lourd.
Poitiers 2026 : c’est quand qu’on va où ?
Retour à Poitiers, la question principale demeurant : comment articuler l’existence dans la durée de la NUPES, le travail commun réalisé à l’Assemblée Nationale et dans les circonscriptions de la Vienne, malgré les obstacles multiples (49-3, turbulences et rapports de force au sein et entre les partis composant la NUPES,…) et la perspective des prochaines municipales ? Comment imaginer que l’on puisse avoir de nouveau plusieurs listes de gauche dans la même ville ? Quel(s) accord(s) possible(s) entre les différentes forces en présence ?
Entendons-nous bien : la perspective de listes convergentes entre l’ancien maire de la ville et les macronistes n’est pas qu’une vue de l’esprit. On se connaît bien, on est souvent issu de la même matrice « socialiste » locale, (Houlié en tête) on souhaite ardemment faire chuter les élu.es écologistes « toléré.es » et utiles… quand elles.ils sont en position de « subalternes » . Pour cela, tous les coups seront permis et les alliances de circonstance d’autant plus probables quand on a déjà des prises de position communes : pour les bassines, contre les subventions à Alternatiba (contre celles et ceux qui prônent la « désobéissance civile ») ou encore sur l’absence de « lignes fortes » dans l’action municipale de l’équipe en place… Le tout sur fond de disparition de « LR » à la mairie.
Et rappelons encore que l’un a bien appelé à voter pour l’autre, dénonçant « l’extrémisme » de la NUPES, dont le PS est membre… Et justement, que sortira t-il du congrès de Marseille du Parti Socialiste en janvier 2023 ? Et que se passe t-il au sein du PS poitevin ?
Reste à faire mentir les (mauvais ?) augures…
Camille D.