Après les circonscriptions 1 et 2, retour sur les 3 et 4 : nord et sud Vienne. Dans les deux cas, une même situation : la présence au second tour des deux députés macronistes sortant et de deux candidat.e.s RN dont l’un déjà là en 2022 sur la 3ème. Les deux sortants Pascal Lecamp sur la 3 et Nicolas Turquois sur la 4 doivent une fière chandelle au Nouveau Front Populaire pour leur réélection. Sans doute encore davantage pour N. Turquois, très menacé par la présence d’une nouvelle candidate RN, Hager Jacquemin, une proche d’Edwige Diaz, (elle est son attachée parlementaire !!!) députée RN de Gironde et figure montante de l’extrême-droite en Nouvelle-Aquitaine. Nul doute que cette dernière sera candidate et tête de liste pour les prochaines élections régionales prévues… en mars 2028 ?
Quant à H. Jacquemin, promue secrétaire départementale du RN86, elle ne fait pas l’unanimité, c’est le moins que l’on puisse dire, rétrogradant au passage Kevin Courtois, secrétaire départemental sor…ti.
Le second tour en 2024 sur la circo 4 (54 % – 46%) en faveur de N. Turquois a vu un résultat finalement assez proche de celui de 2022 (54,5 % contre 45,5 %). Mais la très grosse différence entre les deux élections, c’est la participation dès le 1er tour : + 9 500 voix (!) pour la candidate RN contre + 2 200 voix pour le candidat du MODEM. On est ainsi passé de 46 % de participation en 2022 à 66 % : + 20 points ! Au second tour, l’appel au « Front républicain » contre l’extrême-droite est passé par là : entre les deux tours de 2024, la candidate RN fait + 2 200 voix (après 41 % au 1er tour et 19 268 voix) quand N. Turquois fait + 10 100 voix ! (32 % au 1er tour et 15 076 voix) C’était donc pas gagné pour le député sortant qui a perdu 5,5 % entre 2022 et 2024 au 1er tour quand l’extrême-droite gagnait 13 points. On comprend mieux la grande colère de Nicolas Turquois après la dissolution de juin… et son grand soulagement le 7 juillet au soir.
Que reste t-il de ce « grand élan » anti-RN et des promesses de Nicolas Turquois de tenir compte de « l’appel républicain » en sa faveur à la suite du désistement d’Yves Troussel candidat Place Publique/NFP ? Avec Michel Barnier, Bruno Retailleau et quelques autres, on est servi.
Pour la circo 3, (« sud-Vienne ») un scénario assez semblable mais le candidat RN Eric Soulat, identifié comme tel depuis des années, double son score entre les deux 1er tours : de 20,9 % à 40,8 %. Là encore, la participation bondit de 52 à 70 % !
Conséquence, la forte progression en voix des candidat.e.s : le RN gagne 12 300 voix entre 2022 et 2024 quand celui du MODEM ne progresse que de 7 000 voix (de 20 à 30,2 %). Gisèle Jean, candidate du Nouveau Front Populaire progresse également fortement avec + 5 500 voix (26,7 % contre 20 % pour l’ancien candidat NUPES Jason Valente) mais reste derrière Pascal Lecamp. Même situation que dans la 4 : « front républicain » et mêmes promesses de l’élu MODEM… reconnaissant de cet appel à contrer l’extrême-droite dans les urnes. Copier-coller déjà écrit plus haut. (Barnier, Retailleau, etc. etc.)
Au second tour en 2024, P. Lecamp a réalisé un spectaculaire rebond : + 11 400 voix et 54,4 % quand E. Soulat ne progresse que de 1 981 voix. (à 45,6 %) Un résultat final proche de celui de 2022 : 54,14% contre 45,86 %. La seule satisfaction : avoir mis une grande claque à l’extrême-droite, mais ça manque de perspective, non ?
Quelques constats après cette séquence législative ?
- La dynamique post-élections européennes dont a bénéficié l’extrême-droite : un beau cadeau de Macron à Le Pen/Bardella,
- Avec des candidat.e.s souvent inconnu.e.s et sans campagne de terrain, le RN fait un bon à l’Assemblée Nationale, s’y impose comme le groupe pivot avec 125 élu.e.s et vote le plus souvent contre le NFP et avec les macronistes/LR. On le voit clairement avec le vote du budget à l’AN où le RN appuie la minorité présidentielle contre les mesures de justice fiscale proposées par le NFP,
- Le reniement des député.e.s macronistes élu.e.s en juillet qui « font comme avant » : des élections ? quelles élections ? Sanction dans les urnes ? Quelles sanctions ? « Front républicain » ? J’y pense et puis j’oublie…
- Le surgissement du Nouveau Front Populaire qui réussit la performance d’être, en coalition, la première force à l’AN, une mauvaise surprise pour Macron après l’éclatement à gauche pour les élections européennes qui lui laissait espérer autre chose…
- Les attentes -post électorales- de nombreuses personnes engagées dans les campagnes locales du NFP (et dans la Vienne en particulier) où parfois des centaines de personnes, militant.e.s ou non ont porté le programme du NFP avec conviction et enthousiasme. Un vrai besoin d’unité !
- Des perspective(s) pour faire exister le NFP au niveau local ? Quelle place pour les partis politiques constituant le NFP ?
- Et maintenant la suite ? La menace macroniste de re-dissoudre le Parlement en juin 2025 (mais avec quel projet et quelles perspectives en fait ?) ne peut que faire perdurer le NFP. Malgré les menaces réitérées d’une minorité de « dissidents socialistes » (le congrès du Parti Socialiste doit avoir lieu début 2025…) de laisser tomber un NFP « trop à gauche ».
Saint Just
