Un poème politique (LE politique, pas LA politique) du poitevin Abel Tocallu.
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Aux regards médusés,
Balayés par la bruine,
Cœurs percés et corps figés,
Enchaînés à la machine,
Le système sans boussole,
N’entend plus la voix d’Éole.
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La ligne dictée du progrès
A contresens de ces promesses,
N’amène, aux siècles des lumières,
L’électricité qu’a quelques êtres.
La connaissance leur est utile
Que pour nous vendre leurs vies futiles.
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Pro(li)f(é)it(r)ez.
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La boucle du progrès est perpétuelle,
La technoscience est devenue mortelle,
En théorie infini est notre monde,
La machine sans cris creuse notre tombe.
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Le mythe du progrès à l’évolution sans fin,
N’a de buts réels que d’abolir nos lendemains.
Les alarmes actives nous somment de consommer,
Ces bruits inhibent notre perception du danger.
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Progr(a)ess(mm)ez.
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Sciences et capitalisme,
N’augmentent que la technicité,
Et par le pouvoir militaire,
Détruit notre humanité.
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Cette mythologie funeste,
Idéologie du désastre,
Élimine religieusement,
Les êtres humains et le vivant.
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Dé(comp)trui(o)sez.
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La rationalité de nos indicateurs,
L’artificialité de l’intelligence,
Les organismes génétiquement modifiés,
Où le développement des hautes technologies,
Attaquent les individus dès leur naissance,
Et aspirent à transcender notre biologie.
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L’humanité s’installe dans la monoculture,
Standardisée à l’état d’outil.
Le travail mortuaire des machines domine,
Nos activités vivantes s’oublient.
Le bruit des pelleteuses couvre nos hurlements,
Le progrès nous transforme, efficacement.
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Di(va)gi(li)t(é)alisez.
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La bourgeoisie accède à un confort matériel
Alors que le reste souffrent de leur avidité.
Les transports sont de plus en plus rapides,
Les rapports sociaux sont quant à eux déracinés.
« Atomisés », « Uberisés », « Digitalisés »,
La pieuvre industrielle nous a capitalisée.
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La méga-machine fossile et cybernétique,
Homogénéise l’espace et environnement,
Nous somme de nous comporter en information,
Et fait disparaître le vivant silencieusement.
Le territoire devient une affaire pétrolifère,
Où les actionnaires entassent leurs profits mortifères.
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Cre(foui)us(ll)ez.
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L’ordre des métropoles,
Prisons à ciels ouverts,
Qui n’a d’intelligence,
Que la surveillance de masse ;
Amène notre civilisation,
A une société de nasse.
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L’extinction du vivant est proclamée,
Les engrenages de la machine dévorent.
Le paysan devenu maintenant ouvrier,
Fabrique les maladies qu’il fait éclore.
Ainsi les junkies sans limites se shootent,
Et les voyages intergalactiques s’achètent.
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Mu(Opp)r(e)murat(ss)ions.
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« Until everybody sees that the old ways need to end
But it’s hard to accept that we’re all one and the same flesh
Given the rampant divisions between oppressor and oppressed. »
People’s Faces – Kate Tempest – Track 11 On The Book of Traps and Lessons– 2019