Ce à quoi il faut réfléchir c’est aux raisons pour lesquelles la cause des migrants est aussi inaudible aujourd’hui, même dans sa dimension compassionnelle.
Dans Le Monde du 04/12/2017 il y a un article dénonçant la xénophobie assumée de la circulaire du ministre de l’intérieur.
Il faut regarder la hargne méchante et satisfaite de la majorité des lecteurs qui interviennent sur la discussion électronique à la fin de l’article. C’est effarant ! je suis longtemps intervenu sur ce forum, en mettant mon nom, j’ai fini par utiliser un pseudo ne supportant plus la violence des réactions. Et aujourd’hui j’abandonne même sous un pseudo, la vague réactionnaire et xénophobe déferle, et c’est dans Le Monde ! On peut imaginer le courrier des lecteurs dans Le Figaro !
La circulaire de Collomb est un condensé de toutes les circulaires précédentes, de tous ceux qui l’ont précédé, les Hortefeux, Besson, Guéant, Valls. Il faut imaginer la précision jouissive de tous les rédacteurs, les petites mains du ministre de l’intérieur, pour pondre LE texte qui permettra enfin de débusquer, enfermer, expulser les migrant(e)s.
Le diable est toujours dans les détails, et les rédacteurs n’ont pas oublié les familles, un vrai challenge celles-là car les plus difficiles à enfermer et expulser, ils détaillent les moyens d’y arriver. Comment par exemple arriver à placer en rétention des familles avec enfants tout en rappelant « que l’intérêt supérieur de l’enfant (sic) doit être une considération primordiale » ? Car le vrai travail de ces rédacteurs c’est de pondre des textes qui permettent d’échapper à la censure des juges, tout au moins de ces juges qui ont encore le courage de rappeler que la France reste encore (pour combien de temps ?) un État de droit en ordonnant la libérations des personnes illégalement enfermées dans les Centres de Rétention Administrative.
Cette circulaire renforce la criminalisation des migrations, et c’est à ça que servent les commentateurs politiques et médiatiques en rappelant à chaque fois la distinction miraculeuse entre le bon réfugié et le méchant migrant économique.
Le discours n’a pas changé, c’est toujours la même histoire de l’étranger qui vient bouffer le pain des français. C’est cette fausse évidence de la distinction « intrinsèque » entre le migrant et le réfugié qui fait des ravages partout en Europe et ailleurs aussi. C’est le syndrome obsidional de la forteresse assiégée. D’autres l’ont dit mieux que moi.
La France est rentrée dans l’ère de l’univers pavillonnaire.
Yves JUDDE