Conférence de presse de la fédération de la Vienne du Parti Communiste Français :
« Pour M.Geoffroy la gestion des EHPAD « la gestion des Ehpad ne doit pas être du ressort d’une collectivité ». Cela a le mérite de la clarté ! Nous n’avons pas du tout la même conception du rôle des collectivités et de leurs élus. La république Française a justement été conçue comme une république sociale. C’est la raison pour laquelle nos collectivités affichent au fronton de leurs bâtiments la devise « Liberté, Égalité, Fraternité » : elles sont justement un instrument essentiel pour déployer des politiques publiques pour que cette devise se traduise concrètement, pour que les droits soient effectifs.
Ce qui est remis en cause c’est bien la république sociale, tant par ce gouvernement que par le conseil départemental de la Vienne qui est dirigé par la Droite. C’est bien sur l’axe de l’égalité que nous retrouvons ce qui nous distingue de cette Droite qui n’a de cesse de remettre en cause les conquêtes sociales pour l’égalité. Et elle le fait car son fond idéologique c’est de considérer que l’inégalité est naturelle, et même bénéfique puisqu’elle nourrit la compétition, avec ses gagnants (les méritants) et les perdants (les pauvres qui peuvent éventuellement bénéficier de la charité). Et bien pour nous, l’égalité relève d’un droit naturel, sinon d’un état de nature, et elle est le seul principe capable de produire de l’équilibre social, sur la base de la citoyenneté et de la solidarité.
Car c’est bien de cela qu’il s’agit : du droit de vivre dignement, en particulier quand la personne perd de l’autonomie au crépuscule de sa vie. Et cela se traduit très concrètement sur ce territoire où de plus en plus de jeunes ne peuvent plus rester, et où les revenus sont faibles. Le concret c’est d’abord les prix : alors que pour les EHPAD de Couhé et Chaunay le coût mensuel d’une chambre individuelle avec tarif dépendance GR5/6 (le plus courant) est de 1650€ (ce qui déjà barre l’accès à nombre de personnes), le coût dans les sept EHPAD de l’AFP dans la Vienne est en moyenne de 2160€ (1) soit 500€ de plus ! (en fait le tarif le plus bas est de 1920€ dans un seul et tous les autres sont aux alentours de 2200€).
Autre chiffre, le nombre d’employés par nombre de lits est de 0,72 dans le public, et de 0,40 dans le privé. Nous voyons d’ailleurs régulièrement des luttes de personnels en souffrance le plus souvent dans des établissements privés. Normal, si les fonds de pensions, investissent dans les maisons de retraites, c’est pour faire de l’argent, beaucoup d’argent, en captant des fonds publics au passage… et la meilleure variable d’ajustement pour augmenter le taux de profit, c’est le personnel. Malheureusement, cette course à l’échalote pour faire des économies touche de plus en plus les établissements publics. L’étranglement financier des collectivités et des hôpitaux publics fait qu’ils ont de plus en plus de mal à boucler leurs budgets et à répondre aux besoins de leurs populations. D’autant que depuis un décret de 2017, les nouvelles règles de tarification des soins favorisent le privé (2). La CGT, et hier FO dans la presse ont mis en avant les conditions de travail des personnels et des 200 millions d’euros qui vont être perdus pour les maisons de retraites.
On nous dit que l’AFP n’est pas une association à but lucratif… nous avons fait des recherches, le moins que l’on puisse dire, c’est que cette association est bien opaque. Seulement trois administrateurs dont le pedigree n’est pas pour nous rassurer, impossible de trouver un compte-rendu d’AG ou de CA, d’avoir des informations financières…
Le collectif de citoyen qui s’est spontanément formé, les plus de 3000 habitants de ce territoire qui en quelques semaines ont signé une pétition ont raison de défendre leurs EHPAD publics. Ils tout notre soutien et nous sommes partie prenante de cette lutte. La bataille est rude car le maire/président de la communauté de commune/conseillé général, M. Geoffroy, n’a certainement pas le service public chevillé au corps et je suis convaincu qu’il est en complètement en phase, si ce n’est en service commandé, avec le président du conseil départemental.
J’en profite pour faire deux remarques à la lecture du dossier de presse sur le budget du Conseil Départemental :
- l’augmentation des dépenses sociales : normal les besoins augmentent, avec une population qui se paupérise et une précarité grandissante il ne peut en être autrement. Je rappelle que la compétence sociale est de loin la première du département (la moitié de son budget).
- La baisse de dotation de l’État est mis en évidence. M. Belin joue la pleureuse alors que ses amis politiques ont défendu la réduction des dépenses publiques et produisent à l’envi un discours sur « les assistés ». Ceci dit, le gouvernement précédent soit-disant de Gauche n’a en rien amélioré la situation et n’a pas non plus compensé les transferts de compétences… sans parler de sa réforme territoriale.
À contrario des orientations politiques de la majorité départementale qui accompagne cette pente des privatisations, au lieu de livrer petit à petit aux appétits de la finance des pans entiers de la protection sociale pour la livrer au marché, nous pensons qu’il faut résister, assumer la première mission de protection sociale et même organiser la riposte.
Les parlementaires communistes ont fait la démonstration qu’une autre politique est possible pour relancer l’emploi, les collectivités, les territoires et la protection sociale. En particulier, en deçà des indispensables réformes en profondeurs, il est possible immédiatement de dégager des moyens simplement en annulant les cadeaux fiscaux et sociaux aux plus riches. Par exemple de dégager 6,5Milliards d’€ pour l’Hôpital et la sécurité sociale, 3Mds pour nos collectivités et nos services publics, 2,5 Mds pour le logement…
Avec l’allongement de la durée de vie, la perte d’autonomie devient un enjeu important du XXIème siècle. Comme l’a proposé Valérie LAFOY lors de la campagne aux élections législatives, la perte d’autonomie pourrait relever d’un pôle public de l’autonomie à construire et développer à partir de l’existant (associations, services publics…) qui couvre tous les aspects aides mais aussi équipements et aménagements des logements et transport. Cela afin d’assurer une égalité de réponse sur le territoire national et non en fonction de l’existence de structures associatives ou lucrative comme actuellement. Le soin et l’aide à la personne, ne doivent pas être sujet de marchandisation de la difficulté, et de la détresse humaine.
En matière de couverture santé, nous proposons également de développer les centres de santé à but non lucratif (à ne pas confondre avec les maisons de santé). Ils sont attractifs pour les jeunes professionnels, c’est une réponse concrète à la désertification sanitaire, une réponse efficace et de qualité face aux enjeux de la médecine ambulatoire. Le modèle est celui d’un maillage du territoire qui articule CHU, Hôpitaux locaux et généraux et centres de santé.
La démonstration est faite que l’argent existe pour de telles politques. Nous appelons donc les citoyens à ne pas se résigner, à se saisir de ces questions, à dire « stop à la casse sociale ». Il est grand temps d’imaginer et construire ensemble un nouveau progrès social. Pour nous le service public doit être le cœur de la société de demain. Une société qui vise l’objectif central de femmes et d’hommes libres et égaux, capables de se choisir individuellement et collectivement un avenir respectueux de la dignité de chacun, suivant en cela les principes de la sécurité sociale de 1946.
(1) Sur la base d’une chambre simple + GR 5/6 (niveau le moins élevé) le coût mensuel :
Fleuré : 2200€ – Valdivienne : 1920€ – Civaux : 2280 – Nieul l’espoir : 2155€ – Vouillé : 2200€ – Lencloître : 2200€ – St Jean de Sauve : 2160€.
(2) Depuis un décret de 2017, alors que la tarification des soins était fixée dans des négociations avec les conseils départementaux en fonction des particularités des établissements, elle fait désormais l’objet d’une moyenne départementale au détriment des établissements publics. En effet les dotations des établissements publics étaient légèrement supérieures à celles des EHPAD commerciaux pour compenser la liberté des prix d’hébergement utilisée comme variable d’ajustement budgétaire par les établissements privés.
Vendredi 17 novembre »