Bref compte-rendu de la quatrième réunion du PTGE d’Initiative Citoyenne (Jeudi 6 juillet 2023 à 19h à l’ENSIP à Poitiers)

EAU & QUALITE

pour un retour nécessaire à la priorité santé

Outre les intervenants « classiques », UFC‐Que Choisir (Michel DEBIAIS et Jean‐Pierre COILLOT), Vienne Nature (Jean‐Louis JOLLIVET), le syndicat Eaux de Vienne intervenait avec son Directeur Technique (Pascal LEVAVASSEUR) mais surtout son Président (Rémy COOPMAN), délégué par son Conseil d’Administration, ce qui marque l’engagement d’Eaux de Vienne dans la démarche du PTGE d’Initiative Citoyenne !

La Loi sur l’Eau et les Milieux Aquatiques (de 2006) a défini les priorités des usages de l’eau :
1‐ Eau Potable,
2‐ Milieux Aquatiques (et Zones Humides),
3‐ Utilisations « économiques de l’eau » (irrigation, énergie, tourisme, …)

Un PTGE ne peut donc se concevoir qu’avec la participation de l’ensemble de ces acteurs pour définir la répartition de la ressource en eau.

Entre pesticides et déficit quantitatif, la production d’eau potable sur le bassin du Clain rencontre des difficultés croissantes. La vieille pollution « diffuse » par les nitrates continue à affecter les eaux brutes issues des nappes d’accompagnement des cours d’eau. Elle se double d’une contamination de mieux en mieux diagnostiquée par les pesticides : aux traditionnelles molécules d’Atrasine, aux métabolites du S Métolachlore s’ajoutent aujourd’hui massivement les métabolites du Chlorothalonil. Ils dépassent la limite de qualité « potable » sur les 2/3 du territoire couvert par le Syndicat Eaux de Vienne, soit tout le département, excepté les 13 communes desservies par l’ex‐Grand Poitiers.

Cette pollution est aggravée par la baisse des volumes mobilisables tant dans les nappes souterraines que dans les sources et cours d’eau. Elle empêche parfois la dilution qui permettrait de maîtriser les taux de polluants comme c’est le cas à Cuhon. Grand Poitiers a connu une situation analogue au captage de Fleury.

On trouvera en Annexe 1 les informations communiquées par Eaux de Vienne lors des réunions publiques dans les communes touchées par les excès de ce métabolite. On trouvera en Annexe 2 la carte des concentrations sur le territoire du département.

Baisse des volumes mobilisables, on pense tout de suite aux fuites dans les réseaux de distribution. Rémy COOPMAN prend la parole pour signaler que sur 10 000 km de réseau du Syndicat, un volume moyen d’entretien est mis en œuvre chaque année. Par rapport aux volumes puisés, 82 % d’eau est facturé mais cela ne tient pas compte des volumes DFCI (Défense des forêts contre l’incendie) et des vidanges de bâches. En dehors de ces deux éléments, on peut estimer le rendement du réseau du Syndicat à environ 95 %, ce qui est tout à fait convenable.

Pascal LEVAVASSEUR et sa collaboratrice présentent les programmes Re‐Sources sur certains périmètres de captage, leurs objectifs et leurs résultats. Par rapport à l’engagement des agriculteurs volontaires de réduire leurs épandages d’engrais et de pesticides, les résultats peinent à être satisfaisants.

Michel DEBIAIS présente la structure du financement du m3 d’eau facturé aux consommateurs. Sans la subvention de 70 % versée par l’Agence de l’Eau (prélevée sur nos factures), aucune méga bassine ne verrait le jour.

Jean‐Louis JOLLIVET présente l’analyse de Vienne Nature du fonctionnement des contrats Re‐Sources. A l’occasion d’une question, il précise très clairement qu’il est contre la culpabilisation des seuls agriculteurs : « ils ne sont pas plus bêtes que les autres » mais sont pris dans tout un système (formation, suivi technique, orientation des services du Ministère de l’Agriculture …). Nous avons en face de nous un modèle agricole (plus que des individus), parfois très agressif. Il en existe d’autres avec lesquels nous travaillons.

*****

ANNEXE 1 : Informations communiquées par Eaux de Vienne lors des réunions publiques suite aux excès de Chlorothalonil dans l’eau potable de certaines communes.

En mai et juin 2023, la teneur en métabolite chlorothalonil R471811 sur des communes du département (Cernay, Doussay, Lencloître, Orches, Saint-Genest-d’Ambière, Amberre, Ayron, Boivre-la-Vallée, Chalandray, Cherves, Cuhon, Latillé, Maillé, Maisonneuve, Massognes et Vouzailles) a atteint et dépassé « brièvement » le seuil sanitaire fixé actuellement à 3 microgrammes/ litre.

Des actions correctives ont immédiatement été mises en place (fermeture de forage(s), dilution, mise en place de filtres à charbon actif), afin de maintenir la contamination en deçà du seuil sanitaire.

Des réunions publiques ont été organisées (Lencloître, Massognes, Chalandray). Lors des exposés et débats, on y a appris que :

  • un des forages actuellement fermé à St Genest-d’Ambière, pour une durée indéterminée, avait été mesuré à 7 microgrammes/litre,
  • le seuil sanitaire fixé actuellement à 3 microgrammes par litre pourrait être réévalué dans l’avenir,
  • les surcoûts (i.e. 50 000 € pour équiper un forage en charbon actif) devraient être répercutés sur les factures d’eau,
  • les projets de méga-bassines, s’ils devaient être réalisés, peuvent, par leurs conséquences, devenir une menace sérieuse pour la disponibilité en eau potable.

Qu’adviendra-t-il de la qualité de l’eau d’un forage mis au repos, en fonction de quoi le seuil sanitaire pourrait-il être réévalué ? Pourquoi la loi « pollueur-payeur » Barnier 2015 ne s’applique-t-elle pas ? Pourquoi la loi de priorité à l’eau potable ne suffit-t-elle pas à bloquer les projets de méga-bassines ?

Autant de questions sans réponses.

De toute évidence, nous avons besoin en urgence de décisions politiques fortes, de rejet des projets de méga-bassines, et d’interdiction de traitement autour des zones de forage.

Rédaction par Philippe Lenoir et Christian Haffner

Annexe 2 :

Rédaction

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