Le regroupement opéré le 26 mai prochain est inédit
Il y a une tradition en France de déclaration d’indépendance du syndicat et de l’associatif vis à vis des partis politiques, indépendance qui se revendique de la charte d’Amiens au niveau syndical.
Dans les faits il y a eu le plus souvent subordination du syndicat et des associations aux ordres/pressions/intérêts des partis politiques. Ce fut le cas du PCF sur la CGT pendant fort longtemps. Il y avait aussi les liens plus qu’étroits de la FEN et de la CFDT avec le PS. Ou de FO avec la droite française. Pour ne citer que le champs syndical.
Depuis pas mal d’années ces liens de subordination se sont bien distendus et c’est une bonne chose. Mais, en contrepartie négative, le thème de l’alternative politique est devenu presque tabou publiquement dans le syndicalisme ou l’associatif.
Comment gagner ?
Aujourd’hui une question taraude syndicats, mouvements sociaux et politiques : comment gagner face à un gouvernement qui ne veut négocier sur rien ?
Dit avec d’autres mots : comment améliorer le rapport de force pour gagner quelque chose sur les revendications ou, à tout le moins, pour contre-carrer les contre-réformes du gouvernement ?
Cela n’est pas nouveau comme question et ça fait un bail que les gouvernement reculent de moins en moins. Celui-là en rajoute en dureté sur une situation qu’il dégrade de façon exponentielle.
Il nous faut donc trouver les chemins de l’augmentation du rapport de force.
Qu’est-ce qu’une alternative politique ?
La question d’une alternative politique se pose, y compris en négatif c’est à dire en disant que Macron ne peut pas continuer ainsi. Dit autrement : il faut une alternative politique pour que la société marche autrement. L’alternative politique c’est la nécessité d’une hégémonie des valeurs et propositions (en attendant les lois et les actes) qu’on dira rapidement « de gauche ». Cette alternative n’est incarnée par aucun leader ni parti concrètement.Elle est beaucoup plus large que ça. La politique est bien trop importante pour en laisser le monopole aux partis, quels qu’ils soient.
C’est ça qu’il faut construire, culturellement, massivement. Il faut un mouvement qui exige une société qui cesse de marcher sur la tête.
La nouveauté de « la marée populaire »
Une des pistes qui est explorée le 26 mai n’est pas que les syndicats s’additionnent avec les partis politiques et les associations. Aucun intérêt. Quelques milliers ajoutés à quelques milliers, le nombre n’y est pas.
Non, la piste proposée par le 26 est bien de s’allier avec toutes celles et tous ceux qui trouvent que Macron c’est le président des riches, qu’il tape fort (au propre et au figuré) sur les gens d’en bas, etc.
Et cela implique de créer un mouvement, un bouger de la population au-delà des seuls mouvements politiques, syndicaux ou associatifs.
Regrouper toutes celles et ceux (oui, tous ensemble !) associations, syndicats et partis ET INDIVIDUS (tout ça et sans exception) qui pensent qu’une autre société/école/rapport salarial/service public/politique migratoire, etc. est indispensable.
Bref, toutes celles et ceux qui pensent qu’une alternative politique est à construire dès maintenant.
La question du pouvoir
Ce qui n’enlève pas le fait qu’en plus de la question de l’alternative il y reste la question du pouvoir politique et donc des partis politiques. Mais c’est une autre histoire, pour l’instant. Il y a un temps pour tout.
On peut souhaiter pour le 26 mai, qu’on ne renouvelle pas feue la hiérarchisation et la subordination de LE Parti sur le mouvement social, que personne ne pense à récupérer même symboliquement cette mobilisation. En clair souhaitons qu’au contraire du 5 mai, au contraire de ce que diront tous les médias du régime en place, France Insoumise (comme n’importe tout autre parti) n’impose pas à la population mobilisée de soutenir, de fait et dès maintenant, le parti France Insoumise.
Construire le chemin d’espoir
On verra bien. Si c’est un succès (faisons tout pour !) il sera sans doute souhaitable que des comités à la base se constituent, où les individus aient toute leur place, avec les organisations en mouvements, mais sans être obligé de choisir tel syndicat, parti, association.
Souhaitons également que la dimension écologiste ne passe pas à la trappe encore une fois, après le 26 mai.
Le 26 peut faire un chemin d’espoir. Si nous sommes assez malignes et malins pour se regrouper en ouvrant les bras à toutes les énergies.
Pascal Canaud
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