Pourquoi une vache (laitière !) pour illustrer cet article ? Parce que dans la Vienne, c’est un animal en voie de… raréfaction. Pas encore totalement disparu mais avec l’évolution que le secteur laitier connait, de recensement en recensement, on peut se faire du souci sur ce que sera celui de 2030… En 10 ans, le nombre de fermes laitières a en effet diminué de 40 % passant de 150 en 2010 à 90 en 2020. Plus de laiterie dans le département depuis la fermeture récente de la dernière à Saint Saviol dans le sud-Vienne (lait de chèvre et un peu de vache). Dans ce secteur, comme dans d’autres, on assiste à une concentration des fermes et à une augmentation de la taille des cheptels par unité de production (c’est moins joli que de parler de ferme…) avec une spécialisation régionale accrue puisque la Bretagne et la Normandie concentrent de plus en plus cette production, même si là aussi le nombre de fermes diminue fortement.

Les enquêtes statistiques dans le secteur agricole ont lieu tous les dix ans : elles donnent sur le temps long (depuis 1970) l’évolution des exploitations agricoles dans tous les domaines : nombre d’exploitations, évolution de la démographie des exploitant.es, spécialisation des productions, évolution de la part du bio ou du développement de la vente directe en « circuits courts »,… .

Ainsi donc, concernant le nombre total d’exploitations, la baisse est considérable : de 5 160 à 4 050 soit 1 110 de moins (- 21,5 %) en 10 ans. En comparant les 20 000 fermes de 1970 avec les 4 000 d’aujourd’hui, c’est une division par 5 qui s’est produite. Avec les données ci-dessous, on ne pourra que constater que seule l’intensification du travail agricole permet d’assurer l’exploitation des terres : moins d’actifs pour une surface quasi constante, c’est plus de travail (de plus en plus mécanisé) par personne…

Si la Surface Agricole Utilisée (SAU) baisse peu (471 114 ha, – 1 % seulement en dix ans), en conséquence, la taille des exploitations ne cesse d’augmenter passant de 92 à 116 ha en moyenne (et 56 ha de plus que la moyenne régionale !) … Quand on compare la surface moyenne d’une ferme en 1970 (23 ha) avec celle de 2020, on peut constater qu’elle a été multipliée par 5 !

Un chiffre trompeur puisqu’il s’agit d’une moyenne. Et aujourd’hui, sur la plaine de Neuville notamment, certaines exploitations agricoles (quel sens a d’ailleurs encore ce terme ?) concentrent plus de 1 000 hectares…

Quelques autres données :

– Dans le domaine de l’élevage caprins et ovins, la chute du nombre d’exploitations est considérable avec – 38,5 % (de 830 à 510 = moins 320)

– Les fermes en polyculture et polyélevage voient également leur nombre fortement diminué : – 36 % ! De 910 à 580 en 10 ans.

– Les céréales, oléagineux (colza, tournesol,…) et protéagineux (pois, fèves,…) représentent près des 2/3 (65,8 %) des surfaces cultivées dans la Vienne, en légère baisse par rapport à 2010. (68,6 %). Ces cultures représentent plus de la moitié des exploitations dans la Vienne, 2 280 en 2020 contre 2 640 en 2010 soit une baisse de « seulement » 13,6 %.

– Plus les fermes sont petites, plus leur nombre a diminué durant ces dix dernières années, le poids des grandes fermes ayant même augmenté (graphique 2, page 25 du document de la DRAAF).

– Les exploitants et membres de la famille assurent le travail à hauteur de 79 % avec une légère baisse de l’emploi des saisonniers.

Dernières informations essentielles qui permettent « d’anticiper l’avenir » : aujourd’hui dans le département, un agriculteur sur deux a plus de 55 ans et plus d’un sur quatre a déjà plus de 60 ans (26,3 %). Quant à la part des femmes comme responsables d’exploitation, elle est en recul en passant de 24,8 % à 22,8 %. Inutile de dire que l’avenir est sombre si aucune politique publique conséquente n’est pas mise en œuvre pour inverser la tendance à l’effondrement des actifs dans le domaine agricole.

Une éclaircie dans ce triste paysage ?

– Le seul secteur où le nombre de fermes augmente, c’est le maraîchage avec 110 fermes contre 80 en 2010.

– La part des fermes en agriculture biologique passe de 2,3 % à 11,7 % multipliée par 5 en 10 ans !

Pour plus d’informations (à l’échelle de la région comme du département), consultez le document de la DRAAF :

https://draaf.nouvelle-aquitaine.agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/AgresteNA_Essentiel-Dossier_22_Dec2021_Premieres-donnees-RA-departements_cle0d1f63.pdf

D. Leblanc

Dom

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