Long ou court, opaque ou diaphane, masculin ou féminin, porté serré ou flottant au vent, le voile est un objet vestimentaire malléable et familier dont, en terres chrétiennes, toutes les femmes (et occasionnellement quelques hommes) durent longtemps se parer. Pour obéir aux injonctions des Pères de l’Église et dire leur soumission à l’ordre patriarcal, mais aussi pour séduire, se distinguer, devenir adulte, se marier, entrer en religion, pleurer les morts, jouer les élégantes, travailler…
Parce que les voiles occultent et suggèrent la présence de la chair et du cheveu, ils suscitent aussi fantasmes et peurs. Parce qu’ils mettent en cadre nos visages, ils attisent les talents des plus grands artistes et la suspicion des moralistes. Parce qu’ils sont un patrimoine français, enfoui et à peine disparu, ils méritent d’être proprement envisagés.
Nicole Pellegrin est historienne du genre et anthropologue du vêtement au CNRS. Elle travaille sur la construction du masculin et du féminin par le vêtement et s’intéresse par ailleurs aux conditions matérielles de la production intellectuelle féminine. Elle est co-fondatrice et membre de MUSEA (musée virtuel d’histoire des femmes et du genre). Elle a enseigné parallèlement dans plusieurs universités étrangères : Abidjan, Québec, New-Brunswick/Rutgers, Utrecht. Elle vit à Poitiers.
Mardi 6 mars à 18h30 à la Librairie La belle aventure