Lettre ouverte à Messieurs les députés de la VIENNE
Je m’appelle Sylvie et je suis professeur des écoles à la retraite. J’habite une commune de la Vienne de 6000 habitant à proximité de Poitiers.
En juin 20017 j’ai été alertée par l’Association Min’ de Rien de la situation catastrophique des jeunes mineurs isolés fuyant l’Afrique et ses insupportables conditions de vie.
J’ai d’abord œuvré au sein de cette association et puis j’ai hébergé Mamadou. Je le laisse vous raconter son histoire.
« Bonjour, je m’appelle Mamadou et j’ai eu mes 18 ans en Janvier 2018.
J’ai quitté mon pays la Guinée Conakry en janvier 2015. Après un long et périlleux voyage qui a duré plus d’un an, je suis arrivé à Poitiers en novembre 2016.
Je suis allé à l’Aide Sociale à l’Enfance qui m’a hébergé à l’hôtel pendant 7 mois avant de me mettre à la rue en juin 2017.
Heureusement, l’association Min ‘de Rien m’a trouvé une famille d’accueil à Migne Auxances.
Je voulais reprendre mes études dans un établissement public mais cela a été impossible parce que le juge de l’ASE ne m’a pas reconnu comme mineur.
J’ai beaucoup galéré sur ça et c’est ma famille d’accueil qui a fait une cagnotte pour m’inscrire dans une MFR qui a bien voulu m’accepter….le premier trimestre j’ai eu 13 de moyenne , le deuxième 11 et je viens d’être reçu aux épreuves du CFG et du Brevet des collèges. J’ai aussi eu mon ASSR.
Grace à la MFR j’a i pu faire 21 semaines de stage en cuisine et surtout en plomberie. C’est comme ça que j’ai rencontré le patron de l’entreprise de plomberie qui m’a fait une promesse d’embauche pour un apprentissage en alternance avec le CFA.
Je suis allé à la Préfecture pour déposer ma demande de titre de séjour mais les services ne donnent plus que des récépissés sans autorisation de travail aux jeunes non reconnus par l’ASE. Mon avocate a fait un recours à la préfecture. Ils refusent toujours de me donner l’autorisation de travail. Elle a aussi fait un référé auprès du Tribunal Administratif…..toujours négatif.
Donc je vais perdre mon patron qui a voulu me prendre en apprentissage, je me retrouve sans rien faire dans ma vie, je suis complètement démoralisé.. »
Mamadou a fait tous les efforts possibles pour s’intégrer : il parle parfaitement le français. Les retours aussi bien du côté de la Maison Familiale Rurale que de l’entreprise de plomberie sont extrêmement élogieux sur son sérieux. Mamadou s’est intégré dans la vie sociale et culturelle de la commune par son bénévolat (football, épicerie sociale, centre socioculturel,…).
D’autre part Mamadou manifeste le désir de passer le permis de conduire pour être disponible et autonome dans le cadre d’un travail.
Messieurs les politiques, que laissez-vous, comme choix à Mamadou, comme à tous ceux qui sont dans son cas et ils sont nombreux…celui de voler, tuer, se vendre ou dealer pour survivre ?
Sylvie