C‘était en 2019 : on allait voir ce qu’on allait voir. Sous l’impulsion de Bruno Belin, « président de la Vienne » à l’époque, était lancé l’Historial du Poitou dans le château de Monts/Guesnes, commune dont l’ancien maire n’était autre, au passage, que Belin Bruno. Il est d’ailleurs toujours conseiller municipal, toujours conseiller départemental et toujours membre de la Communauté de Communes du Pays Loudunais. (CCPL) Et sénateur aussi, histoire de cumuler un peu plus. A l’époque, sous sa houlette, le Département de la Vienne affiche ses ambitions : il veut faire de ce « sixième Historial de France » un « site touristique majeur pour l’attractivité du département et le rayonnement de l’Histoire de France en Poitou ». (NR du 17 octobre 2020) Ça en jette non ?

A l’époque, selon Sites et Compagnie, co-concessionnaire (à hauteur de 25 %) de la Société de projet Aliénor avec SEML Patrimoniale de la Vienne, (à 75 %) « le « point d’équilibre » se situe « autour de 40 000 visiteurs par an ». Un objectif élevé que certains observateurs jugent déraisonnable. » (NR du 17/10/20) Déjà, le 28 juin 2019 la délibération votée largement par la seule majorité départementale de droite validait le choix du concessionnaire. (la Compagnie du Poitou, filiale de Sites et Compagnie) Mais le duo Francis Giraud et Karine Lafond (conseillers départementaux « divers droite » à l’époque) pointait déjà « un dossier pas financièrement sérieux ». (NR du 29/06/2019) L’opposition représentée par le PS et « Vienne à gauche » votant contre, s’interrogeant sur la pertinence d’engager autant d’argent sur un projet aléatoire.

Cinq ans après et 3 exercices financiers plus tard, où en est-on ?

A chaque intervention de « La Vienne en transition » au travers des interventions du conseiller départemental Grégory Vouhé, c’est le même mépris de la part de B. Belin : « … j’ai passé ma vie à faire des projets. Je n’ai pas tout fait bien, mais j’ai fait des choses. Vous, vous les commentez. » (NR du 21/12/2024) Le même B. Belin avait déjà « … dénoncé les « propos particulièrement choquants et blessants » de Grégory Vouhé sur le château de Monts/Guesnes le 8 février 2024 en séance du conseil départemental. (NR du 9/2/2024)

De sacrés arguments ; un rien condescendant M. Belin, voire agressif, devant les bilans négatifs qui s’affichent depuis 3 ans et la surestimation des entrées projetées qui ont ensuite beaucoup fluctué. On est ainsi passé de 70 000 à 40-50 000 puis à 40 000, « 25 000 envisagées par le gestionnaire pour la saison 2023 » (NR du 28/03/2023)… et à 17 000, un chiffre encore au dessus de la réalité en cette fin d’année 2024. On arrive péniblement à 14 300, fin novembre. Fréquentation stable ? Sûrement à la baisse : moins 4% sur une même période, le château ayant fermé mi-décembre en 2023. C’est peu sans doute mais peut-on baisser encore ?

Résultat ? Un déficit qui se creuse malgré les rodomontades du sénateur :

  • 16 359 entrées en 2022 et 78 422 € de déficit,
  • 14 978 entrées en 2023 dont 1 000 offertes aux jeunes (payées plutôt !) par le Département… et 51 941 € de déficit,
  • 14 300 entrées (fin novembre) en 2024 et 25 474 € de déficit annoncé.

Comme le note le rapport de la commission des finances sur le bilan du « Château de Monts/Guesnes » pour l’année 2023 présenté en séance du Conseil départemental du 19 décembre : « La saison s’est conclue par une fréquentation de 14 907 visiteurs, en baisse de 8,9% par rapport à la fréquentation de 2022. Et le « déficit de la Société d’exploitation, la « Compagnie du Poitou », de – 21 K€. (203 K€ de produits – 224 K€ de charges). Le Chiffre d’affaires (163,5 K€) est en baisse de 8,6% par rapport à 2022.« 

Le compte d’exploitation 2023 donne le détail des charges et produits, et précise dans une page « Commentaires » différents points qui mettent le site en difficulté : un manque de visiteurs, les charges « électricité et eau » anormalement élevées mais difficilement compressibles, le poste « Communication » insuffisant pour attirer plus de visiteurs, l’entretien du château incontournable : « Dans ces conditions, la continuité d’exploitation est aujourd’hui très fragile et l’année 2024 marquera un point d’étape fort quant à la continuité des opérations. »

Le comparatif entre le tableau du bilan réalisé en 2023 et le prévisionnel 2024 est intéressant avec moins de charges prévues (de 223 482 € en 2023 à 191 134 en 2024) et plus de produits : 182 367 € prévus pour 2024 contre 171 545 € réalisés en 2023…

Il serait très pertinent d’analyser dans le détail, poste par poste, les différences entre le bilan réalisé en 2023 et le prévisionnel 2024 pour mesurer comment sont minorées les dépenses et majorées les recettes pour au final minimiser le déficit. Déficit qui est bien réel pour 2024 au vu de la présentation faite en séance du Conseil départemental du 19 décembre 2024.

Un seul exemple : sur le seul poste « Publicité » 25 528 € sont budgétés pour 2024 alors que pour le bilan 2023, il était de 36 801 €. Soit près d’un tiers de moins !

A mettre en regard du commentaire du compte d’exploitation 2023 : « Le poste communication représente aujourd’hui 21,45 % du Chiffre d’Affaires et n’est pourtant pas suffisant pour drainer les 5 à 6 000 visiteurs supplémentaires indispensables pour atteindre le petit équilibre. »

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Au final, on continue ?

Sur les perspectives pour le site, (nouveaux équipements, horaires du site étendus, communication élargie,…) les rédacteurs dans une partie « EVOLUTIONS » font preuve d’une certaine objectivité : « En tout état de cause, la programmation dressée ci-après reste une vision théorique eu égard aux difficultés d’exploitation et aux déficits enregistrés sur site. Tout investissement est aujourd’hui hors de portée de la Cie du Poitou.« 

Mais on avance quand même sur une « Enveloppe d’investissement prévisionnel » : c’est 2 millions d’euros (hors taxe) avec 500 000 € pour un nouveau bâtiment et 1,5 M pour la scénographie. Le tout dans la perspective illusoire de retenir les visiteurs toute une journée. Mais quel serait le gain réel, puisque dès 2023 : « Les visiteurs ont moins consommé, ils ont prévu leurs pique-nique, goûters » , comme il est écrit dans le rapport d’activité.

Si la Compagnie du Poitou ne peut investir, qui va s’y coller ? La Société de projet Aliénor avec SEML Patrimoniale de la Vienne,… donc le département de la Vienne, actionnaire majoritaire, à hauteur de 75 % ? Qui va se serrer la ceinture ? Les éducateurs.trices de rue ? Le budget culture, dont la commission est présidée par un certain B. Belin ?

Affaire à suivre avec le bilan financier définitif pour 2024.

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LaKanaille

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