Communiqué du « Collectif 8 mars » de Poitiers en réaction au féminicide de Sylvie Massiot

« J’ai fait une connerie, j’ai tué ma femme… » déclare Hervé Massiot, auteur d’un meurtre à l’encontre de sa femme, Sylvie, qui avait demandé la séparation et entamé une démarche de divorce, pour « comportements inappropriés » de son conjoint à l’égard de ses filles.

Leurs deux filles avaient porté plainte contre leur père en 2019. Mis en examen pour viols et agressions sexuelles, cet homme venait d’être placé sous contrôle judiciaire.

La nuit du mardi 15 décembre, Sylvie est tuée par son ex-conjoint violent, avec préméditation : étranglement, strangulation puis tentative d’incendie.

C’était à Montmorillon. En réalité, c’est ici mais c’est aussi à Metz, à Paris, à Marseille, à Domont…

Une femme tous les deux jours, le rythme est effréné. Combien de Hervé Massiot, atteints dans leur masculinité, vont tuer les femmes qui les quittent ? Souffrirons-nous encore longtemps d’établir ces listes longues, ces nécrologies de femmes, l’amoncellement des noms d’auteurs, la récurrence des méthodes : armes blanches, strangulations, objets du quotidien qui sont jetés, qui servent à fracasser, transpercer. Il faut l’écrire.

Qu’est-ce que cela signifie ? Cette récurrence ne peut pas être le fait d’un homme isolé atteint d’une quelconque pathologie mentale ou psychique. C’est la société qui porte en creux ces pathologies, qui se diffusent dans le masculin possessif, éduquant qu’une femme n’est qu’une chose, qu’elle appartient à l’homme. La féministe Susan Faludi parlait de guerre froide contre les femmes en 1991, nommant ce qui fait le quotidien des femmes : des épisodes constants d’attaques à leur encontre. Nous sommes face à une guerre qui n’est pas dite en ces termes et qui, depuis des siècles, fait des victimes, invisibles jusqu’alors, mais désormais connues. Nous pensons à la famille de Sarah Vedel, tuée par son ex-conjoint (elle aussi l’avait quitté) en août 2019 à Maillé.

Dans la Vienne, c’est la troisième fois au moins qu’une femme ayant eu le courage de porter plainte contre son compagnon est tuée par celui ci : En 2007, en 2019 et maintenant en 2020.

On sait qu’une femme est vulnérable lorsqu’elle porte plainte alors pourquoi n’y a t il pas une ordonnance de protection pour ces femmes ? Et une mesure d’éloignement prise à l’encontre de ces hommes dangereux ?

Le Collectif 8 mars apporte son soutien aux filles de Sylvie Massiot. N’en pouvant plus de compter nos mortes, abasourdies par la violence systémique, par les éléments récurrents de ces affaires, nous savons qu’il y a des moyens pour enrayer ces phénomènes sociaux désormais bien connus. Au-delà des individus, c’est une éducation à la vie affective et sexuelle, à la lutte contre les violences patriarcales qui est à mettre en place.

L’Espagne a mis 1 milliard d’euros sur la table pour déployer un plan de lutte efficace. Le gouvernement Macron se gargarise du succès du Grenelle des violences organisé par Marlène Schiappa en octobre 2019. Nous, nous y étions, et nous savons que les bracelets anti-rapprochement ont été mis en place seulement ce mois-ci.

Combien de temps répéterons-nous inlassablement les mêmes préconisations ? »

Rédaction

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