Pour moi, perso, rien n’est plus comme avant depuis mes premiers samedis en jaune. Je trouve ici ce que je n’ai jamais trouvé dans les balades moutonnesques de syndicats autant aux ordres que les forces du même nom ou de partis qui servent, parfois à leur corps défendant, les pouvoirs en place.
Ça ressemble à l’Anarchie : pas de chefs, des paroles différentes voire divergentes, de la chaleur et de la solidarité, une certaine incarnation de l’idée d’égalité, une évolution des revendications, des esprits qui se frottent à d’autres et s’ouvrent à d’autres pensées et idées, une organisation qui s’apprend sur le terrain….. De l’éducation populaire, par ceux-là même à qui les bien-pensants prétendaient l’enseigner. L’Histoire a des combles et des urgences et de jolis revirements inespérés ! Et à tous ceux et celles qui veulent bien l’entendre, elle donne aujourd’hui une leçon grandeur nature accélérée et en live !
Je regrette de ne pas voir dans nos rangs davantage de ceux et celles qui se proclamaient, il n’y a pas si longtemps, « insoumis-e-s ». C’est pourtant leur place, puisque l’insoumission est à l’œuvre. Et que dire des syndicats et des partis ?…….
Le pouvoir est clairement en guerre contre son peuple. Est-il utile de rappeler que dans une guerre, il n’y a jamais que 2 camps ?
La monarchie absolue – déjà très contestable – a glissé vers un autoritarisme qui semble s’installer sans trop déranger.
À partir de combien d’yeux crevés devient-on clairvoyant ?
J’ai eu peur, ce samedi. Peur pour moi et pour ceux et celles qui m’entouraient et dont je lisais les craintes sur les visages. Je ne m’étais jamais trouvée dans une zone aussi armée. Je me suis sentie extrêmement vulnérable. J’en ai accepté l’augure. Parce que plus fort que ma peur, il y avait ce sentiment de révolte et de tristesse devant le fatalisme, la résignation, l’aveuglement, l’inconséquence de beaucoup de gens. Il ne suffit plus de signer des pétitions et d’afficher ses couleurs derrière son pare-brise.
Si dérisoires puissent-ils paraître, nos banderoles et nos slogans sont des armes par destination.
En dépit de notre petit nombre, notre courage, notre détermination, notre non-violence sont des armes par destination.
Nous sommes des armes par destination.
C’est ainsi que le pouvoir nous considère.
Le seul poème en anglais que je peux réciter par cœur se termine par ces mots : »You are many. They are few » (Lisez – ou relisez – ce magnifique texte sur la non-violence signé Percy Shelley « The mask of anarchy »).
Nous avons le nombre, encore faut-il que nous en ayons conscience. Nous pouvons être un fleuve déterminé et porteur d’espérances.
Marie Mai (qui (je ne porte ici que ma propre parole)