La Commission des comptes de l’Agriculture de la Nation s’est réunie au ministère de l’Agriculture aujourd’hui pour examiner et commenter les évolutions des filières agricoles et du revenu des agricultrices et des agriculteurs. Les principaux faits marquants : des signaux inquiétants pour l’élevage, un rattrapage pour les céréales et une catastrophe annoncée pour les fruits et légumes.
Toutes les filières d’élevage soufrent du prix de l’alimentation animale. Dans toutes les filières, on assiste à une diminution de la production (avec une baisse moyenne de 2,2% pour le bétail et une baisse de 2,8% pour le lait), à une diminution du nombre d’éleveurs, à peine compensée par une augmentation des prix (plus 2,4% en moyenne pour le bétail et plus 4,% pour le lait) qui elle-même ne parvient pas à compenser le renchérissement des intrants. Les accords de libre échange, en particulier celui qui vient d’être signé avec la Nouvelle Zélande, ne font qu’accentuer ces phénomènes où on livre en pâture une agriculture française à des agricultures artificiellement plus compétitives. Dans ces conditions, comment s’étonner de voir les éleveurs abandonner les uns après les autres, comment s’étonner d’assister, impuissants, à la céréalisation de nos espaces agricoles.
La situation des productions céréalières est particulièrement bonne cette année, avec un rattrapage des prix (+12% en moyenne) et une bonne récolte 2021. Cela nous amène à nous poser la question du juste prix des céréales, d’autant que nous entrons dans une période où le maître mot est la spéculation.
Pour les fruits et légumes, il faut noter une fois de plus la diminution de la production (a²vec une baisse de 17% en volume) dans quasiment toutes les filières. Seule une politique volontariste de protection de la filière permettra de stabiliser la production et le nombre de producteurs en les protégeant de coûts anormalement bas dans les pays qui pratiquent le dumping social et environnemental.
Les perspectives 2022 s’annoncent difficiles avec la guerre en Ukraine, la spéculation sur les céréales et l’envolée du prix de l’énergie. Le PSN annoncé la semaine dernière en CSO peinera à aider à remonter la pente car malgré quelques petites avancées, il n’est pas question de toucher aux grands équilibres.