Les Néo-Aquitains se prononcent contre l’ouverture à la concurrence du TER en Nouvelle-Aquitaine.
Alors que depuis quelques mois, le président du Conseil Régional de Nouvelle-Aquitaine, Alain Rousset, confirme sa volonté d’ouvrir à la concurrence les Trains Express Régionaux (TER), le CSE (Comité Social Économique) du TER Nouvelle-Aquitaine qui réunit les quatre organisations syndicales de la SNCF (CGT, Sud-Rail, CFDT et UNSA) a souhaité connaitre l’avis des Néo-Aquitains sur le sujet. Et leur réponse est sans appel : 60%[1] souhaitent que le trafic sur le transport ferroviaire régional (actuel TER) Nouvelle-Aquitaine reste uniquementeffectué dans le cadre d’une mission de service public par la SNCF.
« Globalement, on observe que la grande majorité, les Néo-Aqoitoins sont hostiles à l’ouverture à laconcurrence du TER. Sans surprise, les publics les plus fortement opposés à la libéralisation sont les électeurs de gauche, à plus de 90%. » détaille Jean-Yves Dormagen, président et fondateur deCluster 17, l’Institut de sondage en charge de cette enquête.
Cette objection est partagée sur l’ensemble du territoire. Les habitants de 11 départements de Nouvelle-Aquitaine sur 12 se déclarent en effet opposés à la réforme. Seule la Charente-Maritime y est favorable à hauteur de 51%.
Pour Olivier Sorce, secrétaire du CSE TER Nouvelle-Aquitaine « Cette opposition, largement majoritaire, démontre que les Néo-Aquitains redoutent massivement l’abandon de leur territoire. Privatiser la mobilité, c’est signer l’abandon des territoires. »
L’ouverture à la concurrence du TER : une préoccupation majeure pour les Néo-Aquitains qui devrait être soumise à référendum
Dans un contexte de forte hausse des prix de l’énergie, les Français peinent à voir l’effet concret et positif de la libéralisation dans leur quotidien. Pour preuve, 65 à 72% de Néo-Aquitains estiment que l’ouverture à la concurrence a eu des effets négatifs sur la fourniture de gaz, d’éIectricité et sur la Poste. Cela conforte par ailleurs l’idée que les Français sont attachés à leurs grandes entreprises publiques (EDF,GDF, SNCF, La Poste) et à une forme de souveraineté vis-à-vis du marché européen et international.
L’éventuelle ouverture à la concurrence du TER en Nouvelle-Aquitaine est considérée comme un sujetimportant pour 78% des sondés. Ce chiffre atteint 84% pour les usagers du TER. Pour autant, plus de 9 habitants sur 10 estiment avoir été mal informés quant à cette libéralisation (93%). Si bien que 53% des Néo-Aquitains déclarent ne pas connaître la date de la mise en concurrence, voire, ne savent pas si cela aura lieu. Seuls 31% des interrogés donnent la bonne date, c’est-à-dire une ouverture prévue à partir de 2024.
Symbole de l’importance donnée à cette transformation du marché, les usagers comme les non- usagers aimeraient être consultés directement. 73% des répondants souhaitent ainsi que la décision fasse l’objetd’un referendum citoyen organisé à l’échelle régionale.
Les habitants de Nouvelle-Aquitaine appellent à la mobilisation des élus du Conseil Régional contre la réforme
58% des Néo-Aquitains souhaitent que les élus du Conseil Régional de Nouvelle-Aquitaine s’opposent à la libéralisation du transport ferroviaire régional. Cet élan vers l’ouverture à la concurrence est loin de faire l’unanimité au sein même de la majorité socialiste de la région. Élus communistes et écologistes ont en effet fait savoir qu’ils y étaient opposés. Pour eux, concurrence ne signifie pas amélioration des services. Un postulat partagé par les usagers du TER Nouvelle-Aquitaine.
En effet, lorsqu’on Ieur demande si le service proposé par les entreprises privées ou publiques étrangères autres que la SNCF serait meilleur ou moins bon que le service proposé par la SNCF, il ressort qu’il serait moins bon sur les items suivant : desserte des petites gares et préservation des petites lignes, fiabilité technique des trains, formation et compétence du personnel, sécurité des passagers.
Un manque de lisibilité dans l’organisation des services publics
Derniers enseignements, l’enquête met en exergue un manque de lisibilité dans l’organisation des services publics et dans les échelons décisionnaires.
Derniers enseignements, l’enquête met en exergue un manque de lisibilité dans l’organisation des services publics et dans les échelons décisionnaires.
En effet, 62% des sondés pensent que l’ouverture à la concurrence Ieur permettrait de choisir entre plusieurs opérateurs pour faire Ieurs trajets comme c’est le cas dans le secteur aérien. Il n’en est rien. Chaque Iigne TER ouverte à la concurrence sera confiée à un opérateur unique et l’usager n’aura pas le choix de la compagnie. Autre écueil : plus d’un tiers des Néo-Aquitains (36%) pensent que les tarifs des transports dans le cadre régional sont établis par la SNCF et un autre tiers (32%) déclarent « ne pas savoir ». Rappelons que le tarif du TER est fixé par la Région. Mais l’ouverture à la concurrence fait courir aux usagers le risque d’une augmentation du coût du billet. En effet, les acteurs privés sont souvent confrontés à des coûts d’exploitation non maitrisés qu’ils répercutent sur la région, qui à son tour répercute cette augmentation des coûts sur le prix des billets de TER.
De nombreux exemples le prouvent :
- En Grande-Bretagne, l’ouverture à la concurrence du train a entraîné une hausse de 23% des tarifs pour les voyageurs.
- En Allemagne, la libéralisation du rail a entraîné une hausse du prix des tickets de 40% en l’espace de 10 ans.
- En Suède, l’ouverture à la concurrence du transport ferroviaire, mise en place dans les années 2000, été accompagnée d’une augmentation des coûts pour les opérateurs privés, qui ont du investir dans de nouveaux matériels roulants et dans l’amélioration des infrastructures, entrainant une hausse des tarifs pour les voyageurs de 150%.
Face aux enjeux démocratiques, le CSE TER Nouvelle-Aquitaine appelle à un référendum à l’échelle régionale
« Le Conseil Régional de Nouvelle-Aquitaine s’apprête à prendre une décision à l’encontre de ses électeurs. Face au désir clairement exprimé des habitants, nous appelons le Conseil Régional à organiser un référendum local sur la question de l’ouverture à la concurrence du transport ferroviaire régional en Nouvelle-Aquitaine » déclare Olivier Sorce, secrétaire du CSE TER Nouvelle-Aquitaine.
La position du CSE TER Nouvelle-Aquitaine reste quant à elle inchangée. Les quatre organisations syndicales invitent le Conseil Régional à renouveler sa convention avec l’opérateur public SNCF pour 10 ans, comme le lui permet la réglementation. La SNCF est un service public qui, grâce à son expérience et à son financement public, est la seule capable de mener un aménagement du territoire équilibré. Un service public n’est pas condamné à être déficitaire mais un opérateur privé est obligé d’être rentable. Ce qui l’amènera à ne s’intéresser qu’aux lignes qui peuvent lui rapporter du profit, au détriment des usagers.
Le réseau TER de Nouvelle-Aquitaine compte à ce jour plus de 63 000 voyageurs quotidiens. Avec une politique ferroviaire réellement adaptée aux besoins des usagers, ce chiffre pourrait facilement doubler et placer notre région en pointe sur la mobilité décarbonée.