Dans les années 70 a été érigé à Chauvigny un monument pour la paix. Si mes souvenirs sont exacts, c’était sous le mandat d’un maire qui s’était illustré, dans les années de guerre, par son courage face aux troupes ennemies présentes dans une ville dont il était déjà maire. Tout le tour de ce monument est semé de pierres venues chacune d’un pays différent (le nom du pays figure à côté). Et à la base, on peut lire un extrait du beau poème d’Aragon « Un jour…couleur d’orange…un jour d’épaule nue où les gens s’aimeront »
Ce monument n’est absolument pas un monument aux morts, mais porte un message universel et pacifiste.
Et que voit-on depuis quelques jours devant ce monument ? 2 pancartes en bois représentant chacune une carte de France, peinte en bleu-blanc-rouge, et traversée de la silhouette d’un soldat en action !!
Pourquoi réduire la portée d’un message universel aux frontières étriquées de notre petit et vieux pays ? Pourquoi nier le message non-violent incarné par ce monument en affichant à ses pieds 2 soldats en armes et en action ? Ces 2 représentations sont, à mes yeux, totalement antagonistes. Comme 2 visions du monde qui s’affronteraient.
La présence de ces images à cet endroit précis, outre que je les trouve moches, me choque par le geste politique qu’elles représentent.
Elles parlent de division, de repli sur soi, de posture guerrière et viennent salir et nier le message que porte ce monument et qu’ont voulu faire passer ceux qui l’ont érigé. De plus, elles évoquent pour moi la déco hideuse d’un meeting de Zemmour ou certaines communications du RN. Cette imagerie est rance et puante. Elle envoie un message de haine à l’heure urgente où il faudrait enfin parler d’amour.
En tant qu’habitante de cette commune, je ne peux cautionner ce genre de communication qui semble avoir été fait au nom de la ville en général et donc de chacun de ses habitants en particulier.
Décidément, il faudra arrêter de signer des chèques en blanc tous les 6 ans à des gens qui, ensuite, posent en notre nom des actions aussi désolantes et indignes.
Marie Mai, 10-11-23
