Un premier texte. À vos claviers !
Au sortir de ces élections législatives avec un grand « ouf ! » gâché par la non élection de V. Soumaille, nous pouvons initier un bilan départemental.
L’extrême-droite progresse partout en nombre de voix et apparaît comme l’alternative au libéralisme, qu’il soit de Macron et de Hollande. Le fait que Bardella ait dévoilé son libéralisme économique quand il se pensait aux portes du pouvoir n’y change rien pour une trop grande partie de l’électorat : « il faut que ça change », « on n’a jamais essayé », « la droite et la gauche c’est pareil ».
Il existe une coupure entre un électorat de gauche à Poitiers et le reste du département (rural, Châtellerault et le péri-urbain de Poitiers) qui vote majoritairement à droite et à l’extrême-droite.
Presque tous les médias nationaux (radio, télé, quodidiens, magazines) y compris au sein du Service public se préparaient à cette victoire du R.N. avec plus ou moins de gourmandise. Malgré cela, une bonne partie de l’électorat de droite continue pour l’instant à refuser l’aventure R.N. On peut penser que cela ne va pas, dans une partie de cet électorat, jusqu’à voter LFI. C’est à mettre en relation avec la campagne acharnée des macronistes, de la droite parlementaire, de la presse Boloré et bien entendu de l’extrême-droite dénonçant « l’antisémitisme » de la France Insoumise, la rendant « infréquentable ». Le score de V. Soumaille peut en partie s’expliquer ainsi mais aussi parce que Houlié, arrivé en tête au premier tour, était considéré, dans un réflexe de vote national, comme le plus sûr pour battre le R.N.
La performance nationale du Nouveau Front populaire repose aussi sur plusieurs éléments : l’unité de la gauche qui a réactivé l’espoir surgit de la NUPES ; son programme keynésien très marqué à gauche et repris du programme de LFI 2022 ; la résistance aux forces d’éclatement y compris à gauche (la ligne Glucksmann reprise par le PS de Poitiers).
Le parlement issu de ces législatives ne peut aboutir qu’à des séries de crise car aucun des trois blocs (gauche, droite et centristes, extrême-droite) n’a de majorité. La seule alliance possible serait un gouvernement du PC-PS-EELV jusqu’à une partie du centre et de la droite, ce qui serait la meilleure configuration… pour la victoire du R.N. en 2027. Pourquoi ? Parce que les partis du centre et de la droite refuseront toujours une augmentation significative du SMIC, de revenir sur la contre-réforme des retraites, la reconnaissance de l’État palestinien, etc.
Un élément de clarification cependant : la déclaration du secrétaire national du Parti Socialiste Olivier Faure dimanche soir a eu le mérite de préciser les choses en mettant la priorité sur la nécessité de mettre en œuvre le programme du Nouveau Front Populaire et refusant les compromissions avec Macron. Pourvu que ça dure !
Face aux remous à venir, il semble important de conserver l’énergie militante de cette campagne. Il existe une vraie aspiration à l’unité (NUPES puis NFP) qu’il faut cultiver, comme il faut cultiver l’investissement d’une partie du mouvement syndical de « transformation sociale » très présent dans la campagne, comme celle du mouvement associatif militant qui s’est associé au Nouveau Front Populaire.
Face aux crises qui ne vont pas tarder à arriver, la seule force qui nous donne l’assurance de conserver le cap d’une gauche de rupture reste LFI. Pourquoi pas lancer un appel de la LFI locale à créer partout et pas seulement à Poitiers des Groupes d’Action (GA) dans toutes les communes de la Vienne ? Ces GA seraient chargés de militer au quotidien dans tous les secteurs de la société pour défendre une parole de gauche de rupture et l’incarner dans toutes les institutions (municipalités, associations, syndicats).
S.J. et P.C.