Dès les années 1950, la France fait venir massivement des ouvriers immigrés de ses colonies et bientôt de ses anciennes colonies, cette vague migratoire succédant à celles qui, depuis la fin du 19e siècle, ont constitué une composante essentielle de la classe ouvrière. L’industrie automobile a particulièrement utilisé cette main-d’œuvre immigrée, notamment en région parisienne, ou toutes les usines ont vu affluer des travailleurs algériens d’abord, puis marocains, tunisiens, venus d’Afrique subsaharienne, de Turquie et de bien d’autres pays.
Ces travailleurs immigrés n’ont pas seulement apporté une contribution essentielle au développement industriel de la France durant les Trente Glorieuses. Ils ont également été, pour une partie d’entre eux, des militants de l’égalité, nombreux à s’engager dans des associations, à devenir syndicalistes, à animer des grèves, à représenter leurs collègues.
Abdellah Fraygui et Abdallah Moubine furent de ceux-là. Immigrés marocains arrivés en France à la fin des années 1960 et au début des années 1970, ils découvrent les usines françaises, le travail à la chaîne, la dureté des conditions de travail, la répression contre les syndicalistes, le racisme… Mais également des opportunités pour lutter, revendiquer, se battre pour sa dignité, dans les usines et dans leurs quartiers.
Des vies de luttes qu’ils livrent ici dans un récit à deux voix.