Interventions en Conseil Municipal de Poitiers du 24 Septembre 2018 en faveur d’une solution pour les mineurs migrants de « la Maison » (pour le reste, voir cet autre article)

Celles des élu-es « Osons Poitiers » :

« Au nom du groupe Osons Poitiers, je profite de ce débat sur La Maison pour interpeller la majorité municipale sur ce sujet important qui concerne une partie des poitevins.

Il parait qu’il ferait bon vivre à Poitiers, mais pour qui ? Sûrement pas pour ces jeunes migrants qui depuis le 14 septembre sont menacés d’être expulsés du lieu où ils vivent. Sûrement pas non pour tous les bénévoles du collectif La Maison qui leur viennent en aide depuis plusieurs mois. Et sûrement pas non plus pour les centaines de personnes qui depuis 10 jours se mobilisent presque 24h/24 pour empêcher l’expulsion.

Aujourd’hui plus de 20 mineurs isolés sont accueillis au lieu de vie « La Maison » afin de bénéficier d’une solution temporaire pour pouvoir poursuivre leurs démarches administratives et trouver une solution durable à leur situation car ils ne sont pas pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance.

Des activités sont régulièrement proposées ainsi qu’une collecte alimentaire une fois par semaine grâce notamment à des dons d’invendu de commerçants.

Les objectifs du collectif de la Maison sont clairs :

  • proposer une solution d’hébergement temporaire au mineurs isolés non pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance.
  • Aider et orienter les jeunes, avec l’aide de Min’ de Rien, dans leurs démarches personnelles et administratives.
  • Organiser des activités, ateliers et moment d’échanges en lien avec différents acteurs de la vie associative.
  • Sensibiliser le grand public aux questions en lien avec l’immigration.

Il y a en permanence des adultes qui se relaient nuit et jour sur place pour les soutenir et gérer leurs angoisses et le quotidien car ce sont des ados.

Suite au désengagement de l’État, des collectifs comme celui-ci sont indispensables pour répondre aux besoins vitaux de ces jeunes.

Oui c’est vrai ils occupent un lieu sans autorisation qui appartient au ministère de la justice, c’est illégal, mais légitime. Ce bâtiment est inoccupé depuis plusieurs années et son agencement en fait un lieu adapté pour les accueillir. Le collectif a d’ailleurs tout de suite fait des démarches pour pouvoir occuper ce lieu. Le bâtiment n’a aucunement été dégradé, au contraire les locaux sont entretenus quotidiennement. Il n’est en aucun cas insalubre comme cela est indiqué dans le jugement du TA. Il n’y a pas d’urgence à expulser dans la mesure où le bâtiment ne sera mis en vente qu’au printemps prochain. Il n’y a aucune nuisance dans le quartier et les voisins soutiennent La Maison !

Alors que leur minorité est contestée par l’ASE (Aide Sociale à l’Enfance) qui les déloge des structures d’hébergement, le 115 les considère (à la vue de leur papiers d’identité) comme mineurs et refusent de les prendre en charge. De fait il ne leur reste que la rue… Il y a quelques jours, 2 jeunes ont été adressés vers ce lieu de vie (La Maison !) par le commissariat qui demain ou plus tard viendra les expulser !

Le collectif La Maison est soutenu par des dizaines d’associations et partis politiques.

Un rassemblement jeudi dernier a rassemblé plus de 400 personnes avec comme revendications :

  • la suspension de la décision de justice concernant l’expulsion
  • Le maintien des jeunes dans ces lieux : pas d’expulsion sans solution de relogement.
  • Pas de poursuite judiciaire contre les membres du collectif et les différents soutiens.

Le groupe Osons Poitiers vous a déjà sollicité sur ce sujet mais nous recommençons ce soir car en tant que majorité municipale de la ville de Poitiers vous devez prendre position sur un sujet tel que celui-ci, sans vous cacher derrière des décisions de justice. La loi sur la réquisition des logements vacants existe, vous pouvez l’appliquer et permettre à des dizaines de personnes d’avoir un toit. Aujourd’hui si l’expulsion a lieu, ce seront vingt jeunes qui se retrouveront à la rue et s’ajouteront au 80 personnes qui y sont déjà, faute de place suffisante au 115.

Faire de beaux discours sur l’humanité et la fraternité ne sert à rien s’il n’y a pas d’actes politiques qui vont avec.
Nous espérons que vous ferez les bons choix face à cette situation. »

*****

Intervention des élu-es du PCF :

« La prise en charge des mineurs isolés étrangers n’est pas une problématique poitevine.

Partout en France, en particulier dans les grandes agglomérations, nous retrouvons ces mêmes questions :

Qui pour les prendre en charge ?

Qui pour les accompagner dans leurs démarches administratives ?

Qui pour les loger, les nourrir, les soigner et assurer leur éducation ?

Les questions de migrations et de prise en charge des refugiés sont des compétences de l’Etat. La protection de l’enfance, celle du Département.

L’un et l’autre, ici comme partout en France, ne se montrent pas à la hauteur des enjeux. Souvent par manque de moyens, parfois par idéologie comme lorsque notre gouvernement préfère chasser les humains qui rentrent dans le pays que les capitaux qui en sortent.

En attendant, de simples citoyens sauvent l’honneur de notre pays et font ce que les institutions devraient faire. Se montrer humain et responsable. A Poitiers, comme partout en France, des dizaines de famille se sont organisées et accueillent maintenant depuis de nombreux mois des mineurs chez eux. Leur donnant ainsi un foyer, leur montrant ainsi le visage fraternel de la France. Ce qui permet de maintenir un statu quo encore supportable.

Mais à Poitiers, comme partout en France, ces accueils individuels se sont parfois montrés insuffisant et d’autres solutions ont dû être trouvées. Et des citoyens n’ont eu d’autres choix que d’en venir à l’occupation illégale de bâtiments inhabités. C’est un cas de ce type qui nous préoccupe aujourd’hui à Poitiers.

Le logement de fonction du Premier Président de la cour d’Appel, inoccupé depuis des années, est squatté depuis le mois de Juin. Occupé par une vingtaine de mineurs, encadrés par un collectif sérieux et responsable, ce squat n’a généré aucune nuisance vis-à-vis du voisinage (qui se montre d’ailleurs solidaire du collectif) ni aucune dégradation du bien en question.

Pourtant, avec une rapidité surprenante, probablement inédite et surement sans aucun rapport avec le fait que la maison lui appartienne, la justice a déjà autorisé l’expulsion.

Est-ce que cette expulsion solutionnera le problème ? Sachant qu’aucune partie responsable (Etat ou Département) n’a pris d’engagements concernant le futur des expulsés, nous ne le croyons pas.

Au mieux, ces mineurs trouveront une famille volontaire pour les accueillir. Et de l’organisation d’une solidarité collective, on légitimera une addition de solidarité individuelle, avec les risques pour les uns et les autres que cela comporte. Au pire, ces mineurs finiront dans un nouveau squat ou à la rue.

Est-ce acceptable ? Les poitevins nous ont montrés, par leur mobilisation, qu’ils étaient solidaires. A l’image de la Ville que nous, majorité de gauche depuis 40 ans avons souhaité construire. Nous devons, en tant que conseil municipal nous poser la question de savoir ce que nous devons et pouvons faire pour répondre cette exigence de solidarité.

Les élus du conseil municipal représentent les habitants de Poitiers. Pas seulement ceux qui votent. Pas seulement les Français. Pas seulement les majeurs. N’en déplaise à certains, les mineurs isolés de la Maison sont des Pictaviens. Et nous leur devons de veiller à leur sécurité aussi. Nous ne pouvons donc accepter que la préfecture les expulse sans garantir leur accueil immédiat.

Nous devons participer à trouver une solution collective pérenne à cette situation, dans la mesure de nos moyens, et sans faire croire que seuls, nous pouvons et pourrons tout résoudre. » Source : https://rougepoitiers.wordpress.com/

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La presse rapporte le propos de Yves Jean :

« le conseil municipal doit prendre une position claire en appelant à refuser l’expulsion du squat, même si, personnellement, je ne suis pas pour l’occupation illégale […] mais il s’agit de pallier un manque de l’État ».

 

 

 

Rédaction

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